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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 14:55

Vaincre le diabète T2 (14): L'insuline, cette inconnue

 

 

L'hypoglycémie

 

     L’hypoglycémie, ou baisse anormale du taux de glucose sanguin, est la complication que les patients diabétiques, mais aussi les médecins traitants, craignent le plus. Elle est la cause majeure des interventions d’urgence à l’encontre d’une population diabétique sous traitement, soit par insuline, soit par médicaments antidiabétiques oraux (les sulfonylurées et les glinides ou insulinosécréteurs non sulfamidés principalement). Nous n’aborderons pas ici l’hypoglycémie réactionnelle des non diabétiques.

 

     Une hypoglycémie peut être considérée comme légère et sans danger, tant que le malade peut se soigner par lui-même et récupérer une glycémie normale rapidement. Ceci se passe heureusement dans la grande majorité des cas de diabète de type 2, mais nettement moins chez les diabétiques de type 1 chez qui beaucoup d’hypoglycémies sont relativement plus graves. L’hypoglycémie devient sévère à partir du moment où l’intervention de tierces personnes est requise [1].

 

     Les symptômes de l’hypoglycémie apparaissent autour de < 63 mg/dL (< 3,5 mmol/L) mais ce n’est pas toujours le cas [2].

     Sous la barre de 60 mg/dL de glucose dans le sang (moins de 3,3 mmol/L), un diabétique peut se considérer en hypoglycémie. Entre 59 et 50 mg/dL (3,2-2,7 mmol/L), l’épisode est généralement qualifié de modéré et facilement corrigible par le patient. Sous les 50 mg/dL (<2,8 mmol/L), l’urgence devient pressante et le coma hypoglycémique est patent sous les 30 mg/dL (< 1,7 mmol/L) [3], [4].

Le glucomètre est indispensable pour contrôler sa glycémie: ici, 50 mg/dL ou 2,7 mmol/L indiquent clairement une hypoglycémie.

Le glucomètre est indispensable pour contrôler sa glycémie: ici, 50 mg/dL ou 2,7 mmol/L indiquent clairement une hypoglycémie.

     La sensibilité à l’hypoglycémie diffère d’une personne à l’autre et aussi d’une circonstance à l’autre, par exemple en fonction de la rapidité de cette baisse glycémique, ou de la fréquence de survenue des épisodes, ou encore de la quantité d’alcool que la personne a ingurgitée. Toutes les personnes en hypoglycémie ne ressentent pas ces symptômes de la même façon et certaines peuvent tomber dans un coma hypoglycémique sans même s’en rendre compte.

     Quels sont maintenant les symptômes de l’hypoglycémie ?

 

Symptômes de l’hypoglycémie

     Ils sont multiples et il est important de les distinguer en :

 

  1. Symptômes physiques liés au stress provoqué par l’hypoglycémie : il s’agit par la sécrétion réactionnelle d’hormones de contre-régulation (l’hormone de croissance, le glucagon, les catécholamines : adrénaline et noradrénaline), le cortisol. Les catécholamines surtout sont responsables de la réaction adrénergique, donc du dérèglement neurovégétatif :

- pâleur du visage

- palpitations, tachycardie

- nausées

- sueurs, transpiration excessive, sensation de chaleur

- anxiété, nervosité, irritabilité, tremblements, absence de désir sexuel, baisse de la libido[5]

 

     Ces symptômes, souvent brutaux, sont favorisés par le jeûne et l’exercice physique. A noter que lors de la baisse de la glycémie suite à une injection d’insuline chez des témoins, on observe que le glucagon, l’adrénaline et l’hormone de croissance sont sécrétés lorsque la glycémie tombe en dessous de 65 mg/dL (< 3,6 mmol/L). Le cortisol est sécrété lorsque la glycémie descend en dessous de 60 mg/dL (< 3,3 mmol/L). Les symptômes apparaissent lorsque la glycémie est inférieure à 55 mg/dL (< 3,0 mmol/L) [6].

 

2) Symptômes témoignant d’une neuroglucopénie, c.à d. d’une souffrance des neurones du cerveau liée au manque de glucose (surtout lorsque la glycémie descend en dessous de 50 mg/dL ou 2,8 mmol/L. Des troubles cognitifs peuvent apparaître en dessous de 35 mg/dL ou 2 mmol/L [7]). Bien que divers, ces symptômes sont généralement similaires d’un épisode à l’autre chez un même patient :

 

- état de faiblesse (fatigue, asthénie) pouvant évoluer rapidement jusqu’à la perte de conscience et au coma hypoglycémique

- maux de tête, vertiges, étourdissements

- forte envie de manger, faim impérieuse

- difficultés à s’exprimer, à se concentrer intellectuellement, à bouger (faiblesse, les jambes se dérobent), discours incohérent

- troubles psychiatriques, multiples et trompeurs : confusion aiguë, agitation, troubles de l’humeur et du comportement (euphorie, agressivité, tristesse), état pseudo-ébrieux...

- troubles neurologiques parfois sévères : hyperactivité, tremblements, convulsions focales ou généralisées, troubles sensitifs, paresthésies d’un membre, hémiparésie, paresthésies péribuccales, paralysie faciale, troubles moteurs, troubles de la coordination des mouvements, troubles visuels tels que la diplopie ou une vision trouble.

 

3) Le coma hypoglycémique se caractérise par :

 

- un début souvent brutal

- de profondeur variable, parfois très profond

- souvent agité, accompagné de sueurs profuses

- accompagné de signes d’irritation pyramidale et d’hypothermie

 

Chez tout patient présentant des troubles de conscience de quelque profondeur que ce soit, la règle générale est de mesurer immédiatement la glycémie.

 

 

 

L'hypoglycémie

Lorsque la crise d’hypoglycémie survient la nuit, elle peut provoquer :

 

  • des insomnies (ce qui permet heureusement de faire un contrôle glycémique au glucomètre, puis de passer au traitement approprié)
  • des sueurs nocturnes (draps de lit ou vêtements trempés), une sensation de chaleur
  • des cauchemars
  • de la fatigue, de l’irritabilité et de la confusion au réveil

 

Le diagnostic de l’hypoglycémie

 

     Le diagnostic d’hypoglycémie repose sur la constatation simultanée de signes de neuroglucopénie et d’une glycémie basse, et sur la disparition des symptômes lors de la normalisation de la glycémie : (triade de Whipple).

 

Dans cette définition, deux points méritent l’attention :

– les symptômes et la glycémie basse doivent être simultanés ;

– les symptômes spécifiques de neuroglucopénie doivent être différenciés de ceux, peu spécifiques et inconstants, de la réaction adrénergique (troubles neuro-végétatifs) qui accompagne l’hypoglycémie.

     Ainsi, une glycémie basse isolée ne suffit pas à poser le diagnostic : la glycémie normale d’une femme après 72 heures de jeûne peut atteindre 0,30 g/L (1,7 mmol/ L). La correction des symptômes après prise d’une boisson sucrée est, dans le cas général en dehors du diabète, de bien peu de spécificité.

 

     Le niveau « seuil de glycémie » habituellement retenu pour le diagnostic d’une hypoglycémie en dehors du diabète est de 0,50 g/L (2,8 mmol/L). Chez le diabétique, la valeur retenue est de 0,60 g/L (3,3 mmol/L).[8]

 

Une hypoglycémie sévère durable doit être évitée à tout prix :

 

     Une glycémie inférieure à 20 mg/dL ou 1,1 mmol/L pendant plus de deux heures peut induire une nécrose cellulaire responsable de séquelles irréversibles. [9]

 

La sensibilité à l'hypoglycémie diminue au fur et à mesure de la survenue des crises.

 

     Ainsi, les diabétiques souffrant d’hypoglycémies trop fréquentes en ressentiront les symptômes de plus en plus tard et de moins en moins forts. Ils s'exposeront à la survenue d'hypoglycémies plus graves par la suite: « Lors de la répétition des épisodes d’hypoglycémie, en particulier chez le diabétique traité par insuline, les seuils de sécrétion des hormones de contre-régulation s’abaissent, les symptômes neurovégétatifs s’atténuent, ou sont retardés, de sorte que les symptômes de dysfonction cérébrale passent alors au premier plan. »[10]

 

L’hypoglycémie chez le diabétique.

 

     Les hypoglycémies ne s’observent que chez les diabétiques traités par l’insuline, les sulfonylurées (sulfamides hypoglycémiants tels que glibenclamide, gliclazide, glimépiride, glipizide, etc.) ou le glinide (répaglinide).

 

     Les hypoglycémies sont plus fréquentes chez les diabétiques proches des objectifs thérapeutiques (HbA1c < 6,5-7 %). A niveau glycémique égal chez les diabétiques traités par insuline, les analogues de l’insuline, rapides (asparte, lispro et glulisine) ou lents (détémir, glargine) s’associent à un peu moins d’hypoglycémies que l’insuline.[11]

 

     Une hypoglycémie significative peut accroître le risque de maladie cardiovasculaire, notamment des troubles de repolarisation à l’électrocardiogramme et des troubles du rythme médiés en partie par un pic adrénergique[12]

 

Les causes d’hypoglycémie chez le diabétique

 

     Chez les patients diabétiques, l’hypoglycémie peut être causée par une variété de circonstances [13] :

 

  • changements de comportement, d’habitudes, de style de vie
  • problèmes psychologiques
  • changements dans les doses thérapeutiques (presque exclusivement les traitements par insuline, sulfonylurées et glinides)
  • dose d’insuline excessive par rapport à la quantité de glucides réellement consommée
  • décalage d’un repas, repas trop léger ou absence d’un repas
  • délai trop long entre l’injection d’insuline (ou la prise de la sulfonylurée) et l’ingestion de glucides (risque majoré par la gastroparésie)
  • activité physique imprévue ou plus forte que prévue, non précédée d’une diminution de dose d’insuline ou d’un repas plus riche en glucides
  • diminution des besoins en insuline lors de la guérison d’événements intercurrents tels que la grippe, une chirurgie, l’arrêt d’un traitement hyperglycémiant (en particulier les glucocorticoïdes), etc…
  • absorption trop grande d’alcool, surtout à jeun
  • un temps très chaud (chaleur caniculaire) peut déséquilibrer la glycémie dans un sens comme dans l'autre, en constituant un stress pour l'organisme, ce qui peut augmenter le taux de sucre dans le sang (effet adrénergique). Mais en cas de chaleur moins extrême, le corps réagit mieux à l'insuline, ce qui peut au contraire diminuer la glycémie [14].

 

Que faire en cas d’hypoglycémie ?

 

Il s’agit d’une situation d’urgence qu’il faut traiter immédiatement !


Deux situations peuvent se présenter :

 

1. Dès que les premiers signes de l’hypoglycémie se font sentir (à confirmer par une glycémie capillaire de préférence) et que la personne est consciente et peut se « traiter » seule, c.à d. corriger sa glycémie trop basse, elle doit arrêter toute autre activité et se « resucrer » avant tout. Si elle est en voiture, elle doit se garer rapidement et en toute sécurité. Ensuite, elle peut se resucrer mais pas trop ! 15 grammes de glucides suffisent : 15 g de dextrose, par exemple, ou 3 morceaux de sucre, un verre de jus de fruit, un verre de soda non light, 1 cuillère à soupe de confiture ou de miel. A éviter : le chocolat ou les fruits, dont l’effet hyperglycémiant est plus lent et moins constant.

Il faut contrôler la glycémie capillaire après 30 minutes. Reprendre 15 g de glucides rapides si l’hypoglycémie persiste.

 

2. Si la personne n’est pas en état de se resucrer seule, l’intervention de l’entourage s’impose, toujours en urgence.

Éventualités :

  1. L’entourage détecte les signes de l’hypoglycémie chez une personne semi-consciente qui nie faire une hypoglycémie : il faut aider en douceur la personne à se resucrer, même si la convaincre n’est pas toujours chose facile.
  2. Si la personne est inconsciente (coma, agitations, convulsions…) : il ne faut surtout pas qu’elle avale du sucre ou quoi que ce soit d’autre: l’aliment risquerait de passer dans les voies respiratoires et de l’étouffer (pneumopathie d’aspiration de nourriture ou de liquide dans les poumons).
  3. Si la personne est traitée par insuline et que vous savez faire une injection, vous pourrez pratiquer une injection de glucagon. Il est important d’avoir ce médicament sous la main et de s'entraîner à faire des injections afin de ne pas paniquer le jour de la crise.
  4. Si l’on ne parvient pas à gérer la situation, contacter les secours: composer le 15 depuis un téléphone fixe pour toute urgence médicale ou le 112 depuis un téléphone portable (pour la France). Pour la Belgique : 112 ou 100. Le 112 est le numéro d’appel d’urgence médicale valable pour toute l’Europe.

 

En cas de crises d’hypoglycémie sévère, surtout si elles sont fréquentes, il faut chercher à comprendre le malaise hypoglycémique en analysant les circonstances et les causes de la survenue (retard dans la prise d’un repas, dose d’insuline inadaptée au repas ou à l’activité physique...) et en discuter avec votre médecin[15].

 

 

Hypoglycémies en dehors du diabète

Il existe de nombreux cas d’hypoglycémie non liée à un diabète, par exemple :

  • L’alcoolisme (alcoolisation aiguë, souvent massive, à jeun)
  • L’insuffisance rénale et hépatique sévère
  • L’insuffisance surrénale ou corticotrope
  • Les médicaments (les hypoglycémiants, mais aussi d’autres médicaments tels que la quinine et ses dérivés, la phénylbutazone, le dextropropoxyphène…)
  • Les hypoglycémies tumorales (surtout l’insulinome)

 

Comme ce sujet n’entre pas vraiment dans le cadre de cet article, je vous réfère à la littérature scientifique appropriée pour en savoir plus.

 

A suivre,

 

Luc Vangermeersch, le 22.08.2015

 

Bibliographie :

 

[1] http://www.medscape.com/viewarticle/839814?src=wnl_edit_tpal&uac=202285ET (consulté en juillet 2015)

[2] https://www.google.fr/#q=crit%C3%A8res+de+l%27hypoglyc%C3%A9mie (consulté en août 2015)

[3] http://www.sfendocrino.org/article/390/item-206-ndash-hypoglycemie (consulté en juillet 2015)

[4] http://www.medecine-et-sante.com/maladiesexplications/comahypoglycemique.html (consulté en août 2015)

[5] http://www.dieponline.be/fr/vivre-avec/desir-sexuel-mais... (consulté en août 2015)

[6] http://campus.cerimes.fr/endocrinologie/enseignement/item206/site/html/cours.pdf (consulté en août 2015)

[7] Ibidem 5

[8] Ibidem 2

[9] https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoglyc%C3%A9mie (consulté en juillet 2015)

[10] http://campus.cerimes.fr/endocrinologie/enseignement/item206/site/html/cours.pdf (Collège de Enseignants d'Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques (CEEDMM) - Item 206 Hypoglycémie

[11] Ibidem 2

[12] http://www.diabetologie-pratique.com/emaildirect/ada-2015/articles/hypoglycemie-quand-lecg-tremble-chez-le-patient-dt2 (consulté en août 2015)

[13] Ibidem1 & 3

[14] http://www.e-sante.fr/diabete-chaleur-maintenir-sa-glycemie-en-ete/actualite/1242 (consulté en août 2015)

[15] http://www.afd.asso.fr/diabetique/glycemie/hypo (consulté en août 2015)

 

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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 15:24

Diabète insuline usage unique seringue tourné dans le muscle sous-cutané abdomen isolé sur fond blanc Banque d'images - 8540171

Source: http://fr.123rf.com/images-libres-de-droits/insuline.html

 

Le patient parle :

Pourquoi suis-je passé à l’insuline ?

 

Parmi les 3 millions de patients diabétiques de type 2 que compte la France aujourd’hui, 450 000 à 500 000 sont traités par insuline, c’est-à-dire à peu près 20% de cette population[1].

 

Pourtant, beaucoup de diabétiques de type 2 sont réticents de passer à l’insuline pour différentes raisons : la peur des piqûres, la douleur qu’elles provoqueraient, un sentiment d’échec, le qu’en dira-t-on,  la perte d’autonomie, une vie sociale handicapée, la crainte d’une stigmatisation s’il faut s’injecter en public, la prise de poids, etc… Quant à l’hypoglycémie, elle est autant redoutée par le patient que par le médecin.

 

Bien que, après presque 20 années d’évolution de la maladie, je n’avais apparemment aucune raison, selon les normes classiques encore toujours en vigueur, de commencer un traitement à l’insuline, je l’ai fait malgré tout il y a 1 an à peu près. Pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui m’a motivé ? Les réponses à ces questions font l’objet de cet article.

 

Selon les critères officiels, la plupart des médecins ne proposent de l’insuline à leurs patients que lorsque le traitement classique le plus performant par régime alimentaire et médicaments antidiabétiques oraux ne permet plus de maintenir l’hémoglobine glyquée (HbA1c) en dessous des 6,5 à 7 %. Certains (pas tous) attendent même qu’elle dépasse 8 à 9%.

L’hémoglobine glyquée reflète la glycémie moyenne (exprimée ici en g/L) sur une période de 3 mois.

L’hémoglobine glyquée reflète la glycémie moyenne (exprimée ici en g/L) sur une période de 3 mois.

Source : https://www.google.fr/#q=h%C3%A9moglobine+glyqu%C3%A9e

 

 

Or, en suivant un mode alimentaire pauvre en glucides et en ne prenant que seulement deux antidiabétiques oraux (la metformine et le glibenclamide — même pas à dose maximale —), j’étais arrivé à baisser mon HbA1c jusqu’à 4,7 % depuis fin 2012. Un taux qualifié par la diabétologue consultée comme "plus que parfait, même trop parfait"…

Pourquoi, dans ces conditions, faire le pas de passer à l’insuline  malgré tout?

Une série de raisons m’ont motivé :

Je prenais le glibenclamide (Daonil®, Euglucan®). Il s’agit d’un antidiabétique oral insulinosécréteur de la classe des sulfamidés hypoglycémiants (les sulfonylurées[2]), c.-à-d. qu’il stimule la sécrétion d’insuline du pancréas pour faire baisser la glycémie de façon aiguë. Cet effet est dépendant de la présence de cellules β actives dans les îlots pancréatiques.

 

Cette action du glibenclamide est nettement moins désirable que celle des médicaments qui sensibilisent l’action de l’insuline, comme par exemple celle de la metformine (Glucophage®). En fait, le glibenclamide pose plusieurs problèmes :

 

  1. Son action est tellement forte, qu’il peut provoquer d’une dangereuse baisse de glucose dans le sang (ou hypoglycémie), surtout lorsqu’il est pris de manière inappropriée ou lorsqu’on saute ou retarde un repas. Cet effet indésirable ne se voit que très rarement en prenant de la metformine. Par contre, l’insuline peut avoir le même effet.
  2. Le glibenclamide force un pancréas déjà surchargé à produire encore plus d’insuline, ce qui peut mener à un épuisement total des cellules β restantes à court ou moyen terme. Cette hyperinsulinémie créée artificiellement est un non-sens dans le traitement du diabète de type 2, où le problème se situe ailleurs, c’est-à-dire principalement au niveau de l’insulinorésistance. Par contre, l’insuline soulage les cellules β en mettant celles-ci au repos.
  3. Les sulfonylurées et médicaments analogues stimulent la production d’insuline, que l’organisme en ait besoin ou non, qu’on ait pris un repas ou non. Cette surproduction d’insuline au-delà des besoins est délétère au diabétique : elle aggrave l’insulinorésistance et est à l’origine de dyslipidémie (accompagnée de prise de poids), d’une hyper-agrégation plaquettaire et d’une inhibition de la fibrinolyse qui conduit au développement de conditions pro-thrombiques, faisant le lit des complications vasculaires accompagnant l’état diabétique[3].
  4. Les sulfonylurées comme le glibenclamide altèrent également la circulation au niveau du cœur et en général, en fermant les canaux potassiques (sensibles à l’ATP) qui ont normalement pour fonction de relâcher les vaisseaux sanguins. Contribuant à la régulation de la durée du potentiel d'action dans le muscle cardiaque, le dysfonctionnement des canaux potassiques peut provoquer des arythmies mortelles[4]. Il a été démontré que les sulfonylurées augmentent la mortalité toutes causes confondues, y compris les décès dus aux maladies cardio-vasculaires et le cancer[5].
  5. Les sulfonylurées facilitent la destruction des cellules β en augmentant le niveau d’une substance toxique appelée amyloïde[6]. Des dépôts amyloïdes présentant une structure comparable sont impliqués dans de nombreuses pathologies dégénératives telles que maladie d'Alzheimer notamment[7].
  6. La plupart des sulfonylurées possèdent un effet ‘antabuse’[8], ce qui peut s’avérer fort désagréable lorsqu’on boit un verre de vin au repas.

Pour conclure cette parenthèse sur les sulfonylurées, il semble clairement contreproductif d’encore prescrire des produits qui épuisent et même détruisent des cellules β, alors que l’obtention d’une normalisation de la glycémie par d’autres moyens est parfaitement possible. Ceci permet alors de restaurer les cellules β restantes affaiblies ou abimées. Les sulfonylurées n’ont donc plus leur place dans le traitement actuel du diabète[9].

Question suivante : par quoi remplacer le glibenclamide ?

J’ai vraiment tout essayé.

Auparavant, depuis la période du le diagnostic de mon diabète en 1997 jusqu’à fin 2012, j’avais bien tenté d’associer plusieurs antidiabétiques oraux afin de parfaire mon traitement médicamenteux. Cela faisait en outre partie de recommandations officielles. En plus de la metformine (Glucophage) et des sulfamidés hypoglycémiants[10], j’ai pris successivement de l’acarbose[11], de la glitazone[12], une glinide[13], des médicaments augmentant l’effet incrétine [14].

Pour différentes raisons (effets indésirables, action insuffisante), ces traitements ont été abandonnés. J’étais fort déçu par les traitements médicamenteux.

En effet, les résultats des contrôles glycémiques demeuraient largement insuffisants à mon goût. Malgré un traitement médicamenteux aussi complet en plus du régime alimentaire classique (j’avais maigri de 14 kg), je persistais à faire de l’hyperglycémie en postprandiale et aussi à jeun. Ce dernier signe signifiait que mon foie produisait trop de glucose la nuit (néoglucogenèse) et que la glycémie matinale restait élevée (phénomène de l’aube).

Je pris alors trois mesures :

  1. L’arrêt total des glucides à absorption rapide qui furent remplacés par de petites quantités de glucides à index et charge glycémique bas.
  2. Une prise de médicaments hypoglycémiques réduite à la metformine 3 x 850 mg avant chaque repas (comme médication de base) et au glibenclamide, un ½ comprimé de 2,5 mg le soir tard afin de réduire la production nocturne et matinale de glucose sanguin.
  3. L’instauration d’un programme d’exercices physiques journaliers de minimum 1 heure chaque jour.

C’est ainsi que, sous ce traitement, j’obtins une HbA1c idéale de 4,7% à 5,0 % depuis fin 2012 jusqu’à ce jour.

Mais, je prenais toujours du glibenclamide… et avec lui, je récoltais ses inconvénients, notamment un épuisement de la production de l’insuline endogène par mes cellules β pancréatiques[15]. Et je sentais doucement mon diabète s’empirer[16] : le moment était venu de prendre la grande décision et de rompre le cercle vicieux dans lequel je m’embourbais !

En juin 2014, je suis passé à l’insuline.

L’insuline est le plus naturel, le plus fort et le meilleur remède antidiabétique en notre possession. Elle est la plus naturelle car, par sa structure, elle est proche de la molécule hypoglycémiante produite par notre propre corps. Elle est plus forte que le glibenclamide et peut donc remplacer ce dernier. Elle est aussi bien meilleure car c’est la plus performante pour abaisser l’HbA1c parmi tous les autres remèdes antidiabétiques et on peut la doser (on dit : la ‘titrer’) de manière relativement précise et ponctuelle, de sorte que son action imite le mieux la physiologie normale du glucose d’un non-diabétique. Ainsi, elle ne provoque pas d’hyperinsulinémie non désirée comme le fait le glibenclamide.

Et surtout, l’injection d’insuline permet de mettre au repos les cellules β restantes, de les laisser souffler et même de récupérer celles qui n’ont pas succombé sous le matraquage des antidiabétiques qui stimulent la sécrétion insulinique résiduelle.

L’introduction de l’insuline reste pour l’heure souvent trop tardive chez des patients chroniquement déséquilibrés, avec une HbA1c en moyenne à 9 %, à un stade où 60 % d’entre eux présentent déjà des complications microvasculaires et/ou neuropathiques liées au diabète. Or ces complications apparaissent déjà pour des seuils inférieurs d’hémoglobine glyquée (6,5 à 7 %)[17].

Un auteur américain, Richard K. Bernstein[18], cite une étude à long terme de 2006 portant sur 7.321 non-diabétiques, où il est démontré que pour chaque augmentation de 1% de l’HbA1c au-dessus de 4,5 %, l’incidence de maladie coronarienne augmente de 2,5 fois. La même étude montre que pour chaque augmentation de 1% de l’HbA1c au-dessus de 4,9 %, la mortalité augmente de 28 %.

 

Insuline : avantages et inconvénients.

Selon une observation, 66 % des diabétiques de type 2 traités par insuline dit se sentir mieux de façon générale et 77 % est persuadé que ce traitement facilite le contrôle de la glycémie[19]. J’ai moi-même largement ressenti ces effets. Je suis parvenu à maintenir un taux d’HbA1c idéal de 4,8% sous insuline en maintenant un contrôle glycémique plus strict et depuis, j’ai vu régresser ou stabiliser certains symptômes liés au diabète :

  • Une plus grande sensation de bien-être général, surtout lorsque la glycémie est stabilisée entre 80 et 90 mg/dL (4,4 - 5 mmol/L) ;
  • Un sommeil moins perturbé, notamment par une diminution de la néoglucogenèse nocturne et du phénomène de l’aube ;
  • La disparition des signes de glaucome ;
  • Une performance sexuelle meilleure qu’auparavant ;
  • Une très nette amélioration des lipides sanguins en général, du HDL-cholestérol (ou bon cholestérol) en particulier[20] ;
  • Une hypertension artérielle plus facilement contrôlable ;
  • Moins de palpitations cardiaques.


Le grand inconvénient de l’insuline demeure le risque d’hypoglycémie.

Ce risque peut néanmoins être surmonté grâce à différentes mesures :

  • Une titration finement réglée et correcte de l’insulinothérapie ; ceci implique un autocontrôle glycémique strict et régulier à chaque mise au point ;
  • L’apparition des nouvelles insulines basales à moindre risque d’hypoglycémie ;
  • Un mode alimentaire bien suivi à chaque repas, comprenant une restriction suffisante (mais pas totale) des glucides (surtout rapides) afin d’éviter les fluctuations glycémiques ;
  • Une initiation pratique et complète à l’insulinothérapie, suivie de son apprentissage le temps voulu, soit dans la cadre d’un parcours de soin structuré, ou d’un accompagnement personnalisé sur un plan médical avec, si possible, un soutien permanent de l’entourage.

Tout cela implique certaines contraintes qui rebutent certains diabétiques de type 2 de passer à l’insuline… Cela peut se comprendre, mais pourtant, ça en vaut souvent la chandelle !

   A suivre…

     Luc Vangermeersch,  le 27 avril 2015.

 

 

 

Bibliographie :


[1] D’autres molécules appartenant à la classe des sulfonylurées sont : chlorpropamide, tolbutamide, tolazamide (première génération) ; glipizide, gliclazide, glibenclamide, glimépiride, gliquidone (seconde génération); Ndlr.

[2] D’autres molécules appartenant à la classe des sulfonylurées sont : chlorpropamide, tolbutamide, tolazamide (première génération) ; glipizide, gliclazide, glibenclamide, glimépiride, gliquidone (seconde génération); Ndlr.

[3] http://lucvangermeersch.over-blog.com/2015/03/vaincre-le-diabete-t2-l-insulinoresistance.html

[5] Bernstein R., «Dr. Bernstein’s Diabetes Solution», Newly Revised and Updated; Ed. Little, Brown and Company, 2011, p.248.

[6] Ibidem 5, p.249.

[8] L’effet antabuse se caractérise par différents symptômes : rougissements, bouffée vasomotrice, vasodilatation, céphalée (pulsatile), nausée, vomissement, tachycardie, dyspnée, hypersudation, vertige, étourdissement, vision floue, malaise, lipothymie, modification de l'électrocardiogramme, douleur thoracique, confusion mentale et ataxie. Le nom de l'effet vient du nom commercial américain du disulfirame, Antabuse®. Il est provoqué par l'absorption concomitante d'alcool et de certaines substances médicamenteuses, en particulier le disulfirame et le métronidazole.

[9] Ibidem 5, p.249.

[10] Parmi les sulfamidés hypoglycémiants, j’ai surtout pris le glibenclamide (Daonil, Euglucon), mais aussi, pendant un certain temps, le gliclazide (Diamicron), le gliquidone (Glurenorm), le glimépiride (Amarel).

[11] Acarbose : j’ai pris Glucobay et Glucor (par périodes)

[12] Parmi des glitazones (syn. thiazolidinediones), j’ai uniquement pris la rosiglitazone (Avandia).

[13] La glinide prise était la repaglinide (Novonorm). Son action est similaire à celle des sulfamidés hypoglycémiants, bien que sa structure soit différente.

[14] Les médicaments augmentant l’effet incrétine : j’ai pris un inhibiteur de la DPP-4 (c. à d. une gliptine), la sitagliptine (Januvia) et un incrétinomimétique : des injections de liraglutide (Victoza).

[15] Constaté par un taux d’insulinémie très bas (2,79 mUI/L le 01.07.2013; valeur de référence : 1,9 à 23 mUI/L) et surtout un peptide C près de zéro (0,12 μg/L le 01.07.2013; valeur de référence à jeun : 1,1 – 4,4 μg/L).

[16] Notamment l’apparition de différents signes de neuropathie et d’angiopathie diabétique (acte sexuel moins performant, anisochorie, pieds très sensibles au froid), ainsi qu’un début de glaucome.

[17] Ibidem 1

[18] Ibidem 5, p. 467.

[19] Synthèse du congrès de la Société Francophone du Diabète (SFD) Paris, du 11 au 14 mars 2014 (Observatoire et charte de bon usage L&Vous - Pr Serge Halimi) — http://ediabeto-sfd2014.com/book/interviews-dexperts/28/observatoire-et-charte-de-bon-usage-lvous-pr-serge-halimi

[20] Le cholestérol HDL est passé de 0,47 g/L (1,21 mmol/L) le 26.03.2013 à 0,83 g/L (2,14 mmol/L) le 11.02.2015.

A Surprising Discovery About Starting Insulin Early in Type 2 Diabetes
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Insulin syringes and insulin bottle on white background.

Being told you need to start taking insulin for your type 2 diabetes usually comes with a heaping side-serving of guilt and blame, but recent research is actually proving that not only is it not a bad thing, it could actually save your body’s natural insulin production for the longterm.

The way insulin has been presented by today’s media makes it appear to be an evil, weight-gaining hormone that we should all fear. But accurate physiology tells a different story: insulin is the most powerful hormone in the human body, and getting enough, especially early in your diagnosis with type 2 diabetes, could have the exact opposite effect you might expect.

A recent study conducted at Ohio University and Western University of Health Sciences College of Osteopathic medicine recently concluded:

“Treating newly diagnosed type 2 diabetes with insulin therapy is as effective as 15 months of oral therapy and may protect insulin-producing beta cells in the pancreas, according to new research.”

Studying 23 adults who began taking insulin early after their type 2 diagnosis, the group was divided into two groups: the first group began taking insulin while the second group began taking oral medications intended for diabetes.

The group taking who began taking insulin saw an over of about 3.5 percent drop in their A1C levels while the oral medication group saw a drop of about 2 percent.

Other surprising outcomes included that the group taking insulin surprisingly encountered no severe hypoglycemia and they lost an average of 5 pounds of body fat. The group taking oral medications all gained weight.

“While the improvement in glucose was relatively comparable between the two groups, our findings support the idea that the body can improve its natural insulin secreting ability when early insulin is given,” said Jay Shubrook, lead researcher. “This may be because early insulin therapy protects beta cells in the pancreas that respond to glucose and produce insulin.”

When were you diagnosed? If you’re still within your first year of living with type 2 diabetes, you may want to print this study and bring it to your healthcare team ASAP. Don’t be afraid of insulin: your body needs it to live…and it just might need it in order to help save your own insulin production!

Photo credit: Adobe Stock Photo

Last Updated: October 27th, 2015

Filed Under: Treatments, Type 2 Diabetes

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25 mars 2015 3 25 /03 /mars /2015 17:29

Vaincre le diabète T2 (14): L'insuline, cette inconnue

 

L’insulinorésistance

 

Avertissement: le lecteur intéressé trouvera une version Word7 en PDF tout en bas de page.

 

Introduction

 

 

L’insulinorésistance constitue un dérèglement biologique touchant au métabolisme de l’insuline et pouvant générer diverses maladies dont la principale est le syndrome métabolique ou prédiabète, suivi ou non par un diabète de type 2 ou non insulino-dépendant (DNID). L’insulinorésistance est caractéristique de ce type de diabète et peut le précéder de 10 à 20 ans [0].

 

L'insulinorésistance conduit, sans en être la seule responsable, à l'hyperglycémie chez les diabétiques non-insulino-dépendants.

Il s’agit d’un problème de plus en plus fréquent, déterminé en partie par l’hérédité, mais surtout par le mode de vie «à l’occidentale» des pays industrialisés où l’on se nourrit de moins en moins bien tout en étant de plus en plus sédentaire. Il est aussi lié à l’âge, en ce sens qu’il s’aggrave en vieillissant.

Image 1 : cellule cible d’un non diabétique;   Image 2 : cellule cible d’un diabétique T2 insulinorésistant

Image 1 : cellule cible d’un non diabétique; Image 2 : cellule cible d’un diabétique T2 insulinorésistant

Source : http://www.fedecardio.org/rester-en-bonne-sante/les-deux-formes-de-diabete

 

 

L’insulinorésistance, c’est quoi ?

 

On peut la définir comme une incapacité fonctionnelle des cellules corporelles (surtout celles du foie, des muscles striés et des tissus graisseux) à réagir à l’action de l’insuline. Ces cellules cible y deviennent insensibles : on dit qu’elles résistent à l’insuline.

 

On sait que normalement, l’insuline a pour fonction, en agissant sur les récepteurs insuliniques accrochés aux parois de ces cellules, d’ouvrir leurs portes par une sorte de clé, afin que le glucose circulant puisse être transporté à l’intérieur des cellules (par le système des GLUT, transporteurs de glucose). Ce glucose pénètre ainsi dans le cytoplasme des cellules, d’abord pour y être métabolisé afin d’y fournir de l’énergie, ensuite pour y être stocké sous forme de glycogène ou de graisses.

 

En cas d’insulinorésistance, le glucose-carburant n’entre plus que partiellement dans les cellules devenues moins sensibles à l’insuline. Sans glucose, ces cellules s’affament. Par contre, le glucose qui n’est plus éliminé de la voie sanguine, s’y accumule et fait monter la glycémie.

 

Cette poussée d’hyperglycémie, nous le savons, stimule les cellules β du pancréas à produire davantage d’insuline, ce qui finit par déverrouiller les portes bloquées pendant encore un certain temps. Ainsi, les cellules sont réapprovisionnées en glucose malgré tout et la glycémie redescend, bien que plus lentement, à un niveau normal. Un certain équilibre s’installe pour un temps encore. A ce stade, on parle d’intolérance au glucose, mais pas encore de diabète.

 

Ce n’est que plus tard, à force de matraquage des cellules β en les forçant à produire toujours plus d’insuline, que celles-ci s’épuisent progressivement, de sorte que toutes les cellules du corps nécessitant du glucose finissent par garder leurs portes d’entrée fermées au glucose, puisque la quantité toujours plus grande d’insuline requise pour les ouvrir, n’est plus disponible. Ainsi, la glycémie reste haute en permanence et le diabète de type 2 s’installe.

 

 

L'insulinorésistance se fait à 2 niveaux [1]:

 

  1. Au niveau  hépatique : l’insensibilité des cellules du foie à l’insuline se traduit par :

    1. Une suppression insuffisante de la production de glucose par le foie (suppression insuffisante de la néoglucogenèse) : le foie va donc augmenter sa production de glucose ;

    2. Une captation insuffisante du glucose par le foie.

 

  1. Au niveau périphérique : une captation insuffisante du glucose par les tissus périphériques, comme par exemple :

    1. Les muscles striés (muscles squelettiques, muscle cardiaque);

    2. Les tissus adipeux (cellules graisseuses ou adipocytes).

 A tous les niveaux, l’insulinorésistance fait donc monter la glycémie.

 

Les causes et facteurs d’aggravation de l’insulinorésistance[2].

 

En réalité, les causes intimes de l’insulinorésistance ne sont pas encore entièrement élucidées. Son origine est plurifactorielle. Certains facteurs d’aggravation sont aussi de vraies causes, mais d’autres ne sont que des épiphénomènes.

 

Pour Bernstein[3], il existe au moins cinq causes à l’insulinorésistance :

  1. L’hérédité ;

  2. Une glycémie trop élevée ;

  3. L’obésité (Indice de Masse Corporelle >25), surtout la surcharge pondérale androïde ;

  4. L’inflammation et l’infection ;

  5. La déshydratation.

Nous y ajouterons :

  1. L’hyperinsulinémie

  2. L'augmentation du taux d'acides gras libres et l’hypertriglycéridémie.

 

L’hérédité :

Ce qui est à peu près certain est l’implication à un degré variable de l’expression génétique. Le fait qu’il y ait un terrain familial est une notion établie depuis longtemps. La race peut jouer un rôle également : les Noirs, les Amérindiens, les Hispaniques, les Asiatiques peuvent y être plus sensibles[4]. Mais l’hérédité n’explique pas tout. Elle n’est qu’un des nombreux facteurs responsables de la perte de sensibilité à l’insuline [5].

Les autres mécanismes responsables se situent à différents niveaux du métabolisme insulinique, dont une altération des récepteurs à insuline des cellules cible décrites plus haut. Physiologiquement, ces récepteurs sont extrêmement sensibles aux taux circulant d’insuline, mais également à ceux du glucose, des lipides, etc.

 

 

L’hyperinsulinémie :

 

On a constaté qu’une insulinémie trop élevée (plus de 20 μU d’insuline/ml) peut diminuer fortement le nombre de récepteurs insuliniques : si la stimulation insulinique est continue et intense, on a calculé que 10% des récepteurs insuliniques sont perdus à chaque cycle du récepteur[6]. Leur nombre total en est réduit de façon importante. Un autre mécanisme possible est l’activité réduite de ces récepteurs par une altération de leurs molécules[7]. Cette régulation négative liée à l’hyperinsulinémie explique pour une part l’installation de l’insulinorésistance[8].

Par ailleurs, l'hyperinsulinémie de base freine la production hépatique de glucose (néoglucogenèse).

En cas d'hypoinsulinémie postprandiale, la sécrétion d'insuline est insuffisante pour assurer la captation ainsi que le stockage musculaire et hépatique du glucose.

Ces deux derniers facteurs (hyperinsulinémie de base et l’hypoinsulinémie postprandiale) aggravent l'insulinorésistance, la première en diminuant le nombre de récepteurs et la seconde en abaissant la capacité du transport de glucose.

 

L’hyperglycémie entraîne et aggrave l’insulinorésistance:

 

De nombreux travaux cliniques et expérimentaux ont montré que l'hyperglycémie chronique altère progressivement l'insulino-sécrétion et diminue l'action périphérique de l'insuline, ce qui conduit à l'auto-aggravation du diabète non-insulino-dépendant.

Une situation hyperglycémique augmente l’insulinorésistance musculaire et adipeuse. Cet effet est dû à une diminution de la translocation des transporteurs du glucose GLUT4 et GLUT1 entre les microsomes de faible densité du compartiment intracellulaire et la membrane.

 

Donc plus la glycémie s’élève, plus il y a insulinorésistance et plus le diabète s’aggrave. Ainsi s’instaure un parfait cercle vicieux qui est attribué à des défauts post-récepteurs dans l'utilisation du glucose[9].

Par conséquent, les diabétiques T2, comme les T1 d’ailleurs, ont un double intérêt à garder leur glycémie la plus basse possible :

  • Pour éviter les terribles complications du diabète ;

  • Pour éviter que leur diabète ne se dérègle davantage.

 

La surcharge pondérale importante :

 

Une obésité androïde liée à une hyperleptinémie [10], [11], [12], chez les sujets susceptibles de développer un diabète de type 2, entraîne une insulinorésistance, avec hyperinsulinisme.

 

Non seulement l’obésité est une de causes probables, elle est certainement un facteur aggravant très important de l’insulinorésistance.

 

Pour un indice de masse corporelle (IMC) à la limite supérieure de la normale (23 à 24,9), le risque relatif est déjà plus que doublé (2,67). Avec un surpoids important (IMC entre 30 et 34,9), le risque relatif passe à 20,1 et avec un surpoids sévère (IMC supérieur à 35) à 38,8.

 

Plus important encore que l’IMC, la répartition des graisses sous la peau de l’abdomen et autour des viscères (et qui est appréciée par le tour de taille) augmente le risque de développer un DNID (diabète non insulinodépendant) dès que le tour de taille dépasse 80 cm chez la femme et 94 cm chez l’homme [13].

 

La rapide augmentation de l’obésité chez les enfants et les adolescents au cours des trois dernières décennies du XXe siècle a été suivie par l’apparition de cas de DNID à un âge de plus en plus précoce, caractérisé par une aggravation de l’insulinorésistance dès la puberté, et plus encore chez les filles que chez les garçons[14].

 

L'augmentation du taux d'acides gras libres :

 

Majorée par la surcharge pondérale androïde, c’est surtout l’augmentation des graisses saturées qui aggrave l'insulinorésistance.

Selon une récente étude américaine[15], ce sont les glucides qui font monter le niveau de graisses saturées dans le sang, pas les graisses alimentaires. Doubler, voire même presque tripler la quantité d’acides gras saturés dans l’alimentation ne contribue pas à faire grimper le niveau sanguin d’acides gras saturés. En revanche, une augmentation de la quantité de glucides alimentaires entraine l'élévation d’un acide gras dans le sang (l’acide palmitoléique), qui a été lié à un risque accru d’insulinorésistance, de diabète et de maladie cardiaque[16].

Les acides gras polyinsaturés de type oméga 3 par contre, améliorent l’insulinorésistance.

 

L'hypertriglycéridémie :

 

C'est l'anomalie la plus souvent rencontrée en cas de syndrome métabolique et chez les diabétiques de type 2. Un taux élevé de triglycérides est non seulement une cause directe d’insulinorésistance[17], il contribue également à la formation de dépôts sous forme de plaques[18] (athéromes) sur les parois des artères de gros ou moyen calibre (athérosclérose). Il est souvent associé à une diminution des HDL (High Density Lipoproteins) ou «bon» cholestérol[19].

 

Les personnes maigres et en bonne condition physique sont généralement fort sensibles à l’insuline et ont des taux sanguins très bas de triglycérides, mais aussi d’insuline. Cependant, leur niveau de triglycérides augmente après un repas riche en glucides, car l’excès de glucose est converti en graisses. Plus la quantité de (mauvaise) graisse abdominale est élevée par rapport à la masse maigre (muscles), moins la personne deviendra sensible à l’insuline. En cas d’obésité, des taux élevés de triglycérides sont présents en permanence.

 

On a constaté expérimentalement que l’injection de triglycérides ou d’acides gras saturés dans la veine porte (qui irrigue le foie) chez des athlètes très sensibles à l’insuline, provoque chez ceux-ci temporairement de l’insulinorésistance. A noter toutefois que l’insulinorésistance, tout comme les autres facteurs à risque donnant lieu aux complications du diabète, peut être inversée en mangeant très peu de glucides, en normalisant la glycémie et en maigrissant[20].

 

L’inflammation et l’infection :

 

Une infection grave dérègle le diabète. De plus, le diabète rend plus sensible aux infections. Voici encore un cercle vicieux des plus néfastes qui s’annonce.

Tous les cliniciens qui s’occupent de diabète savent que celui-ci s’aggrave en cas d’inflammation, d’infection ou de certaines maladies. Notamment, chez les patients insulinodépendants, tant ceux de type 1 que de type 2, les besoins en insuline peuvent monter considérablement dans ces cas-là.

Si l’insulinorésistance peut être renforcée par l’obésité et l’augmentation de certains lipides, c’est probablement par la production du facteur de nécrose tumorale α, TNFα (de l’anglais tumor necrosis factor α), une importante (adipo)cytokine impliquée dans l'inflammation. L’inflammation est le résultat d’une réponse de notre système immunitaire à une agression, telle une infection virale ou bactérienne. Indépendamment de la graisse abdominale, d’autres causes d’inflammation pouvant générer l’insulinorésistance sont les maladies infectieuses, les maladies auto-immunitaires telles que le lupus érythémateux systémique, l’arthrite rhumatoïde juvénile, la maladie cœliaque (l’intolérance au gluten). Le résultat net de l'ensemble de ces perturbations par les cytokines pro-inflammatoires est encore une fois le début d'un cercle vicieux : plus d'adipocytokines conduit à plus d'insulinorésistance et donc à une hausse (surtout) du tissu graisseux viscéral, qui à son tour génère une synthèse plus grande encore de cytokines, etc…[21].

 

Expérimentalement, une aggravation brusque de l’insulinorésistance peut aussi être provoquée par l’injection d’interféron γ (IFNγ), une autre protéine (glycoprotéine) de la famille des cytokines. L’IFNγ, joue un rôle immunitaire crucial contre les infections virales et certaines infections bactériennes et protozoaires[22].

 

Pour déceler une inflammation, certains marqueurs de l’inflammation peuvent s’avérer positifs lorsqu’ils sont testés dans le sang, mais ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut. Il s’agit essentiellement de : la vitesse de sédimentation, la CRP (C-reactive protein) et surtout la hsCRP (ou CRP hautement sensitive), la β2-microglobuline, la ferritine, le complément C3, le TNFα, le fibrinogène sérique. En cas de positivité d’un ou de plusieurs de ces tests, un examen plus approfondi par un infectiologue ou un immunologue s’impose.

 

La déshydratation aggrave l’insulinorésistance

 

Une déshydratation rapide ne doit jamais être prise à la légère, surtout chez les enfants, les personnes âgées et encore plus s’ils sont diabétiques. C’est une urgence absolue. Une déshydratation aigue risque de favoriser la survenue d’un coma diabétique par un mécanisme où hyperglycémie et insulino-résistance sont étroitement imbriquées.

 

Quelle que soit la cause de la déshydratation : des vomissements continuels, une diarrhée profuse, une transpiration abondante lors d’une forte fièvre ou d’une canicule chez un bébé ou une personne âgée insuffisamment réhydratée, toutes ces situations seront vraisemblablement accompagnées d’une montée de la glycémie.

 

Pourquoi ? Déjà à cause de l’infection si celle-ci est la cause de la déshydratation. D’autre part, lorsque qu’un compartiment du corps se vide de ses liquides, l’équilibre fonctionnel (l’homéostasie) fera que le liquide perdu soit remplacé par du liquide venant d’ailleurs et où il se trouve en abondance, par exemple le sang et la circulation sanguine qui irrigue tous les organes et tissus. Le sang perdra ainsi une partie de son fluide par diffusion vers les parties qui en manquent. Le sang, beaucoup plus concentré, garde néanmoins le glucose : la glycémie monte. Et l’insulinorésistance en même temps.

 

Mais ce n’est pas tout. Si le volume sanguin diminue (hypovolémie) à cause d’une perte conséquente de liquides, toutes les petites artères et artérioles, qui se trouvent en périphérie des organes et tissus, ne sont plus aussi bien irriguées. Cela a pour conséquence que ni le glucose, ni l’insuline n’atteignent suffisamment les cellules irriguées par ces petits vaisseaux. C’est alors comme si tous ces tissus moins bien fournis deviennent parfaitement insulinorésistants, puisque le glucose ne pénètre plus leurs cellules. Ainsi, la glycémie continue de s’élever.

 

Plus on devient résistant à l’insuline, plus la glycémie s’élève, et vice-versa. Un nouveau cercle vicieux particulièrement dangereux s’instaure…

 

En effet, ce n’est toujours pas tout : quand le taux sanguin du glucose est élevé, on urine. Et en urinant, on se déshydrate encore plus, on devient encore plus insulinorésistant, et, bien-sûr, la glycémie monte encore, pour finalement atteindre des sommets vertigineux.

 

Que se passe-t-il alors : soit ces cellules périphériques meurent par manque de glucose-carburant (ou d’oxygène), soit elles se mettent à brûler leur graisse. Dans ce dernier cas, des corps cétoniques sont fabriqués par le métabolisme des graisses. Ceci fait uriner encore plus le patient pour qu’il se débarrasse des corps cétoniques, et il atteint un nouveau degré de déshydratation. C’est ainsi qu’on approche finalement le coma acido-cétosique ou une insuffisance rénale aigue nécessitant une dialyse[23].

 

La déshydratation, on le voit, peut devenir dramatique très rapidement : n’hésitez pas d’appeler votre médecin ou les urgences à temps !

 

 

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*      *

 

 

Les autres facteurs à risque de l’insulinorésistance

 

A côté des vraies causes, il existe de nombreux autres facteurs à risque pouvant augmenter ou aggraver l’insulinorésistance. En voici les principaux :

 

Une mauvaise alimentation menant à l’obésité[24]

 

  • Un apport calorique trop important menant à une surcharge pondérale même légère est préjudiciable. Dans ce cas, il est donc nécessaire de maigrir à raison de 1 à 2 kg par mois à peu près, jusqu’à l’obtention d’un poids normal[25].

 

  • Pour ce qui est des glucides, nous préconisons de les réduire à maximum 45 % de l’apport énergétique total et d’abandonner les 50 à 60 % encore préconisés aujourd’hui par les instances officielles, car cela s’avère néfaste pour l’équilibre métabolique en engendrant une insulinorésistance par élévation des triglycérides.

 

  • Nous recommandons également de favoriser les glucides à index et charge glycémique réduits ou modérés[26]. En effet, les sucres et amidons à index glycémique élevé augmentent fortement l’insulinorésistance.

 

  • Notons également qu’une alimentation riche en fructose, présent dans les fruits mais aussi dans miel et le sucre de table (saccharose), diminue la stimulation de l’insuline et le transport du glucose. Pris en trop grande quantité, le fructose est néfaste en augmentant les triglycérides et induit une insulinorésistance. Il fait grossir, et endommage le foie[27]. Afin d’éviter cet inconvénient, la quantité de fructose ne devrait pas dépasser 10 à 15 % de la ration calorique journalière. Nous préconisons de le prendre sous forme de fruits entiers en quantité modérée (un fruit ne contient en moyenne que 10 gr de fructose) et de l’éviter le plus possible sous sa forme pure en poudre cristallisée ou en sirop (ce sont souvent les sucres ajoutés de la nourriture industrielle).

 

  • La bonne alimentation en graisses (lipides) et en protéines a fait l’objet de plusieurs articles déjà parus[28], [29]. Rappelons la clé de répartition proposée :

 

Lipides : 40% de l’apport calorique total, dont :

10% pour les graisses saturées

10% pour les graisses polyinsaturées (surtout les ω3)

20% pour les graisses monoinsaturées (p.ex. l’huile d’olive)

Protéines : 15% de l’apport calorique total (1 g/kg/jour).

 

Le style de vie sédentaire ou manque d’exercice physique.

 

Les mécanismes de la protection vis-à-vis du diabète de type 2 par l’activité physique sont à la fois directs, par le biais de l’amélioration de la sensibilité à l’insuline, et indirects par le contrôle du poids et le maintien de la composition corporelle. L’entraînement physique est associé à une augmentation de la sensibilité à l’insuline même en l’absence de modification pondérale. La perte de poids peut amplifier cet effet. L’amélioration de la sensibilité à l’insuline par l’entraînement est observée même dans le cas de la pratique d’activités physiques d’intensité modérée, mais apparaît de courte durée (quelques jours au plus). Le caractère régulier de l’activité est donc absolument essentiel d’où l’importance des aspects concernant la compliance aux recommandations[30].

 

L’âge :

 

Le risque augmente passé l'âge de 40 à 45 ans. Cela correspond plus ou moins à l’âge où apparaît généralement le diabète de type 2, associé à l’insulinodépendance.

 

Un poids élevé à la naissance ou macrosomie (> 4 kg).

La mère a généralement présenté un diabète gestationnel qui peut disparaître après la grossesse. Cependant, elle reste candidate au diabète de type 2 (un cas sur trois). Chez les bébés filles surtout, le risque métabolique survient également plus tard, pas chez les garçons[31].

 

L’usage de corticostéroïdes et de certains autres médicaments

Par exemple: la glucosamine, la rifampicine, l’isoniazide, l’olanzapine, la rispéridone, les progestagènes, la méthadone, plusieurs antirétroviraux, les statines[32], [33]).

 

Les corticoïdes induisent une insulinorésistance. Ils réduisent l’action de l’insuline en accroissant la néoglucogenèse et en diminuant les possibilités de captation et d’utilisation du glucose par les tissus périphériques (muscle surtout). De plus, ils inhibent la sécrétion de l’insuline. Les études cliniques, parfois discordantes, tendent à montrer que la probabilité d’observer des glycémies élevées chez un diabétique traité par corticoïdes est plus faible si le diabète est bien équilibré, avec un taux d’HbA1c inférieur à 6,5 % (48 mmol/mol). À l’inverse, le déséquilibre observé est plus important si le taux d’HbA1c dépasse 8 % (64 mmol/mol), et lorsque l’âge et l’indice de masse corporelle sont élevés[34].

 

Le tabagisme.

 

Non seulement le tabagisme est un facteur de risque cardio-vasculaire majeur, il est associé à des anomalies de la fonction endothéliale et du métabolisme lipidique semblables à celles retrouvées dans le syndrome métabolique lié à l’insulinorésistance. Des études ont cherché à démontrer un lien entre tabagisme et insulinorésistance, puis entre tabagisme et diabète de type 2. Bien que leurs résultats ne soient pas tous concordants, le fait de fumer semble effectivement être associé à une diminution de la sensibilité à l’insuline, proportionnelle à l’intensité de la consommation de cigarettes[35].

 

L’absorption aiguë d’alcool.

 

Il existe des relations entre consommation d'alcool, insulinorésistance, incidence du diabète de type 2 et incidence des maladies cardiovasculaires chez le diabétique de type 2. En effet, si plusieurs travaux montrent que l'absorption aiguë d'alcool induit plutôt une insulinorésistance, de nombreuses études épidémiologiques suggèrent, au contraire, qu'une exposition chronique à dose modérée est associée à une amélioration de l'insulinosensibilité. En outre, un certain nombre d'études prospectives montrent un rôle protecteur d’une prise régulière mais modérée d’alcool vis à vis du développement du diabète et de la coronaropathie du diabétique de type 2. Il s’agit d’un véritable paradoxe[36].

 

Le stress.

 

L'activation du système adrénergique et l'augmentation de la sécrétion de cortisol ont été de longue date démontrées au cours de situation d'agression ou de situation stressante aiguë surtout.


Les glucocorticoïdes influencent la régulation pondérale. Ils réduisent la captation de glucose par le muscle et favorisent donc l'insulinorésistance musculaire. Des études récentes montrent que les glucocorticoïdes ont également un impact sur les neuromédiateurs de la prise alimentaire[37].

 

 

 

 
Maladies associées à l’insulinorésistance
 
 
Le syndrome de surcharge (poly)métabolique, syndrome X ou prédiabète.

 

L’insulinorésistance s’insère entièrement dans le cadre du syndrome de surcharge métabolique. Ce dernier est caractérisé par la présence d'au moins trois des anomalies suivantes[38]:

 

  • Une obésité avec BMI[39] - IMC[40] > 30 kg/m²

  • obésité abdominale (androïde) : tour de taille ≥ 94 cm chez l'homme, ≥ 80 cm chez la femme c.à d. généralement avec un rapport du tour de taille sur le tour de hanches supérieur à 0,85 pour une femme et de 0,9 pour un homme

  • hypertriglycéridémie >145 mg/dL ou >1,45 g/L

  • taux bas de HDL-cholestérol (<35 mg/dL chez l'homme et < 40 mg/dL chez la femme)

  • une HTA[41] (elle-même définie par l'existence d'un traitement ou une PAS[42] >140 mm Hg ou une PAD[43] >90 mm Hg)

  • une intolérance au glucose; glycémie à jeun >110 mg/dL ou  >6,1 mmol/L

  • une microalbuminurie

  • La mesure du cholestérol est un mauvais critère car 50 % des patients présentant une maladie cardiovasculaire ont un cholestérol normal[44].

 

Rappelons que dans le syndrome métabolique ou prédiabète, les sujets atteints ont encore une glycémie normale car bien que l'insulino-résistance doive normalement entraîner une hyperglycémie, une sécrétion accrue d'insuline maintient l’euglycémie.

 

Ceci conduit donc à une situation hyperinsulinémique transitoire (un sujet est hyperinsulinique si son sang contient plus de 20 μU d’insuline/ml) qui exacerbe les effets délétères de cette hormone sur l’ensemble de l’organisme. En particulier, elle est à l’origine de dyslipidémie, d’une hyper-agrégation plaquettaire et d’une inhibition de la fibrinolyse qui conduit au développement de conditions pro-thrombiques, faisant le lit des complications vasculaires accompagnant l’état diabétique. L’insuline en excès perturbe également la thermogenèse (déficiente chez le diabétique) et est à l’origine d’une formation de radicaux libres oxygénés très réactifs impliqués dans la dégradation des protéines, entre autres celles de la membrane basale. L’insulino-résistance se trouve donc ici associée à l’hyperinsulinisme, aux maladies coronariennes et à l’hypertension artérielle[45].

 

Comme le diabète de type 2, le syndrome métabolique est en partie d'origine génétique (pour un tiers environ) et en partie environnementale. La part héréditaire dans cette affection semble surtout concerner la résistance à l'insuline. L'idéal serait de pouvoir poser le diagnostic dès ce stade prédiabétique pour améliorer le traitement de cette pathologie et son évolution à long terme[46].

 

 

 

Le diabète de type 2 non-insulinodépendant (DNID)

 

Le diabète de type 2 n’est rien d’autre qu’une suite logique du syndrome métabolique[47]. Dans ce sens, il apparait que l'apparition d'un DNID soit, dans l'immense majorité des cas, liée non pas à une carence en insuline mais au contraire à une hyperinsulinémie déclenchée par un insulino-résistance périphérique (refus musculaire du glucose). Le diagnostic du DNID se fait 10 ans trop tard[48] !
Pendant longtemps la glycémie reste normale au prix de cet hyperinsulinisme, mais les dégâts rétiniens, coronariens ont déjà commencé.

 

Le tissu adipeux abdominal et viscéral étant très sensible à la lipogenèse induite par l'insuline, on retrouve cette obésité androïde, marqueur maintenant reconnu du risque cardio-vasculaire[49].

 

 

Le diabète insulino-dépendant (DID) de type 1 ou de type 2

 

L’insulinorésistance est un phénomène clairement lié au syndrome métabolique et au diabète de type 2 (DNID). En cas d’insulinodépendance (DID), il n’y a plus de production suffisante d’insuline, soit par épuisement des cellules β en phase finale du diabète de type 2, soit par destruction de celles-ci dès le début du diabète de type 1. Les causes et les mécanismes physiopathologiques des deux types de diabète n’étant pas les mêmes, nous ne retrouverons donc pas les mêmes causes d’insulinorésistance.

 

Par exemple, les diabétiques de type 1 comptent beaucoup moins d’obèses que ceux du type 2 et par leur absence presque totale d’insuline, l’excès de glucose dans la voie sanguine ne sera, ni récupéré par les cellules réceptrices, ni converti en graisse. Le très important facteur d’insulinorésistance que constitue la surcharge pondérale n’est donc pas à l’ordre du jour en cas de diabète de type 1. Par contre, une forte hyperglycémie, une inflammation, une infection grave, une déshydratation, un stress intense peuvent tout aussi bien nécessiter des doses d’insuline nettement plus élevées dans le type 1.

 

D’autre part, l’insuline injectée en cas de DID est une protéine non naturelle. Celle-ci peut se faire détruire en partie par notre système immunitaire qui se défend contre cet élément étranger. Dans ce cas la demande d’insuline augmentera également.

 

Ces deux cas évoquent une forme d’insulinorésistance élargie à d’autres causes que celle, classique, d’un défaut postrécepteur d’utilisation du glucose.

 

 

Le diabète gestationnel

 

Le diabète gestationnel est un état d'intolérance au glucose, quelle que soit sa sévérité, apparu au cours de la grossesse chez une femme sans diabète sucré connu antérieurement. Il peut néanmoins être révélateur d'un diabète antérieur. Le diabète gestationnel peut exposer à des complications maternelles et fœtales potentiellement sévères. Il apparaît classiquement entre la 24e et la 28e semaine d'aménorrhée (absence de règles), correspondant à la sécrétion de l'hormone lactogène placentaire (HPL, Human placental lactogen en Anglais) par le placenta, responsable d'insulinorésistance chez la mère[50].

 

 

Les maladies cardiovasculaires : athérosclérose, hypertension artérielle, maladie coronarienne, infarctus du myocarde

 

Les maladies cardiovasculaires et l’insulinorésistance ayant plusieurs causes en commun à la base (les facteurs alimentaires, des phénomènes inflammatoires, l’obésité, le diabète, la sédentarité, l’hérédité, le stress, le tabac,…), il n’est pas étonnant que ces maladies soient souvent associées.

 

Certaines maladies du foie

 

Le surpoids, l’insulinorésistance, le syndrome métabolique et le stress oxydatif, favorisé par la surcharge en fer, sont en cause dans les stéatohépatites[51], tant alcooliques que non alcooliques et toutes les maladies du foie qui en découlent, p.ex. la cirrhose[52]. L'insulinorésistance est aussi fréquente dans l'hépatite C, une infection virale du foie[53].

La surcharge en fer dans les cellules hépatiques pourrait également être responsable d’une insulinorésistance. C’est le cas dans l’hémochromatose, souvent accompagnée de diabète[54].

 

Le syndrome policystique ovarien, en anglais : polycystic ovary syndrome (PCOS).

 

L’insulinorésistance hépatique et musculaire est en effet associée au syndrome policystique ovarien, où elle se trouve renforcée par l’obésité et provoque une hyperinsulinémie compensatrice.

 

Rappelons que le syndrome des ovaires polykystiques est un trouble hormonal fréquent chez les jeunes femmes : 5 à 10 % sont concernées. Ce syndrome est un problème de kystes bénins qui se forment au niveau des ovaires. Ceux-ci peuvent avoir des conséquences diverses :

 

  • Une hyperandrogénie : une sécrétion trop élevée d'hormones mâles entraîne des signes et symptômes de type masculin ;

  • Une anovulation : l'ovulation ne se fait plus, ou de manière très rare ;

  • Une aménorrhée : l'absence de règles est très fréquente dans ce trouble, elle est la conséquence directe de l'absence d'ovulation ;

  • Une insulinorésistance : souvent le problème ovarien a un retentissement sur le métabolisme en général, et notamment sur la sécrétion d'insuline, qui peut être liée à du diabète et une obésité[55].

 

Le syndrome de Cushing.

 

Associé à un hypercorticisme chronique (excès de cortisol) de causes différentes (notamment l’utilisation de stéroïdes), le syndrome de Cushing se manifeste notamment par une obésité chronique de la partie supérieure du corps et sa pathologie comprend entre autres un déséquilibre dans la répartition des graisses, une néoglucogenèse accrue et l’apparition de diabète associé à de l’insulinorésistance[56].

 

La gastroparésie ou estomac paresseux.

 

Comme complication chronique du diabète (généralement de type 1, plus rarement de type 2), la gastroparésie est une atteinte de la régulation neuro-végétative de l’estomac liée à l’exposition à une hyperglycémie chronique prolongée (en moyenne 10 ans). Elle est caractérisée par une vidange souvent aléatoirement ralentie du passage du bol alimentaire à travers l’estomac.

 

Chez les insulinodépendants, l'apport glucidique du repas n'arrive donc plus en phase avec l'injection d'insuline. Chez certains patients, le caractère aléatoire de la synchronisation entre l’action de l’insuline et l’absorption des glucides alimentaires se traduit par la survenue d’hypoglycémies sévères difficiles à maîtriser autant qu’à prévenir.

 

La gastroparésie peut aussi s’exprimer exclusivement par une instabilité glycémique avec des évènements d’hypoglycémies et d’hyperglycémies aiguës non expliquées[57], aggravant le diabète. Les besoins en insuline peuvent donc varier considérablement et de manière non prévisible.

 

 

Quelle est l’approche thérapeutique de l’insulinorésistance ?

 

Les traitements seront différents selon la cause de l’insulinorésistance. S’il s’agit d’un syndrome (poly)métabolique, celui-ci doit être dépisté et traité le plus tôt possible, du fait du risque élevé de l’évolution vers un diabète de type 2 et de ses complications.

 

Peut-on inverser l’insulinorésistance ?

Le syndrome polymétabolique d’insulinorésistance est parfaitement réversible, surtout s’il est traité avant l’installation définitive du diabète de type 2. A cet effet, on associe les mesures diététiques visant à obtenir une perte pondérale, un exercice physique régulier et, si nécessaire, certaines médications[58].

 

Mesures nutritionnelles et perte de poids

 

Toute perte de poids, même modeste, se fait prioritairement aux dépens du tissu adipeux périviscéral, plus sensible à la lipolyse que les autres sites. Ainsi, un amaigrissement de quelques kilos suffit à améliorer considérablement la sensibilité à l’insuline et les facteurs de risque vasculaire et thrombogène.

 

En pratique, il convient d’éliminer le plus possible les sucres à absorption rapides à index et charge glycémiques hauts (pain, féculents, pommes de terre, pâtes, riz), de privilégier les glucides à absorption lente (légumes secs, légumineuses, légumes verts, fruits non sucrés...), de ne prendre que les bonnes matières grasses (huile d’olive, huile de colza, oléagineux et poissons gras riches en oméga 3) en éliminant les mauvaises (contenues dans les viandes grasses, charcuteries, acides gras trans, margarines, crèmes, frites-chips, pizzas, feuilletés, viennoiseries, gâteaux...), de prendre suffisamment de fibres alimentaires, tout en limitant la consommation d’alcool (1 à 2 verres de vin rouge par jour au cours des repas).

 

L’exercice physique régulier

 

La pérennité d'une masse musculaire active s'obtient en augmentant le débit sanguin musculaire et en maintenant les fibres musculaires suffisamment sensibles à l’insuline. Ceci facilite l’obtention de la stabilité pondérale obtenue par la diététique. Le glucose est mieux transporté et les acides gras libres plus aisément consommés au niveau des fibres musculaires pendant et après l’effort.

 

Le syndrome (poly)métabolique et ses conséquences sont ainsi bien améliorés par un exercice pratiqué durant 30 minutes 3 à 5 fois par semaine en fonction des possibilités de chacun.

 

Traitements médicamenteux

 

En France, aucune médication n’a l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dans le syndrome (poly)métabolique. Cependant, la metformine (Glucophage®), dans des essais cliniques randomisés contre placebo, a induit une diminution de l’insulinémie et de la glycémie[59].

Les autres médicaments concernent le traitement du diabète de type 2 et seront discutés plus tard.

 

 

A suivre,

 

Luc Vangermeersch, le 9 mars 2015.

 

 

 

Bibliographie :

 

[1] http://www.em-consulte.com/en/article/79688 (consulté en janvier 2015)

[2] Ibidem 1

[3] Bernstein R., «Dr. Bernstein’s Diabetes Solution», Newly Revised and Updated; Ed. Little, Brown and Company, 2011, p.100.

[6] Cycle du récepteur: chaque fois que le complexe insuline-récepteur pénètre dans la cellule par endocytose et, dans les vésicules ainsi formées, l’insuline est dégradée ainsi qu’environ 10% des récepteurs (les 90% restant rejoignant la membrane plasmatique).

[9] Ibidem 4

[10] Ibidem 1.

[11] http://fr.wikipedia.org/wiki/Leptine (consulté en janvier 2015). La leptine (du grec leptos, mince) parfois dite « hormone de la satiété » est une hormone peptidique qui régule les réserves de graisses dans l'organisme et l'appétit en contrôlant la sensation de satiété. C'est une molécule produite et sécrétée dans la circulation sanguine par les cellules adipeuses (adipocytes). Son action essentielle est de diminuer la prise alimentaire.

[12] http://www.exobiologie.info/diabete/24%20leptine.pdf (consulté en janvier 2015). L’obésité s’accompagne le plus souvent d’un taux élevé de leptine circulante et d’une insulinorésistance provoquant une hyperinsulinémie.

[13] Ibidem 6 (consulté en janvier 2015)

[15] Study: Doubling Saturated Fat in the Diet Does Not Increase Saturated Fat in Blood. Ohio State University, Emily Caldwell.

[16] Volk BM, Kunces LJ, Freidenreich DJ, Kupchak BR, Saenz C, Artistizabal JC, Fernandez ML, Bruno RS, Maresh CM, Kraemer WJ, Phinney SD, Volek JS. Effects of step-wise increases in dietary carbohydrate on circulating saturated Fatty acids and palmitoleic Acid in adults with metabolic syndrome. PLoS One. 2014 Nov 21;9(11):e113605. doi: 10.1371/journal.pone.0113605. eCollection 2014.

[17] Ibidem 4, p. 135.

[18] Les plaques athéromateuses se forment par accumulation segmentaire de lipides, glucides complexes, sang et produits sanguins, tissus adipeux, dépôts calcaires et autres minéraux.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ath%C3%A9rome  (consulté en janvier 2015)

[19] La distinction entre « bon » et « mauvais » cholestérol est un sujet controversé.

[20] Ibidem 4, p. 135.

[21] Ibidem 6

[23] Ibidem 4, p. 365.

[24] Ibidem 2

[32] Cederberg H, Stančáková A, Yaluri N et coll. Increased risk of diabetes with statin treatment is associated with impaired insulin sensitivity and insulin secretion: a 6 year follow-up study of the METSIM cohort. Diabetologia DOI 10.1007/s00125-015-3528-5.

[33] Sattar N, Preiss D, Murray HM et al (2010) Statins and risk of incident diabetes: a collaborative meta-analysis of randomised statin trials. Lancet 375:735–742.

[35] http://www.rmlg.ulg.ac.be/show.php (consulté en janvier 2015)

[39] BMI : Body Mass Index

[40] IMC : Indice de Masse Corporelle

[41] HTA : Hypertension artérielle

[42] PAS : Pression artérielle systolique

[43] PAD : Pression artérielle diastolique

[45] Ibidem 8

[46] Ibidem 41

[47] Ibidem 41

[51] Stéatohépatite : inflammation du foie accompagnée de dégénérescence graisseuse (foie gras)

[52] http://revue.medhyg.ch/print.php3?sid=30601 (consulté en février 2015)

[59] Ibidem 57

L'importance du diagnostic précoce de l'insulinorésistance, ses causes et facteurs à risque, les maladies associées, son traitement.

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 17:36

 

 

Source de l'image: http://guidehomeo.com/amaigrissement/

 

 

Le patient parle :

 

Comment j’ai fait pour perdre 20 kg ?

 

Note préalable: tout en bas du texte, une version PDF est disponible en Word7

 

 

     Lors du diagnostic de mon diabète voilà presque 20 ans d’ici, le 5 février 1997, j’ai décidé de changer mon style de vie de fond en comble. D’abord et surtout mon mode alimentaire. C’était, je crois, la meilleure façon de réagir, car un diabétique de type 2 en surpoids doit avant tout maigrir.

  En fait, j’ai commencé à faire attention un an auparavant, car je pesais alors déjà 77 kg pour une taille de 1m70cm, ce qui me procurait à ce moment-là un IMC ou Index de Masse Corporelle de 26,6 : un léger surpoids effectivement.

Un pèse-personne correct est indispensable pour surveiller son poids lorsqu’on suit un régime alimentaire.

Un pèse-personne correct est indispensable pour surveiller son poids lorsqu’on suit un régime alimentaire.

Mais surtout, mes analyses de laboratoire indiquaient dès 1991 beaucoup trop de mauvaises graisses dans le sang et des tests hépatiques pathologiques indiquant une stéatose du foie, mot savant pour dire « foie gras ». Tout cela n’était pas idéal point de vue santé et indiquait en réalité un syndrome métabolique, précurseur de diabète. Mais à cette époque, je ne voulais rien entendre…

Cellules hépatiques gorgées de graisses

Cellules hépatiques gorgées de graisses

Source de l’image : http://www.docteurclic.com/maladie/steatose-hepatique.aspx

 

 

Il fallait donc que je maigrisse d’urgence, ne fut-ce que pour normaliser mes résultats sanguins. Et puis, j’avoue que je mangeais très mal et en trop grande quantité. La gourmandise avait toujours été mon péché mignon, surtout pour les sucreries, les viennoiseries, le pain, les pâtes, les pommes de terre bien imbibées de beurre ou de sauce, les frites accompagnées d’une délicieuse mayonnaise et d’un bon steak au poivre, des desserts on ne peut plus sucrés… Je ne pouvais pas continuer de m’empiffrer de la sorte. J’allais devenir énorme.

Pour commencer, je pris deux mesures très simples :

  • Diminuer les quantités de nourriture (3 repas par jour et basta)
  • Manger moins de friandises et arrêter de grignoter entre les repas

Et ça a marché ! J’ai pu maigrir de 77 à 70 kg en moins de 6 mois de temps. Un bon rythme. C’était dur, mais j’étais motivé, d’autant plus que le résultat était là. Finalement, ce n’était qu’une habitude à prendre. Une fois bien instaurée, je fus étonné de voir comme c’était facile de la poursuivre. C’est fou le pouvoir d’adaptation qu’on peut avoir. Et pour parfaire ce résultat, j’essayais de bouger plus, d’augmenter mon activité physique en jardinant et en entretenant le potager. Ne vaut-il pas mieux joindre l’utile à l’agréable ?

Cependant, quelques mois plus tard, le grand bonheur d’avoir réussi à bien maigrir dut faire place à un sentiment de profonde déception et de frustration : malgré la perte de poids substantielle, le diabète s’était bel et bien installé dans ma vie. Pourquoi ? Quelle erreur avais-je commise ?

La première des préventions du diabète de type 2 était pourtant bien de manger plus sainement : moins de sucreries, moins de mauvaises graisses, des protéines avec modération, moins de calories, le tout faisant perdre du poids.

Pyramide alimentaire classique : les boissons sucrées sont interdites, mais une (bien trop) large part est faite aux féculents et aux céréales.

Pyramide alimentaire classique : les boissons sucrées sont interdites, mais une (bien trop) large part est faite aux féculents et aux céréales.

Source : http://diabete-jd3p.blogspot.fr/2009_06_01_archive.html

 

 

C’est ce que nous apprenait la faculté et comme médecin j’ai toujours suivi parfaitement les recommandations de ceux qui mettent à jour les directives et ont une autorité mondialement reconnue: je cite l’ADA (American Diabetes Association) et l’EASD (European Association for the Study of Diabetes). Ces organismes officiels faisaient valoir que manger trop de mauvaises graisses (surtout les graisses saturées) était délétère pour la santé et que l’apport calorique journalier en glucides devait se situer entre 50 et 60%, même chez les diabétiques. Aujourd’hui, leur point de vue n’a pas changé ou s’est à peine assoupli.

Actuellement, les médecins ne doivent pas, en traitant leurs malades, trop s’écarter des recommandations officielles (qui reflètent les connaissances scientifiques acquises), sous peine de risquer d’être dénoncés par certains patients mécontents (il y en a toujours) et d’encourir certains ennuis de la part des instances disciplinaires de l’Ordre des Médecins. Par conséquent, l’idée ne me serait pas venue d’enfreindre des règles qui, en principe, étaient conçues pour protéger les patients.

Cependant, les choses sont très différentes quand il s’agit de soi-même. Aussi, n’ai-je pas continué longtemps à m’alimenter selon des directives dont je commençais à mettre sérieusement en doute la validité. Ce qui me choquait surtout était le fait qu’on permette aux diabétiques d’ingérer des quantités aussi énormes de glucides à résorption rapide (pain, pommes de terre, pâtes), ce qui irrémédiablement faisait grimper la glycémie à des sommets après les repas et amène des complications.

Par conséquent, j’ai diminué de moitié les quantités de ces aliments tout en améliorant leur qualité:

  • le pain : en quantité nettement moindre et complet de préférence ;
  • les pommes de terre : une seule petite patate au repas chaud du soir et pas tous les jours ;
  • les frites : plus qu’une seule fois par semaine ;
Le patient parle :  Comment j’ai fait pour perdre 20 kg ?

Source : http://fr.fotolia.com/id/32493517

 

 

  • les pâtes : beaucoup moins et complètes aussi.

 

De plus, je continuais à éviter le beurre, les fritures, la charcuterie et autres aliments gras. Tout doucement, j’appris à manger plus de légumes, car il me fallait plus de fibres pour freiner l’absorption du glucose. Je ne me privais pas des fruits que j’avais toujours aimés, ni du chocolat que je choisissais le plus noir possible et contenant par conséquent un minimum de sucre. De plus, je pris consciencieusement la metformine, 3 fois 500 mg avant chaque repas, grandement recommandée dès qu’un diagnostic de diabète T2 est posé.

 

Le résultat fut excellent quant à l’évolution du poids et du bilan sanguin. En effet, après un an de ce régime, mon poids avait continué de descendre jusqu’à 60 kg. Les tests hépatiques et les lipides sanguins s’étaient normalisés : fini la stéatose du foie et le mauvais cholestérol. Le chef du laboratoire m’écrivit d’ailleurs une petite note fort encourageante à propos de ce résultat: « absolument génial ». Je pouvais être content…

 

Mais content, je ne l’étais pas à 100%. Après un an de traitement, mon diabète était toujours là ! Bien-sûr, la glycémie avait légèrement baissé par rapport au début, mais elle ne s’était pas vraiment normalisée. La glycémie à jeun, souvent normale, dépassait malgré tout assez régulièrement la norme maximale de 110 mg/dL (ou 6,1 mmol/L) [1] et la glycémie postprandiale (après les repas) pouvait monter bien au-delà de 140 mg/dL (7,8 mmol/L), seuil à ne pas dépasser trop souvent si on veut rester exempt de complications.

 

Hypoglycémie

Inférieur à 60 mg/dL

Glycémie normale

A jeun : entre 70mg/dL et 110mg/dL

1h30 après un repas : inférieur à 140 mg/dL

Hyperglycémie à jeun

Supérieur à 110mg/dL

 

Source : http://www.afd.asso.fr/diabetique/glycemie

 

La glycémie moyenne se trouvait ainsi à 120 mg/dL (6,7 mmol/L) environ, ce qui correspond à une HbA1c de 5,8% (40 mmol/mol).

 

La plupart des médecins spécialisés dans le traitement du diabète considèrent ce résultat comme satisfaisant. En effet, pour eux le signal d’alarme ne retentit vraiment que lorsqu’un patient diabétique franchit le seuil de 6,5% (48 mmol/mol) d’HbA1c, ce qui correspond à une moyenne glycémique de 140 mg/dL (7,8 mmol/L).

 

Valeurs normales officielles de l’HbA1c chez une personne non-diabétique[2] :

 

Taux d'hémoglobine glyquée compris entre 4 et 6%

 

Pour moi, ce résultat demeurait insuffisant. Je voulais tout simplement et logiquement obtenir la normoglycémie, c. à d. la glycémie moyenne normale d’un non-diabétique. Celle-ci se situe à 83 mg/dL (4,6 mmol/L) [3], correspondant à une HbA1c de 4,5% (26 mmol/mol). J’étais et reste persuadé que pour éviter toute complication diabétique, il fallait se rapprocher le plus possible de ce chiffre. D’ailleurs, j’avais observé que lorsque ma glycémie se situait entre 80 et 90 mg/dL (4,4-5,0 mmol/L), je me sentais le mieux. Dès que celle-ci dépassait les 100 mg/dL (5,6 mmol/L) je ressentais une lourdeur dans la tête et une fatigue générale, surtout après les repas trop copieux évidemment.

Il me semblait évident que je ne pouvais pas me satisfaire d’une HbA1c de 5,8% (40 mmol/mol). Par après, d’autres arguments viendront conforter cette position non-officielle. J’y reviendrai dans d’autres articles.

Mais revenons à nos moutons : fallait-il suivre un régime encore plus strict et donc maigrir davantage pour obtenir la normoglycémie ? Ou fallait-il à cet effet prendre des médicaments hypoglycémiants ? Je n’ai pas eu de réponse tranchée à cette question à ce moment-là, car au cours de mes dernières années professionnelles, j’ai opté pour la voie facile, c. à d. l’ajout de sulfamides hypoglycémiants tels que le glibenclamide (Daonil®, Euglucon®) à la metformine (Glucophage®) que je prenais déjà. Ceci me fit reprendre du poids, car le glibenclamide est un puissant stimulateur de l’insuline endogène et tout le monde sait que l’insuline fait grossir !

En juillet 2008, mon poids était remonté à 70 kg. Par contre les valeurs de l’HbA1c s’étaient bien améliorées, fluctuant entre 5,5 et 4,8 % (37-29 mmol/mol). J’avais donc réussi à baisser ma glycémie moyenne de 120 à 112 et parfois même jusqu’à 91 mg/dL sous glibenclamide. Un résultat appréciable, mais au détriment du poids qui était remonté progressivement. Allais-je perdre tout le bénéfice que m’avait procuré le régime alimentaire que je poursuivais toujours aussi scrupuleusement ?

Il fallait à tout prix de nouveau maigrir, car cette remontée du poids avait incontestablement renforcé l’insulino-résistance, ce qui allait m’obliger à rehausser la dose de glibenclamide pour maintenir une bonne glycémie, et donc, de grossir davantage. Un cercle vicieux allait ainsi se mettre en place…

 

Comment m’y suis- pris ?

Au cours des années écoulées, je n’ai cessé de compulser la littérature scientifique touchant au diabète : l’officielle et l’officieuse, l’orthodoxe et la moins conventionnelle, celle sponsorisée et influencée par les firmes pharmaceutiques et celle financée par des organismes indépendants, libres de conflits d’intérêt.

 
On peut manger savoureusement en diminuant fortement la part des glucides…

On peut manger savoureusement en diminuant fortement la part des glucides…

Source de l’image: http://maigrirsansfaim.com/comment-maigrir-pendant-la-menopause/

 

 

De nouvelles théories d’avant-garde avaient fait leur apparition. Il était question d’index et de charge glycémique, de diminuer fortement la part des glucides, mais d’augmenter la part des bonnes graisses, des protéines et des fibres. Ces dernières en mangeant beaucoup de légumes et des fruits pas trop sucrés. Moins de glucides, plus de graisses et de protéines : c’était en contradiction flagrante avec les recommandations officielles de l’ADA et de l’EASD, mais j’ai voulu tenter l’alternative en suivant de nouvelles règles adaptées à mon cas personnel, et c’est devenu ma grande chance.

 

Je vous livre maintenant mon mode alimentaire actuel :

Glucides :

  • D’abord, j’ai arrêté toutes les céréales contenant du gluten, car je suspectais une intolérance à cette protéine. Ensuite, j’ai éliminé le lait de vache et ses dérivés. Selon le Dr. Jean Seignalet[4], ces deux mesures diminuent la gravité des inflammations chroniques dans le corps[5]. Personnellement, elles ont nettement amélioré mes problèmes digestifs et intestinaux, ainsi que ma glycémie.

J’ai arrêté le pain, la baguette, les viennoiseries, et les desserts contenant du gluten. Également les pommes de terre, les frites et tout ce qui est friture, les pâtes au gluten. Cependant, je ne me suis pas jeté sur la nourriture industrielle «sans gluten» trafiquée avec des sucres rapides.

 
Le patient parle :  Comment j’ai fait pour perdre 20 kg ?

Source de l’image : http://www.spa-poitiers.fr/2011/10/26/le-refuge-spa-ne-prend-plus-de-pain-dur/pain-interdit/

 

 

  • Je ne prends que des petites quantités de glucides à index glycémique (IG) bas (si possible en-dessous d’un IG de 50) [6], afin de maintenir une charge glycémique (CG) en dessous de 20 pour chaque aliment contenant des glucides. Ceci permet d’obtenir une CG moyenne journalière de 50 environ [7].
  • Pas de céréales au petit déjeuner, une ou maximum deux tranches d’un pain complet de préférence sans gluten à midi (contenant de 5 à 7 g de glucides par tranche), une petite portion de glucides le soir (pâtes au sarrasin, quinoa, riz Basmati, lentilles, haricots rouges,
 
Une petite portion de quinoa rouge fait à peine monter ma glycémie…

Une petite portion de quinoa rouge fait à peine monter ma glycémie…

Source de l’image : http://en.wikipedia.org/wiki/Quinoa

 

pois chiches, patate douce, rarement une demi pomme de terre).

  • Je ne prends plus que très exceptionnellement des desserts sucrés du genre pâtisserie, gâteaux, tartes ou autres friandises. Les rares fois que cela arrive, c’est lors d’une sortie ou d’une fête. Mais alors, la portion est très «mini» ! J’ai la chance d’avoir pour épouse une cuisinière experte : elle me confectionne des gâteaux aux fruits pratiquement sans sucre ajouté, à base d’une farine de poudre d’amande à laquelle elle n’ajoute qu’une infime quantité de sucre de fleur de coco. Un tel dessert n’augmente pas mon besoin en insuline et c’est à peine s’il fait monter ma glycémie, puisque la farine utilisée n’est pas une farine céréalière.

 

Matières grasses :

Je mange à peu près toutes les graisses, excepté celles considérées comme mauvaises (les acides gras trans et les graisses industrielles transformées que l’on trouve surtout dans les margarines et certaines huiles industrielles). Je n’évite plus la plupart des graisses saturées dont certaines sont démontrées bénéfiques pour la santé [8], [9], telle que celles à base de noix de coco.

Riche en acide laurique que l’on retrouve dans le lait maternel, l’huile de noix de coco fait baisser le mauvais cholestérol.

Riche en acide laurique que l’on retrouve dans le lait maternel, l’huile de noix de coco fait baisser le mauvais cholestérol.

Source de l’image : http://mamzellekitkat.over-blog.com/article-les-prodiges-de-l-huile-de-noix-de-coco-112001225.html

 

 

Notamment, je reprends du beurre, mais l’habitude d’en consommer peu m’est restée. Pratiquement tous les jours, je mange les œufs de mes poules qui picorent dans l’herbe à longueur de journée (leur jaune contient par conséquent des acides gras omégas 3, ω3). Et au moins une fois par semaine, je me délecte de mon «foie gras personnel» qui n’est rien d’autre que le foie de morue baignant dans son huile.

  • Je veille au bon équilibre entre ω3 et ω6 en prenant de l’huile de lin, des graines de lin et de chia, en mangeant des noix, des amandes, des noisettes, et des petits poissons gras (sardines, anchois, maquereaux, du saumon bio ou, mieux encore, le saumon sauvage si on en trouve). J’évite les plus gros poissons gras, surtout le thon parce qu’il faut le protéger et parce que, comme gros poisson en fin de chaîne dans l’écosystème, il accumule dans sa graisse des métaux lourds et des dioxines ou des biphényles polychlorés (PCB).
  • Evidemment, l’huile d’olive prend une part essentielle dans la nutrition méditerranéenne que nous consommons. Cependant, la mayonnaise est confectionnée à l’huile de colza et les salades assaisonnées à l’huile de noix.

Protéines :

  • Mes sources de protéines proviennent de viandes, de poissons, de fromages, de soja, de légumineuses et d’œufs essentiellement. Je mange nettement moins de viande qu’auparavant (maximum deux ou trois fois par semaine), moins de viande rouge surtout. Les jours de viande sont alternés de jours de poisson et de jours végétariens.

Comme j’étais un grand amateur de steak-frites avant l’apparition de mon diabète, je me contente maintenant d’un bon steak (mais sans frites) de temps en temps. Il faut savoir se faire plaisir à l’occasion.

Un steak sans frites peut être succulent…

Un steak sans frites peut être succulent…

Source de l’image : http://www.utile.fr/conseils-pour-cuire-un-steak-de-bison_4367

 

 

Pour le reste, je consomme surtout de la viande de volaille (poulet, caille, canard) mais aussi du veau et du porc dont je ne dédaigne pas certains abats (foie, rognons, boudin noir) faisant ainsi le plein de vitamine B12.

 

  • Alors qu’avant je n’aimais que la sole, j’ai appris à aimer pratiquement tous les poissons. En plus des petits poissons gras, la daurade, le bar, l’espadon, le flétan, l’aiglefin se trouvent
Le patient parle :  Comment j’ai fait pour perdre 20 kg ?

Source de l’image : http://www.ikonet.com/fr/ledictionnairevisuel/alimentation-et-cuisine/alimentation/poissons-osseux.php

régulièrement au menu. Les crevettes moins souvent, mais uniquement les bios et les sauvages, en espérant qu’elles soient nourries de micro-algues et exemptes de produits toxiques (métaux lourds, antibiotiques, pesticides, PCB).

  • Ne buvant plus de lait de vache qui ne me convient pas et paraît être de plus en plus considéré comme délétère à la santé, je me prive aussi de fromage de vache. Par contre, je prendrai volontiers un petit chèvre ou un fromage de brebis, seul ou éventuellement sur une tranche craquante de pain au sarrasin par exemple (5 g de glucides par tranche). Les fromages mous sont également délicieux mélangés à des petits fruits rouges ou bleus, tels que la grenade, la groseille ou la myrtille.
  • Je prends mon café du matin sans sucre, mais j’y ajoute une bonne portion de lait de soja non sucré lui aussi. On en trouve dans le commerce à moins de 1% de glucides par 100 g,

 

Le patient parle :  Comment j’ai fait pour perdre 20 kg ?

Source du tableau : http://naturevitalite.wordpress.com/category/alimentation-biologique/laits-vegetaux/

 

ce qui est négligeable. Mon yaourt également est au soja non sucré. Je le mélange à des fruits frais ou en compote et je le chauffe à basse température pour rendre sa consommation plus agréable.

  • Les œufs sont préparés à la coque, sur le plat ou en omelette: ils me procurent d’avantageuses protéines mais également d’excellentes graisses, dont la lécithine. Même en mangeant un  œuf par jour en moyenne, mon mauvais (LDL) et mon bon cholestérol (HDL) se sont nettement améliorés par rapport à la période d’avant mon nouveau mode alimentaire, époque où je n’osais plus manger d’œufs. Les œufs qui font monter le cholestérol : voilà bien un mythe révolu qui a fait beaucoup de tort à la santé en général.

Légumes :

Les légumineuses ou légumes secs ne m’apportent pas seulement des glucides lents, ils contiennent également d’excellentes protéines d’origine  végétale par ailleurs peu coûteuses. Ils sont un bienfait pour tout diabétique,  car leur index et charge glycémique restent bas.

 

Un large choix de légumineuses…

Un large choix de légumineuses…

Source : http://fr.dreamstime.com/images-libres-de-droits-l%C3%A9gumineuses-et-c%C3%A9r%C3%A9ales-image4527449

 

 

Ils font partie intégrante de la diète méditerranéenne qui est considérée comme une des meilleures au monde. Les légumineuses que je préfère : les petits pois, les pois chiches, les lentilles, les haricots rouges,

  • Les autres légumes sont appelés les légumes verts pour indiquer qu’ils sont frais (par opposition aux légumes secs) : en fait, ils ont toutes sortes de couleurs : les carottes sont oranges, les poivrons et les tomates peuvent être rouges, jaunes ou verts, les aubergines sont violettes (parfois blanches), et les haricots verts (dénommés «princesses» en Belgique) sont bien verts… Avant mon diabète, j’évitais la plupart des légumes. Maintenant, je les adore. Mes préférés : les brocolis, les carottes crues à l’apéritif, l’artichaut, les blettes (ou bettes), les asperges, toutes les sortes de choux, les épinards, les endives crues ou
Les blettes (ou bettes) sont considérées comme d’excellents légumes verts pour les diabétiques.

Les blettes (ou bettes) sont considérées comme d’excellents légumes verts pour les diabétiques.

Source de l’image : http://www.supertoinette.com/fiche-cuisine/485/bette-ou-blette.html

 

cuites (chicons en Belgique), les salades, la mâche et le pourpier (contenant des ω3), les tomates, l’aubergine, la courgette (sans oublier sa succulente fleur), les poivrons et d’autres encore… Cuits à la vapeur, ils sont délicieux et n’apportent que vraiment très peu de glucides : à consommer sans restreinte par tous les diabétiques !

Fruits :

Il y a des fruits que l’on peut considérer comme des légumes : ce sont les tomates, les courges, les citrouilles et les potirons. Excellents en potage, ils peuvent être consommés sans danger car leur index et charges glycémiques sont bas. Ce n’est pas le cas de tous les fruits. Certains sont même très sucrés, tels que les bananes et les raisins. Il suffit de les consommer en quantité modérée.

Le patient parle :  Comment j’ai fait pour perdre 20 kg ?

Source de l’image : http://www.pratique.fr/recette-soupe-fruits.html

 

 

  • Depuis tout petit, j’ai toujours raffolé des fruits, sans doute parce que précisément, ils sont sucrés. Mais le sucre qu’ils contiennent est pour une bonne part le fructose dont l’index glycémique n’est que de 20. Le fructose est métabolisé par le foie selon un cycle qui peut finalement produire du glucose [10], mais bien plus tard, de sorte que la consommation de fruits ne génère pas de trop forte hyperglycémie immédiatement après le repas. Attention cependant : trop de fructose entraîne aussi de la lipogenèse (formation de graisse) dans le foie ce qui, pour tout diabétique, est fort délétère. Cependant, par la quantité d’antioxydants, de vitamines et de minéraux indispensables qu’ils renferment, les fruits procurent à mon avis bien plus de bénéfices pour la santé que des effets malsains. Par conséquent, j’ai toujours continué de m’en délecter en les intégrant par petites quantités dans mon régime personnel.

Boissons :

Essentiellement de l’eau, du café au lait de soja et du vin, rouge de préférence.

 

 

Pris avec modération et pendant le repas, un vin rouge réchauffe le cœur et est excellent pour la santé… Mais attention : le vin peut faire baisser la glycémie !

Pris avec modération et pendant le repas, un vin rouge réchauffe le cœur et est excellent pour la santé… Mais attention : le vin peut faire baisser la glycémie !

Source de l’image : http://www.les-vins-du-monde.fr/vin%20rouge.html

 

 

L’eau est celle du robinet (qui est bonne dans mon village, quoique légèrement chlorée) ou de l’eau minérale en bouteille plastique malheureusement. J’en choisis une riche en magnésium et en calcium. A cette eau pure, j’ajoute quelques gouttes de jus de citron. L’eau ne peut pas être sucrée, ni le lait de soja, ni le café que je prends le matin et à midi. Il m’arrive de prendre un thé à 5 heures, comme les Anglais. Je choisis le thé vert pour ses antioxydants, également sans sucre, sans lait, mais avec quelques gouttes de citron.

  • Les alcools forts me sont défendus car mon foie ne les supporte plus. On connaît ça : si on commence à en boire, on continue et on se retrouve mal le lendemain. Exceptionnellement, par exemple si un ami m’apporte une bouteille de très bon whisky, j’en prends une larme pour trinquer avec lui, et tout se passe bien.
  • J’ai abandonné aussi les jus de fruits, même ceux pressés fraîchement. Ils sont devenus trop sucrés pour moi. Je préfère manger les fruits entiers pour ne pas perdre les fibres, vitamines, oligo-éléments et antioxydants que renferment la pulpe et la peau du fruit. Grâce aux fibres, le glucose est assimilé plus lentement par l’intestin grêle.

 

  • Le chocolat est la seule friandise que je me permets. En le choisissant très noir (à >70% de cacao, mais de préférence le «noir absolu» à 99% de cacao, très amer), il ne contient que très peu de sucre et il est, de surcroît, excellent pour la santé (notamment pour le cœur à cause notamment de son amertume [11] et grâce aux antioxydants qu’il contient). Mais le chocolat reste très riche en calories. Donc, il n’échappe pas à la règle des petites quantités (voir ci-dessous).
Quatre à six fines tablettes de ce chocolat très noir et très amer suffisent pour se procurer un dessert qui explose en bouche. Il ne contient que 1 % de sucre !

Quatre à six fines tablettes de ce chocolat très noir et très amer suffisent pour se procurer un dessert qui explose en bouche. Il ne contient que 1 % de sucre !

Source de l’image : http://www.prixing.fr/products/1804581-chocolat-noir-absolu-99-de-cacao-la-tablette-lindt

 

 

  • Les autres friandises (petits gâteaux, bonbons, glaces, confiseries) ne me tentent même plus. Je rejette leur goût beaucoup trop sucré. Parfois, je m’étonne que l’on puisse avoir à ce point sa sensation de goût changée lorsqu’on mange autrement.

 

 

Résultat et conclusion :

 

Ce nouveau mode alimentaire pour le diabétique de type 2 que je suis, m’a permis de perdre 21 kg ou 27% de mon poids originel, de diminuer considérablement mon insulino-résistance et donc mon besoin en insuline. Ces conditions étaient indispensables pour que j’obtienne aujourd’hui une normoglycémie stable.

 

Les recommandations officielles préconisent malheureusement un mode alimentaire beaucoup trop riche en glucides, qui ne permet pas d’obtenir une glycémie stable se rapprochant de la normoglycémie. Nous croyons que c’est une erreur fondamentale, en partie responsable de l’épidémie de diabète qui sévit dans le monde entier en ce moment.

 

En supplément à ce régime alimentaire précis, la thérapie de mon diabète passe par une activité physique journalière d’au moins une heure et un schéma médicamenteux adapté suivant l’autocontrôle régulier de ma glycemie (j’y reviendrai dans d’autres articles). Cette thérapie m’est entièrement personnelle. Chaque lecteur aura le loisir de s’en inspirer comme il le voudra, mais je lui recommande d’en discuter d’abord avec son médecin traitant afin de l’adapter pour un mieux à son cas personnel.

 

Pour terminer, je vous livre une astuce qui vous permet de manger même ce qui est défendu et malgré cela obtenir une glycémie postprandiale acceptable : respecter « la loi des petites quantités ». C’est quoi ?

 

Normalement, je ne puis manger la banane que j’adore, car une heure après, ma glycémie s’est envolée… Pourtant j’en mange. Un tiers ou un quart de banane me suffit, je m’en contente, mes papilles gustatives sont satisfaites et ma glycémie ne s’affole pas. Le reste de la banane est mise au réfrigérateur, jusqu’à un autre repas.

 

En diminuant la quantité consommée d’un aliment riche en glucides à absorption rapide, on baisse proportionnellement sa charge glycémique et le tout est joué…

 

Rappelez-vous la citation de Giorgio Nardone, dans “Le Régime Paradoxal” [12]:

 

«Si tu ne te l’accordes pas, tu ne pourras y renoncer.

 

Si tu te l’accordes, tu peux y renoncer».

 

 

 

A la prochaine, et portez-vous bien !

 

Luc Vangermeersch,  le 3 décembre 2014.

Bibliographie:

 

[1] Selon la FFD, Fédération Française des diabétiques, http://www.afd.asso.fr/diabetique/glycemie (consulté en novembre 2014)

[3] Bernstein R.K., «Dr. Bernstein’s Diabetes Solution», Ed. Little, Brown and Company, 2011, p.46.

[4] Seignalet, J., «L’alimentation ou la troisième médecine», Éd De l’œil, Collection Écologie Humaine, 2004.

[5] Lallement, M. «Les clés de l’alimentation santé – Intolérances alimentaires et inflammation chronique», Éd. Mosaïque-Santé, 2012.

[6] Vangermeersch L., «Vaincre le diabète T2 : l’Index glycémique», http://lucvangermeersch.over-blog.com/vaincre-le-diab%C3%A8te-t2-maigrir-est-une-%C3%A9vidence-9 (27 août 2013).

[7] Vangermeersch L., “Vaincre le diabète T2 : Les bons, les mauvais et les très mauvais sucres” http://lucvangermeersch.over-blog.com/vaincre-le-diab%C3%A8te-t2-10-les-bons-les-mauvais-et-les-tr%C3%A8s-mauvais-sucres (20 septembre 2013).

[8] Vangermeersch L., «Vaincre le diabète T2 : Toutes les graisses sont-elles mauvaises ?», http://lucvangermeersch.over-blog.com/2013/11/vaincre-le-diab%C3%A8te-t2-11-toutes-les-graisses-sont-elles-mauvaises.html (21 novembre 2013).

[9] Dupuis J-M., «Graisses saturées : le vent tourne en notre faveur»http://www.santenatureinnovation.com/graisses-saturees-le-vent-tourne-en-notre-faveur/ Santé Nature Innovation (26 novembre 2014)

[10] http://calamar.univ-ag.fr/deugsv/Documents/Cours/Bioch-Zinsou/Fructose.pdf (consulté en décembre 2014)

[11] N.d.l.r. : Une donnée connue en médecine traditionnelle chinoise : «la saveur amère se dirige vers le cœur-organe, et fait du bien au cœur».

[12] Vangermeersch L., «Vaincre le diabète T2 : Comment éviter ‘l’effet yo-yo’ d’un régime alimentaire ?» http://lucvangermeersch.over-blog.com/vaincre-le-diab%C3%A8te-t2-maigrir-est-une-%C3%A9vidence-8 (26 juillet 2013).

En cliquant sur l'agraphe ci-dessous, vous ouvrez la version Word7 en PDF.

Exemple de mode alimentaire suivi par un diabétique de type 2 dans le but de maigrir et d'éviter les complications de sa maladie.

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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 17:58

Vaincre le diabète T2 (14): L'insuline, cette inconnue

 

 

100 nuances de diabète

 

 

     Pour tous les diabétiques, aussi bien de type 1 que de type 2, ce tableau peut être fort utile: il permet de comparer les différents standards de mesure utilisés pour l'hémoglobine glucosylée ou glyquée (HbA1c) et les concentrations moyennes de glucose dans le sang. Ceci nous procure rien moins que 100 nuances différentes qui reflètent la gravité du diabète. La normalité se trouve en-dessous de 6,5 % d’HbA1c (DCCT/NGSP): en vert; en jaune, c'est un peu moins bien mais acceptable; la pathologie se trouve au-dessus de ce chiffre: en orange, rouge et violet (voir ci-dessous pour l’interprétation).

Remarque: la version WORD de l'article se trouve en bas de page.

 

100 nuances de diabète

 

HbA1c

en %

4,0

4,1 4,2 4,3 4,4   4,5 4,6 4,7 4,8 4,9
HbA1c en mmol/mol 20 21 22

23

25 26 27 28 29 30
Glycémie moyenne en mg/dL 68 71 74 77 80 82 85 88 91 94
Glycémie moyenne en mmol/L 3,8 3,9 4,1 4,3 4,4 4,6 4,7 4,9 5,1 5,2

HbA1c

en %

5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 5,6 5,7 5,8 5,9
HbA1c en mmol/mol 31 32 33 34 36 37 38 39 40 41
Glycémie moyenne en mg/dL 97 100 103 106 109 112 115 117 120 123
Glycémie moyenne en mmol/L 5,4 5,6 5,7 5,9 6,0 6,2 6,3 6,5 6,7 6,8

HbA1c

en %

6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 6,5 6,6 6,7 6,8 6,9
HbA1c en mmol/mol 42 43 44 45 46 48 49 50 51 52
Glycémie moyenne en mg/dL 126 129 132 135 137 140 143 146 149 152
Glycémie moyenne en mmol/L 7,0 7,1 7,3 7,5 7,6 7,8 7,9 8,1 8,2 8,4

HbA1c

en %

7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 7,5 7,6 7,7 7,8 7,9
HbA1c en mmol/mol 53 54 55 56 57 58 60 61 62 63
Glycémie moyenne en mg/dL 154 157 160 163   166 169 171 174 177 180
Glycémie moyenne en mmol/L 8,6 8,7 8,9 9,0 9,2 9,4 9,5 9,7 9,8 10,0

HbA1c

en %

8,0 8,1 8,2 8,3 8,4 8,5 8,6 8,7 8,8 8,9
HbA1c en mmol/mol 64 65 66 67 68 69 70 72 73 74
Glycémie moyenne en mg/dL 183 186 189 192 194 197 200 203 206 209
Glycémie moyenne en mmol/L 10,2 10,3 10,5 10,6 10,8 11,0 11,1 11,3 11,4 11,6

HbA1c

en %

9,0 9,1 9,2 9,3 9,4 9,5 9,6 9,7 9,8 9,9
HbA1c en mmol/mol 75 76 77 78 79 80 81 83 84 85
Glycémie moyenne en mg/dL 212 214 217 220 223 226 229 232 235 237
Glycémie moyenne en mmol/L 11,8 11,9 12,1 12,2 12,4 12,6 12,7 12,9 13,0 13,2

HbA1c

en %

10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6 10,7 10,8 10,9
HbA1c en mmol/mol 86 87 88 89 90 91 92 93 95 96
Glycémie moyenne en mg/dL 240 243 246 249 252 255 258 260 263 266
Glycémie moyenne en mmol/L 13,4 13,5 13,7 13,8 14,0 14,1 14,3 14,5 14,6 14,8

HbA1c

en %

11,0 11,1 11,2 11,3 11,4 11,5 11,6 11,7 11,8 11,9
HbA1c en mmol/mol 97 98 99 100 101 102 103 104 105 107
Glycémie moyenne en mg/dL 269 272 275 278 280 283 286 289 292 295
Glycémie moyenne en mmol/L 14,9 15,1 15,3 15,4 15,6 15,7 15,9 16,1 16,2 16,4

HbA1c

en %

12,0 12,1 12,2 12,3 12,4 12,5 12,6 12,7 12,8 12,9
HbA1c en mmol/mol 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117
Glycémie moyenne en mg/dL 298 301 303 306 309 312 315 318 321 324
Glycémie moyenne en mmol/L 16,5 16,7 16,9 17,0 17,2 17,3 17,5 17,7 17,8 18,0

HbA1c

en %

13,0 13,1 13,2 13,3 13,4 13,5 13,6 13,7 13,8 13,9
HbA1c en mmol/mol 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128
Glycémie moyenne en mg/dL 326 329 332 335 338 341 344 346 349 352
Glycémie moyenne en mmol/L 18,1 18,3 18,5 18,6 18,8 18,9 19,1 19,2 19,4 19,6

Tableau, inspiré de "50 shades of diabetes" de Diabetes.co.uk (http://www.diabetes.co.uk/downloads/infographics/50shades.png), comparant les standards de mesure DCCT/NGSP (exprimés en %) et IFCC (exprimés en mmol/mol) avec les concentrations moyennes du glucose sanguins (exprimées respectivement en mg/L et mmol/L).

 

 

   Un peu d'explications :

 

     Le tableau montre quatre modes de mesure standards en biologie médicale, avec chacun leur système de référence. Les deux premiers concernent l'hémoglobine glucosylée ou glyquée (HbA1c), les deux autres comparent les mesures de glucose dans le sang (concentrations moyennes de glucose ou glycémie moyenne) :

 

1) HbA1c exprimée en % de l'hémoglobine totale selon le DCCT (Diabetes Control and Complications Trial): le premier standard utilisé fin des années 1980 et toujours très utilisé par beaucoup de laboratoires. Un système très comparable au DCCT a été élaboré après aux Etats-Unis afin de mieux corréler les différentes méthodes disponibles, il s'agit du NGSP (National Glycohemoglobin Standardization Program). Il est également exprimé en % de l'hémoglobine totale. Généralement, on parle de la méthode standardisée DCCT/NGSP (1).

 

2) HbA1c exprimée en mmol/mol, selon le IFCC (International Federation of Clinical Chemistry):  une organisation internationale fondée en 1952 pour promouvoir une vision globale en chimie clinique et biologie médicale à travers le monde et à être l'organisation leader dans ce domaine. En 1995, l'IFCC a voulu standardiser techniquement d'une manière plus performante la mesure de l'HbA1c. Bien que venu plus tard, le standard IFCC est actuellement considéré comme la référence officielle (2, 3).

 

3) La concentration moyenne du glucose sanguin (glycémie moyenne) s'exprime

     en mg/dL (milligrammes par décilitre) ou en g/L (grammes par litre)

 

4) La concentration moyenne du glucose sanguin (glycémie moyenne) s'exprime

     en mmol/L (millimole par litre)

 

   Relation entre HbA1c et la concentration moyenne de glucose

     Les globules rouges ou hématies, contiennent une protéine, l’hémoglobine (Hb) qui donne sa coloration au sang et transporte l’oxygène des poumons vers les tissus. Comme toutes les protéines, les molécules d’hémoglobine sont susceptibles d’être modifiées par la fixation d’oses ou monosaccharides, principalement le glucose (phénomène dit de glycation des protéines).

     Cette fixation peut s’effectuer sur différentes catégories d’Hb, dont l’HbA1 composée de 4 sous-groupes :

  • l’HbA1a1 (pour la fixation du fructose 1-6 diphosphate),
  • l’HbA1a2 (pour la fixation du glucose-6-phosphate),
  • l’HbA1b (pour la fixation du pyruvate)
  • et surtout l’HbA1c qui fixe de manière irréversible la molécule de glucose.

 

     La quantité d'HbA1c est directement liée à la concentration moyenne de glucose dans le sang (relation directement proportionnelle). La durée de vie moyenne d'un globule rouge est de 120 jours environ. Comme une prise de sang va recueillir des globules rouges jeunes et vieux, l'ancienneté moyenne des globules rouges composant l’échantillon peut être estimée à 60 jours, et donc l’HbA1c témoigne de la fixation de glucose, au cours des 2 derniers mois (3 mois pour certains).

     Elle est donc une moyenne qui témoigne rétrospectivement des glycémies journalières datant d'une période de 2 à 3 mois, et c’est pourquoi elle est un des indices les plus intéressants, au même titre que les glycémies ponctuelles, dans le cadre de la surveillance d’un diabète.

     Ce tableau convertissant les valeurs de l'HbA1c en glycémies moyennes est donc un outil essentiel dans le suivi d'un diabétique: plus les valeurs augmentent, plus le risque de complications que peut encourir le patient s'aggrave (4).

 

 

Formules de conversion :

 

 

1) Pour convertir un résultat DCCT/NGSP (HbA1c exprimée en % de l'hémoglobine totale) en résultat IFCC (HbA1c exprimée en mmol/mol) (5), on peut utilser la formule suivante :

HbA1c en mmol/mol = [(HbA1c en %) - 2,152] x 10,929

 

2) Pour convertir un résultat IFCC (HbA1c exprimée en mmol/mol) en résultat DCCT/NGSP (HbA1c exprimée en % de l'hémoglobine totale) :

HbA1c en %  = (HbA1c en mmol/mol / 10,929) + 2,152

 

3) Pour convertir un résultat DCCT/NGSP (HbA1c exprimée en %) en glycémie moyenne (exprimée en mg/dL) (6) :

Glycémie moyenne (mg/dL) = [28,7 x HbA1c en %]- 46,7

 

4) Pour convertir le résultat d'une glycémie moyenne exprimée en mmol/L en glycémie moyenne exprimée en mg/dL ou en g/L, il suffit de multiplier le premier chiffre par 18 et 0,18 respectivement (7, 8). Quelques exemples :

 1 mmol/L = 18 mg/dL = 0,18 g/L

3 mmol/L = 54 mg/dL = 0,54 g/L

4 mmol/L = 72 mg/dL = 0,72 g/L

5 mmol/L = 90 mg/dL = 0,90 g/L

6 mmol/L = 108 mg/dL = 1,08 g/L

7 mmol/L = 126 mg/dL = 1,26 g/L

10 mmol/L = 180 mg/dL = 1,8 g/L, etc...

 

     Le fait de lier directement la mesure d'HbA1c à une concentration de glucose, permet une interprétation plus globale du résultat et fait entrevoir de plus petites variations.

 

     Remarquons que la comparaison des résultats successifs implique que la technique
de dosage utilisée par le laboratoire soit bien identifiée,
de sorte qu’un éventuel changement de celle-ci, soit intégrée dans leur interprétation.

 

     Les valeurs normales et pathologiques de l'HbA1c et de la glycémie, ainsi que leur interprétation en termes de gravité dans l'évolution d'un diabète, feront l'objet d'une publication ultérieure.

 

     Sachez cependant qu’au-delà d’un seuil d'environ 6,5% d'HbA1c, il y a une augmentation certaine du risque de complications :

  • le risque de complication macrovasculaire évolue proportionnellement à l'augmentation du % d’HbA1c,
  • le risque de complication microvasculaire progresse lui exponentiellement.

     A partir de 7,5% d'HbA1c et plus, les patients font bien de consulter d’urgence leur médecin afin d’adapter leur traitement et donc de prévenir ces complications.

 

     Par contre, plus le résultat se trouve en-deçà du chiffre de 6,5 % d'HbA1c, plus nous assistons à une diminution du risque de complications. L'idéal serait d'obtenir une HbA1c de 4,5% pour voir ce risque quasimment tomber à zéro, mais cet idéal se réduit généralement à un vœu pieux et n'est que rarement atteint en pratique.

 

A retenir :

 

HbA1c de 4,0 à 6,5% ou de 20 à 48 mmol/mol, correspondant à une glycémie moyenne de 68 à 140 mg/dL (ou 3,8 à 7,8 mmol/L) : diabète très bien à suffisamment bien réglé.

 

HbA1c au-dessus de 6,5% ou 48 mmol/mol, correspondant à une glycémie moyenne au-delà de 140 mg/dL (ou de >7,8 mmol/L) : diabète déréglé.

  

 

   A suivre.

      Luc Vangermeersch, 4 novembre 2014

 

Bibliographie :

[1] http://www.cscq.ch/SiteCSCQ/FichierPDF_FR/glucose-hba1c.pdf (consulté en octobre 2014)

[2] http://www.ngsp.org/ifccrs.asp (consulté en octobre 2014)

[3] http://www.ngsp.org/ifcc.asp (consulté en octobre 2014)

[4] http://www.diabete-vals.info/Comprendre/examens-hemoglobine.html (consulté en octobre 2014)

[5] http://www.diabeteschart.org/ptom.html (consulté en octobre 2014)

[6] http://professional.diabetes.org/glucosecalculator.aspx (consulté en octobre 2014)

[7] http://www.joslin.org/info/conversion_table_for_blood_glucose_monitoring.html (consulté en octobre 2014)

[8] http://www.phlaunt.com/diabetes/20898027.php (consulté en octobre 2014)

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 17:49

Photo : http://www.voixdespatients.fr

 

Diabète, cancer et stress : la relation

 

     Il est bon de temps en temps de distraire le lecteur en lui racontant des anecdotes. Celle-ci m’est arrivée tout récemment et me paraît particulièrement édifiante. Elle met en relation le diabète, le cancer et le stress. Nous allons voir qu’il existe entre ces affections un rapport indéniable.

 

     Il aura fallu que j’aille consulter une dermatologue pour un banal eczéma, pour que celle-ci me découvre un cancer, et oui… un mélanome situé sur le rebord postérieur du lobe de mon oreille gauche. Il s’agissait d’une grosse tache noire, comme un grain de beauté, qui pour moi restait invisible même dans un miroir. Un jour, en retournant le lobe de cette oreille pour je ne sais quelle raison, je m’en suis aperçu et dit à mon épouse qu’il vaudrait mieux que j’aille consulter en dermatologie. Mais l’examen fut différé et plus ou moins oublié.

 

     Finalement, un eczéma tenace à la jambe fit que je me rendis chez une spécialiste en dermatologie de ma région, connue pour son grand professionnalisme.

 

     Après les questions de routine sur mes antécédents et avoir entendu mes plaintes, celle-ci m’examina attentivement de la tête au pied, fit des photos de mes taches d’eczéma et déclara : « Ce n’est vraiment rien de grave, une pommade à base de cortisone pendant une dizaine de jours vous calmera les symptômes, ensuite on verra… ».

 

     Tranquillisé, je me souvins subitement de ma tache noire à l’oreille : « A propos, que pensez-vous de cette tache à l’oreille ? ». J’avais à peine terminé ma phrase que la doctoresse me dit : « Je l’avais remarquée ! Ceci est plus inquiétant et même très suspect. Vous avez ça depuis quand ? ». « Depuis deux ou trois ans », lui répondis-je sans grande conviction. Elle fit de nombreuses photos de la lésion en macrophotographie, et me les fit voir. « Je suis pratiquement certaine qu’il s’agisse d’un mélanome de Dubreuil », me déclara-t-elle. « C’est une forme de mélanome moins dangereuse que les autres, dû au soleil, et atteignant principalement les personnes âgées. Mais c’est en principe un cancer, et il vous faut une biopsie d’urgence ».

 

     J’étais abasourdi. La belle affaire, en plus de mon diabète, me voilà accablé par un cancer !... Il n’y avait aucun doute, cette excellente dermatologue n’avait pas raté son diagnostic : elle me montra tous les signes spécifiques présents en cas de mélanome et je dus bien me rendre à l’évidence.

 

     Cependant, l’intervention de cette doctoresse ne s’arrêtait pas là. En effet, ordonner une biopsie d’urgence à l’oreille en plein mois d’août en France n’est pas facile. Voici ce qu’elle me proposa : « Je donne quelques coups de téléphone à ‘La Timone’ (CHU de Marseille) aux services dermatologie et ORL (oto-rhino-laryngologie), et je vous arrange un rendez-vous pour effectuer la biopsie, en ambulatoire… Je vous appellerai dès que j’aurai des nouvelles ».

 

     Dans la voiture en rentrant chez moi, je racontai toute l’entrevue à mon épouse, et, ce faisant, je sentis déjà le stress s’emparer de moi. « Doit-on vraiment t’envoyer à Marseille pour une simple biopsie ? » me dit-elle. « N’y a-t-il pas un chirurgien à Avignon qui puisse le faire ? ». Je lui répondis qu’il ne s’agissait pas d’une simple biopsie, mais qu’il fallait en fait enlever et examiner sous le microscope la plus grosse partie d’un mélanome, un cancer de la peau potentiellement dangereux si par exemple ses cellules se disséminaient. Pour cette opération délicate, mieux valait s’adresser à un chirurgien compétant ayant la confiance du médecin traitant. Le service de dermatologie de ‘La Timone’ offrait ce service selon ma dermatologue. J’avais déjà décidé de lui faire confiance.

 

     Quelques jours plus tard, alors que le mois d’août s’avançait et qu’elle était maintenant elle-même en vacances, je reçu un coup de fil de ma dermatologue : « Vous avez rendez-vous dans deux jours à Marseille pour la biopsie. J’ai tout arrangé. Vous arrivez là à midi, vous serez d’abord vu par ma collègue dermatologue, ensuite par le chirurgien ORL qui pratiquera immédiatement l’intervention. Cela vous convient-il ? ».

 

     J’acceptai, bien-sûr. Un stress latent me taraudait l’esprit et je ne demandais pas mieux que de faire enlever cette tumeur le plus rapidement possible. Mais chapeau au médecin qui, pendant ses vacances, se préoccupe de ses malades de la sorte. Elle aurait pu attendre la rentrée au premier septembre. Je me dis que, sans doute, il y avait tout de même une certaine urgence…

 

 

 

 

 

L'hôpital "La Timone" à Marseille

 

 

 

 

 

 

     Le jour dit, à ‘La Timone’ les choses furent menées rondement : confirmation du diagnostic suspect par la dermatologue universitaire, et intervention sans problème sous anesthésie locale immédiatement après par le chirurgien ORL. Ce dernier me fit savoir que l’attitude lors du suivi dépendrait du résultat de la biopsie. Si le résultat indiquait une épaisseur trop grande du mélanome (l’indice de Breslow[1]) de plus de 0,76 mm, accompagné d’une perforation de la membrane basale de l’épiderme par celui-ci, il faudrait sans doute rechercher un ganglion satellite afin de déterminer s’il était éventuellement envahi, et alors le prélever. Il faudrait aussi pratiquer des scanners de la totalité du corps afin de rechercher d’éventuelles métastases !

 

     Il n’en fallait évidemment pas plus pour faire accroître mon stress. Seul élément rassurant : si le diagnostic se limitait à un « carcinoma in situ », ce qui désigne un cancer sur place, non-disséminé, alors il ne faudrait probablement procéder qu’à une deuxième intervention mineure sur l’oreille. Le tissu supplémentaire à prélever et le type d’opération à effectuer dépendraient du diagnostic anatomopathologique, c.à d. de l’épaisseur du mélanome dans ce cas de figure.

 

     Les soins post opératifs de la plaie me furent merveilleusement bien prodigués par les deux infirmières associées de mon village. Huit jours après l’intervention, elles purent ôter les fils et la plaie était guérie.

 

     J’étais donc en attente du protocole d’anatomopathologie de la biopsie pratiquée à ‘La Timone’. On m’avait dit que cela durerait 2 semaines environ pour l’obtenir. Au fur et à mesure que le temps passait, mon angoisse se précisait : et si ce mélanome s’était métastasé ? Il ne me resterait plus alors qu’à subir la chimio, des souffrances qui n’iront qu’en s’aggravant, pour aboutir à quoi ? Je ne connaissais que trop bien le pronostic des mélanomes métastasés : la mort dans presque tous les cas. Même à 70 ans, je trouvais cela un peu tôt. Ma seule consolation si ça devait être le cas: retourner en Belgique et, le moment voulu, demander l’euthanasie.

 

     Oui j’étais pessimiste, car réaliste. Toute ma vie, j’ai eu horreur de la souffrance, tant pour les autres que pour moi-même. Sans doute est-ce essentiellement pour cette raison que j’ai voulu devenir médecin. Devenir dépendant m’est tout aussi insupportable. En aucun cas je ne désire devenir une charge pour mon épouse, pour mes enfants, pour la société. Heureusement, mourir dignement, sans trop de souffrances, quand et comment on le décide, n’est plus une utopie aujourd’hui.

 

     Le verdict allait tomber. Il ne restait plus qu’un jour avant la date présumée. Ma patience était à bout. Le doute m’était devenu insupportable. Ma souffrance morale devait maintenant s’arrêter. Nerveux, je pris mon téléphone et appelai ‘La Timone’ : « Service de dermatologie ? J’appelle pour mon résultat… ». La secrétaire : « Oui Monsieur, veuillez épeler votre nom…. Votre résultat n’est pas arrivé ». Je lui demande qu’elle veuille bien me le communiquer par e-mail dès réception. Réponse : « Nous ne communiquons aucun résultat aux malades. Il faut que vous le receviez du médecin dermatologue personnellement ». Je lui demande si le médecin me contactera ? Réponse : « Je lui transmets le message… Bonne journée ».

 

     Comme service public s’adressant à des malades bien souvent en souffrance, il y en a de plus aimables…

 

     Entretemps, un autre problème avait surgi : mon diabète (de type 2) commençait à se dérégler légèrement. Mes glycémies moyennes, situées d’habitude entre 80 et 90 mg/dL (= entre 4,4 et 5 mmol/L) montaient allégrement jusqu’au-delà de 100 mg/dL (5,5 mmol/L) sans que je ne puisse en déceler la cause à première vue : pas de changement alimentaire ni de mode de vie, pas d’infection ni d’inflammation, pas de changement de poids. J’adaptai légèrement les doses d’insuline à la hausse, mais rien n’y fit. Après avoir éliminé tous les facteurs pouvant engendrer une hausse de la glycémie, il n’en restait plus qu’un de vraiment plausible : le stress.

 

     En effet, le stress ne me quittait plus. Il était pesant, permanent, insupportable. Ce n’était pas un petit énervement passager de rien du tout : il engendrait chez moi des palpitations, des tremblements, des rêves perturbés, des réveils fréquents. Pour moi, il ne faisait pas de doute que la hausse des hormones sympathicotoniques (adrénaline, noradrénaline, cortisol) engendrées par le stress, était aussi à la base du dérèglement glycémique.

 

     La délivrance vint par un simple coup de téléphone : celui de la dermatologue de ‘La Timone’ : « Monsieur, votre résultat est plutôt rassurant. Il s’agit bien d’un mélanome, mais au stade de « carcinoma in situ », localisé donc. Une seconde intervention sur votre oreille sera nécessaire et je vous la conseille : le prélèvement de 0,3 cm de tissu supplémentaire vous mettra à l’abri de toute rechute éventuelle… Aucun autre traitement ne sera encore nécessaire ».

 

     Mon éclatement de joie fut immense. La petite intervention « de nettoyage » ne me gênait nullement. Au contraire, mieux valait ne prendre aucun risque. J’allais donc échapper au pire des maux, le cancer, et pas n’importe quel cancer…

 

     D’emblée, moins d’une heure après l’excellente nouvelle, mes glycémies baissaient ! Je pus même réduire l’insuline comme avant. Le stress était tombé.

 

*

*     *

 

Conclusion :

  1. Selon plusieurs études, il existe un rapport incontestable entre le diabète et certains types de cancer [2], [3], [4]. Cependant, je n’ai pas trouvé d’articles indiquant une incidence augmentée du diabète en cas de mélanome malin.

 

  1. Stress et diabète ne font pas bon ménage non plus. Quelques études intéressantes documentent ce sujet [5], [6], [7].

 

  1. Par cet article anecdotique personnel, j’ai voulu mettre en lumière ces deux aspects.

 

   Luc Vangermeersch, 13 octobre 2014

 

Bibliographie :

 

[2] Harrison, P. “Prediabetes Associated With Increase in Cancer Risk”, Diabetologia. Published online September 8, 2014. Link: http://www.medscape.com/viewarticle/831375?nlid=65285_1982&src=wnl_edit_medn_fmed&uac=202285ET&spon=34

[3] http://www.em-consulte.com/article/219293 (consulté le 17/09/2014): Simon, D. « Diabète et cancer » Doi : MMM-05-06-2009-3-3-ENCOURS-101019-200904620

[4] http://rms.medhyg.ch/numero-252-page-1193.htm (consulté le 17/09/2014): Gariani, K., Tran, Ch., Philippe J., « Diabète et cancer : une association pernicieuse », Rev Med Suisse 2010;6:1193-1198

 

 

 

 

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10 juin 2014 2 10 /06 /juin /2014 15:09

Vaincre le diabète T2 (14): L'insuline, cette inconnue

Les premiers symptômes du diabète

 

Avis au lecteur: la version WORD en PDF se trouve en bas de page.

 

     Dans les discussions et forums sur le diabète, la question de ne pas négliger les premiers symptômes surgit fréquemment. C’est une question fort importante en effet, car il est primordial de pouvoir déceler la maladie le plus tôt possible. Effectivement, le diagnostic précoce permet une intervention médicale appropriée qui, au plus elle est rapide, diminuera davantage les risques de complications et d’une évolution morbide.

 

     La plupart des traités de médecine disent que, tant dans le diabète de type 1 (insulinodépendant à cause de son manque quasiment absolu d’insuline) que dans celui de type 2 (non insulinodépendant car ici il y a à la fois une insuffisance et un manque relatif de l’insuline), les symptômes sont semblables[1], puisque l’hyperglycémie chronique, cause principale des symptômes, est pratiquement présente en permanence dans les deux types. Les symptômes mentionnés dans les traités sont donc invariablement les mêmes:

 

  • Un amaigrissement inexpliqué.
  • Les 3 polys (Latin pour dire beaucoup): polyurie (élimination excessive d'urine), polydipsie (soif anormale et besoin de boire beaucoup), polyphagie (faim exagérée et besoin de manger de grandes quantités).

 

     Cependant, s’il est possible de voir apparaître ces symptômes dans les deux types de diabète, leur mode d’apparition et leur gravité sont certainement très différents selon l’apparition de l’un ou de l’autre type. Analysons maintenant les symptômes appartenant à chaque type, et constatons les similitudes et les différences:

 

 

Symptômes du diabète de type 1

 

     Dans le type 1, les symptômes graves s’installent d’emblée, car l’insuline manque très rapidement. On observe[2]:

 

  • Un mode de début souvent brutal, à un âge jeune, souvent moins de 30 ans (diabète juvénile).
  • Une élimination fréquente (pollakiurie) et très abondante (polyurie) d'urine; il est fréquent de se lever la nuit pour aller uriner (nycturie) ou encore énurésie nocturne chez l’enfant (le pipi au lit).
  • Une augmentation de la soif et absorption de liquides en grande quantité (polydipsie).
  • Une augmentation de la faim avec une absence de sensation de satiété, traduisant un excès dans le comportement alimentaire (polyphagie, c.à.d. manger beaucoup).
  • Une vision trouble (voir plus loin dans le texte).
  • Une fatigue importante, de l’asthénie (un état de faiblesse générale).
  • Une perte de poids ; amaigrissement malgré la polyphagie, car l’insuffisance d’insuline diminue la lipogenèse et augmente la lipolyse.

A pair of loose-fitting jeans.

 

 

L’amaigrissement rapide et sans raison apparente peut être le premier symptôme dans le diabète de type 1 [3]

 

 

 

 

 

 

  • Examens de laboratoire : hyperglycémie importante, glycosurie, cétonurie, hyperlipidémie, protéinurie (voir ci-dessous pour plus de détails).
  • Parfois, l’on observe dès le début des signes de complications (voir ci-dessous).
  • Une tendance à l’acidocétose qui est habituelle sans traitement et peut aboutir à des troubles de la conscience et au coma. Le coma acido-cétosique est dans la majorité des cas une complication du diabète de type 1 connu ou non, mais il peut aussi survenir au cours d'un diabète de type 2 en état d'agression (infection, infarctus du myocarde, etc.)[4].

 

Symptômes du diabète de type 2

 

  • Il survient généralement chez un sujet plus âgé, passé 30-35 ans (diabète tardif), bien qu’il soit aujourd’hui possible de le voir apparaître chez des adolescents obèses, voire même chez des enfants.
  • À ses débuts, le diabète de type 2 est souvent asymptomatique ou insidieux, c’est-à-dire qu’il entraîne peu ou pas de symptômes. Il peut donc passer inaperçu durant plusieurs années. C'est bien là le problème, car un diabète qui évolue sans qu’on le sache reste sans traitement, ce qui peut accélérer la venue des complications qui, généralement, ne surviendront que bien plus tard ou même pas du tout sous traitement.

 

Certaines personnes peuvent toutefois présenter des symptômes causés par l’hyperglycémie, tels que [5] :

 

  • Un  besoin fréquent d’uriner, surtout la nuit, mais moins marqué que dans le type 1. Les reins produisent plus d’urine pour tenter d’éliminer le surplus de glucose dans le sang.
  • L’augmentation de la soif avec polydipsie n’est pas nécessairement présente ou est peu marquée; une sensation de bouche sèche n’est pas rare.
  • Augmentation de la faim et polyphagie modérée ou forte avec besoin de sucré surtout ; l’hyperinsulinémie réactionnelle suite à l’ingestion de mauvais glucides (à indice et charge glycémique hauts) provoque une hypoglycémie relative qui force l’organisme à redemander du sucre. C’est un cercle vicieux qui s’installe : la prise de sucre appelle le sucre. Il est bien plus addictif pour le cerveau qu’on ne l’admet généralement.

 

 

 

 

Illustration des types d’obésité androïde (pomme) ou gynoïde (poire)[6]. Dans le diabète de type 2, c’est l’obésité viscérale ou androïde qui prédomine (la bedaine).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Le sujet garde son poids ou a tendance à grossir (diabète gras) ; souvent, le patient est en surpoids ou obèse (il s’agit d’obésité viscérale, de type « pomme »), car au début, l’insuline est libérée de façon importante et reste bien active sur la stimulation de la lipogenèse tout en freinant la lipolyse. Il ne commence à maigrir qu’en cas de dérèglement grave (fortes hyperglycémies accompagnées de glycosurie, c’est-à-dire la perte de glucose par les urines liée à une glycémie trop importante).
  • Une somnolence excessive qui se remarque surtout après les repas.
  • Chez les personnes plus âgées (>60 ans) qui ne boivent pas assez, et même parfois en cas de diabète T2 méconnu, la déshydratation due à la perte d’eau et d’électrolytes accentuée en cas de glycosurie, peut entraîner des symptômes neurologiques tels que torpeur, troubles visuels, convulsions, et aboutir à une forme de coma diabétique hyperglycémique non cétosique (coma hyperosmolaire).

 

  • Examens de laboratoire:

     

    • Hyperglycémie chronique, glycémie à jeun à plus de 126 mg/dL (> 7 mmol/L) ; hyperglycémie postprandiale (après les repas) dépassant largement la glycémie à jeun.
    • Hémoglobine glyquée (ou glycosylée, HbA1c) > 6,5 % de l’hémoglobine totale (ou > 48 mmol/mol, > 140 mg/dL, > 7,8 mmol/L).
    • Hyperlipidémie associée (augmentation des triglycérides et abaissement du [bon] cholestérol HDL dans le sang). Déjà présente dans le prédiabète ou syndrome métabolique qui précède le vrai diabète de type 2, elle représente un facteur de risque cardiovasculaire majeur dans le diabète de type 1 ou 2. Aggravé par l’obésité et le mauvais contrôle glycémique, cet excès de mauvaises graisses s’améliore nettement par un mode alimentaire approprié.
    • Glycosurie à partir d’une glycémie dépassant le seuil rénal, c’est-à-dire > 150 - 180 mg/dL ou > 8,5 – 10 mmol/L de taux de glucose dans le sang; normalement, la glycosurie doit être nulle.
    • Protéinurie (présence de certaines protéines dans l’urine) : souvent une microalbuminurie comme signe précoce d’une détérioration de la fonction rénale par lésion micro-angiopathique (lésion des petits vaisseaux sanguins).
    • Le « coma » hyperosmolaire (le sujet peut en fait être conscient) se définit par une osmolarité plasmatique > 350 mOsm/L (valeur physiologique située entre 280 et 300 mOsm/L dans le plasma sanguin), une glycémie ≥ 600 mg/dL (≥ 44 mmol/L), théoriquement sans cétose ni acidose, mais une cétose modérée (traces à une croix) est possible. Il s’agit d’une complication grave du diabète surtout de type 2, mortelle dans la moitié des cas, d’autant plus qu’elle atteint surtout les sujets âgés[7].

 

Les signes et symptômes de complications dus à l’hyperglycémie chronique communs aux 2 types de diabète :

 

     S’ils peuvent être relativement précoces dans le diabète de type 1 (surtout s’il est mal équilibré), ils ne surviennent que plus tardivement dans le type 2, parfois même après plus de 10 années d’évolution:

 

  • Des infections plus fréquentes, une guérison plus lente des plaies, un ralentissement de la cicatrisation des coupures ou des lésions. Il s’agit d’infections bactériennes ou à champignon (mycoses, p.ex. la candidose): des infections urinaires (cystite, pyélonéphrite), de la peau (p.ex. furonculose), du vagin (mycose vaginale), du gland et du prépuce (balanite = inflammation du gland). Avec ou sans prurit (démangeaison) ou une sensation de brûlure, ces signes attirent souvent l’attention. Sachez qu’un prurit anal isolé peut être le tout premier symptôme d’un diabète.
  • Les infections dentaires (parodontose ou inflammation des gencives, pulpite ou inflammation de la pulpe du canal dentaire, abcès dentaire, etc.) sont très fréquentes dans les deux types de diabète et dénotent la présence de glycémies trop hautes.
  • Des signes d’inflammation, des douleurs et raideurs articulaires (p.ex. de l’arthrite, de l’arthrose).
  • Des signes de macro-angiopathie avec atteinte des gros vaisseaux, tels que :
    • des troubles cardiaques (angine de poitrine, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, cardiomyopathie) ; une visite régulière chez le cardiologue s’impose.
    • des troubles vasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral ou AVC, angiopathie des membres inférieurs nécessitant parfois l’amputation du membre atteint).
  • Des signes de micro-angiopathie (altération de la paroi des petits vaisseaux), p.ex. :
    • dans la rétinopathie diabétique (pouvant amener des troubles visuels allant de la vision floue jusqu’à la cécité) ; tout malade diabétique doit être examiné par un ophtalmologiste au moins une fois par an.
    • dans l’atteinte  rénale menant à une insuffisance rénale ; un des premiers signes est la microalbuminurie.
    • dans l’atteinte nerveuse, tant motrice que sensitive, menant à la neuropathie diabétique (p.ex. une perte de sensibilité aux pieds et éventuellement aux mains, une gêne à la marche, de la polynévrite ou douleur aux nerfs, de l’impuissance à cause d’un dysfonctionnement érectile, de la gastroparésie diabétique, etc.).
  • D’autres troubles visuels, tels que de la cataracte (opacification du cristallin avec vision floue), très souvent associée au diabète[8] (2 à 4 fois plus fréquente que chez le sujet non diabétique). Mais aussi de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), du glaucome[9], des troubles de la dilatation pupillaire (l’anisocorie, ou différence de taille entre les 2 pupilles); ces derniers sont soit bénins (p.ex. liés à l’atteinte du système nerveux autonome) soit graves (en cas d’atteinte neurologique p.ex. dans l’accident vasculaire cérébral ou AVC).
  • Les troubles cognitifs (troubles de la mémoire à court terme, démence) sont favorisés par le diabète.
  • Le pied diabétique survient suite à la neuropathie et/ou l’angiopathie diabétique. En cas de neuropathie, une diminution de la sensibilité prédomine (pied indolore). En cas d’angiopathie (pied ischémique), on observe surtout un pouls absent, un pied froid et douloureux, mais une sensibilité conservée. Souvent, on assiste à un mélange des deux sortes de symptômes. L’insensibilité permet des lésions traumatiques minimes du pied qui ne sont pas perçues par le patient et qui sont susceptibles de s’infecter et d’évoluer vers l’ulcération. Le manque d’irrigation provoque de la sécheresse cutanée, des fissures cutanées,  des ongles dystrophiques, de l’hyperkératose. Il peut s’ensuivre une infection sévère avec lymphangite étendue et zones nécrotiques. Cela peut mettre en danger le membre atteint (nécessité d’amputation) et même la vie du patient s’il y a un état septique. Les troubles trophiques des pieds sont fréquents et relèvent de soins spécifiques (par exemple en diabétologie, au centre de prise en charge du pied diabétique).
  • La gastroparésie diabétique (paresse de l’estomac) est une complication chronique du diabète. Il s’agit d’une atteinte de la régulation neuro-végétative de l’estomac liée à l’exposition à une hyperglycémie chronique prolongée (en moyenne 10 ans)[10]. Cette affection peut être source de dangereuses hypoglycémies surtout chez les diabétiques insulinodépendants.

 

     La prévention des complications du diabète nécessite un bon contrôle de l'équilibre glycémique et de la pression artérielle, une hygiène de vie adaptée (augmentation de l’activité physique), et surtout un changement radical du mode alimentaire (pauvre en mauvais glucides, suffisamment riche en bonnes graisses et en protéines de toute origine : lire les articles précédents). En tenant compte de ces directives, certains symptômes et complications peuvent disparaître.

 

 

     Ce qu’il faut retenir :

 

  • Le diagnostic précoce du diabète est primordial afin d’éviter ou de reporter ses complications, voire même de les inverser.
  • Les premiers symptômes peuvent être très divers et disparates. Ils diffèrent individuellement.
  • Les symptômes du diabète de type 1 et de type 2 diffèrent quant à leur gravité et leur mode d’apparition.
  • Les symptômes communs du type 1 et du type 2 sont les 3 polys : polyurie, polydipsie, polyphagie, mais leurs modalités sont différentes.
  • Une pléiade de petits signes peuvent faire suspecter un diabète. Au patient et/ou au médecin de faire faire les examens de dépistage appropriés dès le moindre doute.
  • Le diabète de type 2 est une cause majeure d’hypertension artérielle, d’atteinte cardiaque, d’insuffisance rénale, de cécité et de troubles de l’érection.

 

 

Tableau récapitulatif des caractéristiques du diabète type 1 et type 2 [11]:

 

 

Type 1 ou diabète insulinodépendant (DIDD)

Type 2 ou diabète non insulinodépendant (DNIDD)

Prévalence (en % de tous les diabétiques T1 et T2)

10%

90%

Âge du début

Souvent moins de 30 ans

Souvent plus de 30 ans

Poids initial

Sujet non obèse

Sujet souvent obèse

Mode de début

Souvent brutal

Insidieux

Polyurie et soif

Marquées

Peu marquées

Polyphagie et changement de poids

Polyphagie + amaigrissement

Polyphagie légère ou forte avec prise de poids (excepté dans un stade avancé)

Acidocétose (sans traitement)

Habituelle

Absente

Complications vasculaires

Surtout microangiopathie (lésions des petits vaisseaux)

Surtout macroangiopathie (lésions des gros vaisseaux, athérosclérose)

Sécrétion d’insuline endogène

Très diminuée ou absente

Présente ou peu diminuée au début (absence de phase 1)

Insulinodépendance

Oui

Non, excepté au stade avancé

Taux plasmatique d’insuline

Très bas ou nul

Souvent assez haut au début, mais change d’aspect après

Insulinorécepteurs

Rarement affectés

Souvent affectés (insulinorésistance)

Risque pour un enfant

  • de père diabétique
  • de mère diabétique

 

6%

1 à 2 %

 

 

20 à 50%

20 à 50 %

 

(A suivre)

 

Luc Vangermeersch, 7 juin 2014

 

 

 

Bibliographie :

 

(La consultation des sites web référés pour cet article, eut lieu en mai 2014)

 

 

 

[1] Fattorusso V, Ritter O : « Vademecum clinique, du diagnostic au traitement », Éd. Masson 2001, p. 1178.

[2] http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=diabete-type1-pm-symptomes-du-diabete-de-type-1

[3] http://www.medicinenet.com/type_1_diabetes_pictures_slideshow/article.htm

[4] http://www.jle.com/e-docs/00/00/C4/73/article.phtml

[5] http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=diabete-type2-pm-symptomes-du-diabete-de-type-2

[6] http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fimages.mypharma.be%2FUserFiles%2FUploads%2FDossiers%2Fappelpeer.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.pharmacieloise.be%2Ffr%2Fdefault%2F1006433%2FSant%25C3%25A9%2520A-Z%2FDossiers%2FSurpoids%2520et%2520ob%25C3%25A9sit%25C3%25A9.aspx&h=322&w=411&tbnid=KYbdnA-2DXL33M%3A&zoom=1&docid=TQqsThL9d8aFfM&ei=UCpyU8jkL4Hb0QXVlIHABA&tbm=isch&client=firefox-a&iact=rc&uact=3&dur=547&page=1&start=0&ndsp=8&ved=0CGEQrQMwAg

[7] http://www.chups.jussieu.fr/polys/endocrino/poly/POLY.Chp.24.2.html

[8] http://www.docvadis.fr/thierry-amzallag/page/les_pathologies/op_ration_de_la_cataracte/cataracte_et_diabete.html

[9] http://www.aidonslesnotres.fr/les-symptomes-et-les-pathologies/article?urlTitle=le-diabete-du-sujet-age&gclid=CNm7_ar8qL4CFYjjwgodygQAsA

[10] http://www.soc-nephrologie.org/PDF/epart/industries/gambro/2012/10-fontaine.pdf

[11] Fattorusso V, Ritter O : « Vademecum clinique, du diagnostic au traitement », Éd. Masson 2001, p. 1179.

Les premiers symptômes du diabète en PDF (version Word)

Vaincre le diabète T2 : Les premiers symptômes du diabète
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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 18:55

 

Toutes les graisses sont-elles mauvaises ?

 

Remplacez les mauvais sucres par de l’huile d’olive et des oméga-3, et vous vous sentirez mieux…

 

Ou comment modifier le rapport classique du besoin calorique journalier en macronutriments :

Glucides 50-60%, lipides 30-35%, protéines 20-5% (l’officiel)

Pour arriver au rapport idéal :

Glucides 40-50%, lipides 35-40%, protéines 25-10% (notre thèse)

 

 

 

     Rien de plus difficile que de parler des graisses et des huiles (les lipides), tellement le sujet est vaste et complexe. En vulgarisant trop dans ce domaine, on court le risque de tomber dans l’erreur ou d’être incomplet. Comme ces pages ne sont pas un cours de médecine, mais tendent à informer un large public de manière simple, nous tâcherons de nous limiter à l’essentiel, quitte à revenir sur certains points importants dans des numéros ultérieurs.

   Les lipides, en chimie organique, c’est quoi ?

     A peu près 95 % des lipides alimentaires sont des “triglycérides” également appelés triacylglycérols ou triacylglycérides. Ce sont des molécules de glycérol dans lesquelles les 3 groupements hydroxyle (CO-OH) du glycérol sont estérifiés par des acides gras.

 

CH2-O-CO-R1
|
CH-O-CO-R2                    La formule chimique générale des triglycérides
|
CH2-O-CO-R3


R1, R2 et R3 sont des chaînes carbonées d'acides gras. Les trois acides gras ne sont pas nécessairement les mêmes.

     Le glycérol n’ayant que peu d’intérêt nutritionnel, nous aborderons ici essentiellement les “acides gras”. Ce sont eux qui qui donnent leurs propriétés aux graisses et donc sont importants pour l’équilibre du métabolisme. Nous parlerons des autres lipides, notamment du cholestérol à une autre occasion.

 

     C’est un sujet particulièrement controversé, encore toujours à l’heure actuelle, que celui de savoir s’il faut manger moins gras pour rester en bonne santé. Que ne nous rebat-on pas les oreilles depuis des années que les graisses sont mauvaises, sinon, gare aux maladies cardiovasculaires (les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux [AVC], l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque) ! Et évidemment toujours le diabète, la maladie d’Alzheimer, bref un grand nombre de maladies dites de ‘civilisation’.

 

   Et s’il en était autrement ?

 

     Malgré les études récentes, de plus en plus nombreuses, montrant que la plupart des graisses ne sont pas si mauvaises que ça, et que certaines (l’huile d’olive et les oméga-3) sont devenues célèbres pour leurs extraordinaires propriétés protectrices notamment contre les maladies cardiovasculaires[1], les instances officielles n’ont pas arrêté, et continuent de préconiser une diminution de celles-ci à 30-35% de l’apport énergétique et d’augmenter la part des glucides jusqu’à parfois 60%. C’était la politique de santé menée aux Etats-Unis depuis les années 1970. Mais depuis, le nombre de personnes en surpoids y a doublé et le nombre de diabétiques triplé !  Et comme cause principale de mortalité, les maladies cardiovasculaires s’y trouvent toujours au hit-parade[2].

 

     Nous savons aujourd’hui que cette politique, qui a émigré des Etats-Unis vers l’Europe, n’a aucun sens et qu’elle est délétère à la santé.

 

     Une étude sur plus de 300 personnes du New England Journal of Medicine comparant trois régimes différents (un régime pauvre en graisses, un régime de type Méditerranéen, et un régime pauvre en glucides) montre que le régime pauvre en glucides conduit au meilleur profil lipidique dans le sang et permet une perte de poids plus importante[3].

 

   Quelles sont les bonnes graisses alimentaires, et quelles sont les mauvaises ?

 

     Contrairement aux idées établies, toutes les graisses ne sont pas mauvaises, loin s’en faut. Bien que difficile à admettre pour certains, la plupart des graisses ne jouent qu’un rôle mineur dans la pathogénèse, c.à d. les mécanismes induisant les maladies cardiovasculaires. En réalité, la part des (mauvais) glucides y est bien plus prépondérante[4]. J’ai tenté de montrer dans l’article N° 10  « Les bons, les mauvais et les très mauvais sucres » que la consommation de mauvais glucides s’avère extrêment néfaste pour la santé.

 

     Beaucoup de lipides sont en réalité indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Même certaines graisses saturées, pourtant tellement décriées, s’avèrent utiles au métabolisme[5]. Le tout est de savoir choisir et de distinguer les bonnes graisses des mauvaises, et d’éliminer le plus possible ces dernières de notre alimentation. Commençons par les pires, pour terminer par les meilleures :

 

  1.   Les acides gras “trans”, les pires de tous.

 

     De toutes les graisses alimentaires, les “trans” sont incontestablement les plus malsaines. Issu majoritairement de l’industrie agro-alimentaire, le gras “trans” est obtenu en chauffant des bonnes huiles insaturées “cis” à haute température (≥160° C = 320º F) en les hydrogénant afin de les rendre solides . Ce procédé de durcissement les rend aussi plus stables à la chaleur et à l’oxydation, ce qui en soi pourrait être une bonne chose car une graisse oxydée est nocive. De plus, cette consistance rend ces produits manufacturés plus moelleux et donc plus attractifs. Mais malheureusement, cette transformation industrielle produit aussi les fameux acides gras “trans”, reconnus très néfastes pour la santé. Ils forment des sous-produits de dégradation non naturels et toxiques pour l’organisme (causes d’artériosclérose et d’inflammation diffuse) en interagissant avec d’autres substances et en ne s’éliminant que difficilement. Ils ralentissent et dérèglent le métabolisme.

 

     Les acides gras “trans” se retrouvent dans d’innombrables aliments préparés en vente dans les grandes surfaces et des boulangeries-pâtisseries industrielles, à commencer par les margarines. Méfiez-vous aussi des fritures et de toutes les friandises commerciales, gâteaux, biscuits, viennoiseries, et autres produits de panification utilisant du gras “trans” pour en améliorer le goût et l’onctuosité. Á éviter à tout prix !

 

  1.   Les acides gras saturés (AGS), les mal aimés des cardiologues

 

     Bien que considérés comme mauvais en général par beaucoup de médecins, tous ne doivent pas être mis dans le même panier : il y en a quelques-uns de malsains, d’autres sont nettement bénéfiques et même indispensables à la santé.

 

Ce sont des acides gras dont les atomes de carbone (C) sont totalement saturés en hydrogène (H). Toutes les liaisons entre les carbones sont simples ( ― C ― C ― C ― ), il n’y a pas de liaison double carbone-carbone (― C = C ― ) . Ceci leur procure une consistance plus solide et plus gluante à température ambiante (leur point de fusion étant plus élévé que celui des acides gras insaturés). Si cette consistance est appréciée par les arts culinaires utilisant le beurre, elle l’est moins en médecine, car ces acides gras saturés pourraient aussi bien adhérer aux fonds des assiettes qu’aux parois artérielles, entraînant donc, pour ceux qui en mangent trop, un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires. Cependant, certains acides gras saturés ne jouent pas un rôle aussi néfaste que leur attribuent la plupart des cardiologues.

 

     Ils jouent un rôle indispensable de combustibles pour fabriquer de l’énergie dans les mitochondries (sous forme d’ATP, l’adénosine triphosphate). Les acides gras saturés à longue chaîne (à partir de 16 atomes de carbone) participent à la construction des membranes et peuvent, grâce à une enzyme, appelée désaturase, incorporer des doubles liaisons carbone-carbone (― C = C ― ) pour former des acides gras insaturés.

 

     Grâce à l’absence de double liaison carbone-carbone, ils sont aussi plus stables et peuvent être chauffés sans trop de dommages. Ainsi, l’huile de noix de coco, qui contient de l’acide laurique (C12:0) pour 45%, est unes des huiles les moins nocives à utiliser pour les fritures.

Coprahs (albumen séché de la noix de coco)

 

Coprahs (albumen séché de la noix de coco)

 

L'huile de coco ou huile de coprah est une huile végétale fabriquée à partir de l'albumen séché de la noix de coco, appelé coprah.

 

 

 

 

     Certains acides gras saturés font baisser le cholestérol, d’autres l’augmentent. Certains sont anti-inflammatoires et anti-infectieux, d’autres élèvent le taux de C-reactive protein (CRP), vecteur inflammatoire. Certains sont anticancéreux, d’autres augmentent le risque de cancer. Certains augmentent l’insulino-résistance[6], d’autres raccourcissent le temps de coagulation, et d’autres encore augmentent le risque d’une dégénération maculaire liée à l’âge. Nous aurons probablement l’occasion de revenir plus tard sur les rôles spécifiques des principaux acides gras saturés.

 

     Pour l’instant, retenons donc qu’il y a du bon et du mauvais. Tous les acides gras saturés ne sont pas métabolisés de la même façon et tous ne présentent pas le même risque cardiovasculaire.

 

     D’autre part, il s’agit de relativiser la dangerosité des acides gras saturés liée à leur action hypercholestérolémiante. Si l’on considère, comme le fait Michel de Lorgeril[7], que le cholestérol n’a que peu d’impact sur la pathogénèse des accidents  cardiovasculaires, et en particulier sur la mort subite, alors certains de ces acides gras saturés (dont on dit qu’ils augmentent le vilain cholestérol) ne sont pas aussi néfastes que la médecine officielle le prétend. Je pense ici à l’huile de noix de coco qui contient 45% d’acide laurique, 17% d’acide myristique et seulement 8% d’acide palmitique. Si on peut relativiser la dangerosité des premiers acides gras cités, il convient de se méfier du troisième qui fait plus qu’augmenter le cholestérol, mais il est en minorité. L’acide palmitique augmente en effet l’insulinorésistance de 24% chez les obèses6.

 

     Cependant, indépendamment du cholestérol, un trop forte consommation d’acides gras saturés (par exemple l’acide palmitique) peut stimuler la coagulation, ainsi que la réactivité plaquettaire, et augmenter ainsi le risque de caillots dans les artères (notamment les artères coronaires avec risque d’infarctus du myocarde). Je désire en outre souligner que le cholestérol n’est pas un facteur médiateur, ni des fonctions plaquettaires, ni de la coagulation, et qu’il ne joue donc aucun rôle dans la formation de caillots, cause des infarctus.

 

     Par contre, les fortes consommations de graisses saturées sont généralement associées à de faibles consommations de graisses polyinsaturées, notamment les excellents oméga-3, qui diminuent le risque de décès par arythmie cardiaque et diminuent l’instabilité des plaques athéromateuses[8].

 

     Une autre remarque concerne la différence qualitative entre un acide gras saturé naturel (tel que par exemple les 25% d’acide palmitique contenu dans le lait maternel, ce qui ne peut être mauvais) et celui produit “artificiellement” par l’industrie agro-alimentaire. Après extraction par solvant chimique, raffinage, décoloration et surtout désodorisation (par chauffage à 270 ° C sous vide), les huiles industrielles perdent irrémédiablement beaucoup de leurs qualités et propriétés nutritives par rapport aux huiles naturelles appelées “extra-vierges de première pression à froid”. Évidemment, ce sont les huiles industrielles qui sont malsaines et qu’il convient d’éviter le plus possible.

 

     Les acides gras saturés proviennent principalement des graisses animales, les produits laitiers non écrémés et les huiles de noix de coco et de palme. Parmi les viandes, ce sont surtout celles de mouton, de bœuf, d’oie et de porc qui en sont riches (le canard , le poulet, le lapin et le veau en contiennent moins). Existe-t-il des risques que le gras contenu dans ces aliments soit délétère à la santé ? Oui et non. Tout dépend des quantités et de la qualité des acides gras saturés que nous ingérons, par exemple s’ils sont présentés dans un conditionnement naturel ou transformé par l’industrie. Ce qui importe surtout est de respecter au mieux le rapport 1:2:1 d’acides gras saturés, monoinsaturés et polyinsaturés. Et d’avoir un apport journalier en graisses ne dépassant pas 35-40% de l’apport calorique total.

 

 

  1.   Les acides gras insaturés (AGI) font partie des bonnes graisses, les ω6 exceptés

 

     Ils présentent une ou plusieurs doubles liaisons carbone-carbone (― C = C ―). Ceci leur confère dans leur forme “cis” une ou plusieurs courbures de leur chaîne d’atomes de carbone et, par conséquent, crée plus d’espace entre les molécules qui sont moins serrées les unes contre les autres. De plus, l’absence de deux protons (H+) au niveau d’une double liaison procure à l’acide gras une charge électrique négative à cet endroit par la présence de deux électrons supplémentaires. Cela a pour conséquence que les molécules d’acides gras insaturés présentent la tendance à se repousser, contrairement aux acides gras saturés qui s’agglutinent.

 

     Comme les acides gras saturés, les acides gras insaturés sont des constituants structurants des membranes cellulaires. La perméabilité de celles-ci en dépend : plus il y a de liaisons doubles dans les acides gras insaturés, plus la flexibilité et la perméabilité de ces membranes augmenteront, ce qui produira de part et d’autre de celles-ci un métabolisme plus fluïde.

 

     Grâce aux enzymes appelées désaturases, notre métabolisme est capable d’insérer des doubles liaisons carbone-carbone en position “cis” dans les acides gras saturés à longue chaîne. Par exemple, l’acide stéarique (C18:0), peut être transformé en acide oléique (C18:1, ω9) en enlevant 2 atomes d’hydrogène (H) au niveau C9 et C10.

 

File:Stearicacid.png                →    File:Oleic-acid-based-on-xtal-1997-2D-skeletal.png                                                                             ↑

   Acide stéarique (C18:0)                           désaturase              Acide oléique (C18:1, ω9)

 

     Nous transformons ainsi un acide gras moins intéressant pour nos artères (l’acide stéarique qui augmente l’hyperagrégabilité plaquettaire) en un autre acide gras extrêmement bénéfique (l’acide oléique qui lubrifie nos artères).

 

     Par contre, notre organisme est incapable d’insérer une double liaison du 2ème au 6ème atome de carbone d’un acide gras saturé, par exemple en C3 (ω3) et en C6 (ω6). Les acides gras que l’organisme ne peut pas synthétiser sont appelés essentiels  (voir ci-dessous).

 

Parmi les acides gras insaturés (AGI), nous distinguons deux grands groupes :

 

  • Les acides gras monoinsaturés, AGMI (chef de file : l’acide oléique).

 

  • Les acides gras polyinsaturés, AGPI (les acides gras ω6 et ω3).
     

 

 

   A.    Les acides gras monoinsaturés, AGMI : les incontournables d’un bon régime alimentaire

 

     Comme le montre la formule de l’acide oléique ci-dessus, les acides gras monoinsaturés ne contiennent qu’une seule (= mono) double liaison carbone-carbone (― C = C ― ). Ils jouent un rôle essentiel dans l’élaboration des membranes cellulaires et la formation de potentiels électriques. C’est dire leur rôle dans la transmission des messages au niveau des neurones.

 

     Les acides gras monoinsaturés sont excellents pour réduire tous les marqueurs classiques de l’athérosclérose[9] ; et ils diminuent en outre l’agrégation plaquettaire associée au risque de thrombose[10].

Ils diminuent aussi la triglycéridémie postprandiale, ont une activité anti-coagulante et diminuent la réponse inflammatoire de l’endothélium. Ils abaissent donc incontestablement le risque de maladies cardio-vasculaires. De plus, les acides gras monoinsaturés diminuent l’insulino-résistance, améliorent la glycémie à jeun de patients diabétiques de type 2 [11], [12] et réduisent le risque de syndrome métabolique[13].

 

     Le principal acide gras monoinsaturé est un oméga-9 : l’acide oléique (C18:1, ω9). L’huile d’olive, qui en contient 72%, représente pour cette raison un des meilleurs aliments connus en terme de santé[14]. En plus des propriétés bienfaisantes citées ci-dessus, elle atténuerait aussi le risque de cancer (notamment du sein et du côlon).

 

Huile d'olive de Provence

 

     L’huile d’olive n’est que relativement résistante à la chaleur. N’oublions pas que la double liaison carbone-carbone la rend déjà moins stable. De plus, elle contient aussi 12% d’acide linoléique (18 :2, ω6-9) un oméga-6 polyinsaturé encore plus instable. On peut néanmoins l’utiliser pour faire sauter les légumes ou cuire les viandes, et même pour toute cuisson au four, à condition de ne pas dépasser le “point de fumée” (216 ºC pour huile d’olive vierge ou légère et bon marché, et 190 ºC pour l’huile d’olive extravierge qu’il vaut mieux garder pour des vinaigrettes)[15].

 

     On trouve les acides gras monoinsaturés dans les huiles d’olive (76 %), d’arachide (49 %), de soja (44 %) et de sésame (41 %)… ; mais aussi dans les oléagineux : noix de macadamia, noisette, noix de cajou, amande, pistache, arachide… ; dans les fruits : olive ou avocat… ; et même (en moindre proportion) dans la viande : poulet, porc, bœuf, agneau…

 

 

   B.    Les acides gras polyinsaturés AGPI : les gentils (ω3) et les vilains (ω6)

 

     Les acides gras polyinsaturés contiennent 2 ou plusieurs doubles liaisons carbone-carbone (―C = C―C = C―). Ils sont liquides à température ambiante. Plus ils contiennent de doubles liaisons, plus ils sont oxydables et moins ils sont stables à la lumière, la chaleur, l’oxygène. Les chauffer au-delà de 150 ° C les transforme d’isomères “cis” en isomères “trans”, très délétères pour la santé (voir ci-dessus : les acides gras “trans”).

 

     Rôle

 

     Les acides gras polyinsaturés  jouent de nombreux rôles dans :

  • La construction et le maintien des membranes cellulaires (peau, cellules nerveuses, rétine), ainsi que dans la constitution de potentiels électriques (d’où leur concentration importante dans le cerveau et le système nerveux). Leur affinité pour l’oxygène fait pénétrer celui-ci plus facilement dans les cellules, ce qui améliore le métabolisme.
  • La synthèse des hormones ; leur implication dans beaucoup de processus enzymatiques ; le système immunitaire ; la pression artérielle.
  • La régulation du cholestérol ; notamment diminution du cholestérol LDL [low density lipoprotein] et du cholestérol VLDL [very low density lipoprotein], réputés mauvais par les adeptes de la théorie du cholestérol selon laquelle ces marqueurs seraient les principaux responsables des maladies cardio- et cérébrovasculaires. Cette théorie ne fait plus l’unanimité[16]. Par contre, il est maintenant généralement admis que les acides gras ω3 protègent le système cardiovasculaire, alors que les ω6 ne le font pas.
  • La production d’énergie : en excès, ils peuvent servir de combustible.

 

 

     Les acides gras polyinsaturés peuvent être synthétisés par l’organisme, à l’exception de deux d’entre eux qui ont l’un une double liaison en C6 (ω6), l’autre une double liaison en C3 (ω3), et qui, par conséquent, doivent obligatoirement être apportés par l’alimentation : à cause de cela, on les appelle les acides gras essentiels (AGE) :

 

 

  1. L’acide linoléique (AL), un acide gras de type oméga 6 (ω6) que l’on trouve jusqu’à plus de 70% dans l’huile d’onagre, l’huile de carthame et l’huile de tournesol.

File:LAnumbering.png

acide linoléique (18 :2, ω6-9)[17]

 

 

  1. L’acide α-linolénique (ALA), un acide gras oméga 3 (ω3) surtout présent dans l’huile de lin et l’huile de colza (= canola). On le trouve aussi dans les graines de chia (l’ ALA comporte > 65% des lipides contenus dans cette graine).

File:ALAnumbering.svg

acide α-linolénique (18 :3, ω3-6-9)[18]

 

 

Explication de la nomenclature[19] : les atomes de carbone (C) ne sont pas visibles dans la présentation des formules figurées ci-dessus. Ils forment les angles entre les traits. On distingue par convention la numérotation physiologique de comptage des carbones (en rouge, à partir du bout de la chaîne ω) et la numérotation chimique (en bleu, à partir du groupement carboxylique -COOH).

formule développée du groupe fonctionnel carboxyle

Formule sémi-développée d’un groupement carboxylique[20]

 

     Ces acides gras essentiels (AGE) sont donc des acides carboxyliques avec une chaîne de 18 atomes de carbone et deux doubles liaisons, toutes cis (18:2) pour l’AL, et trois doubles liaisons, toutes cis (18:3) pour l’ALA; la première des doubles liaisons est positionnée sur le sixième atome de carbone compté depuis la fin de la chaîne, notée ω, donc en ω6 pour l’AL, et sur le troisième atome de carbone, donc en ω3 pour l’ALA.

 

     Outre l’AL et l’ALA, dits « essentiels », le groupe des acides gras poly-insaturés (AGPI) contient d’autres représentants considérés comme de véritables bienfaits de la nature. Surtout le groupe des ω3 a des propriétés bienfaisantes : anti-athérogène, légèrement hypotensive, antithrombose, anti-arythmique, diminuant le risque de cancer, anti-inflammatoire et anti-dépressive[21]. Par contre, le groupe des ω6, possède, à côté de ses propriétés nécessaires au bon fonctionnement du métabolisme, un certain nombre d’inconvéniants, comme celui de favoriser l’inflammation. Exemples :

 

 

  • Groupe des acides gras poly-insaturés ω6 : nécessaires, certains sont cependant dangereux lorsqu’il sont pris en excès

 

  1.   L’acide linoléique (AL, 18 :2, tout-cis-ω6-9) : il est “essentiel” et nécessaire. Sa carence peut  notamment causer divers troubles dermatologiques (sécheresse de la peau, eczéma), des anomalies neurologiques, un retard de croissance, de la stérilité masculine, de la stéatose hépatique, de l’insuffisance rénale, une diminution de l’agrégation plaquettaire. Administré en doses très hautes, il peut diminuer les taux sanguins de cholestérol (le mauvais LDL, mais aussi le bon HDL), mais n’améliore pas la mortalité cardiaque, au contraire. Il favorise aussi l’inflammation de la plaque d’athéromatose (in vitro) et l’agrégation des plaquettes (effet thrombotique). Une partie de l’acide linoléique (< 10%) se transforme en (mauvais) acide arachidonique. Un excès d’acide linoléique peut favoriser le cancer du sein oestrogéno-dépendant. Par contre, il pourrait agir favorablement en cas de sclérose en plaques.

Sources alimentaires : huiles d’onagre, de carthame, de tournesol, de germes de blé, de noix, de soja, et de maïs principalement[22]. Mon conseil : comme ces huiles ω6 sont déjà omniprésentes dans beaucoup de produits manufacturés (faits à partir des matières premières de bas de gamme et les moins chères), n’en consommez pas davantage.

 

  1.   Les acides linoléiques conjugués (ALC, 18 :2, cis ou trans ωx-y; en anglais conjugated linoleic acids ou CLA) : sont une famille d'au moins 28 isomères de l’acide linoléique qui se retrouvent spécialement dans la viande et les produits laitiers provenant de ruminants. Le principal isomère (naturel) d’ALC est l’acide ruménique (ALC, 18 :2, cis-trans-Δ9, 11 ; Δ indiquant le comptage des atomes de carbone à partir du groupement carboxyle).

File:Rumenic acid.svg

Acide linoléique conjugué[23] (acide ruménique[24])

 

Les ALC et l’acide ruménique diminuent la formation de cancers. Les ALC sont aussi connus pour diminuer la masse graisseuse sans affecter la masse musculaire, le poids, ni d’autres paramètres biochimiques tels que l’insulinémie et la glycémie. A cet effet, l’industrie alimentaire a proposé des mixtures d’isomères synthétiques, mais les résultats obtenus chez l’être humain demeurent contradictoires[25], [26].

 

  1.   L’acide γ-linolénique (GLA, 18:3, tout-cis-Δ ou ω6, 9, 12) : se forme dans le corps à partir de l’acide linoléique ; il possède une activité anti-inflammatoire (par exemple dans la polyarthrite rhumatoïde évolutive), réduit la sévérité de la dermatite atopique (allergie de la peau), exerce une action anti-oestrogénique (efficace dans le syndrome prémenstruel) ; il est utile dans l’hyperactivité avec déficit d’attention, et contribue aussi à la diminution de  la masse graisseuse corporelle.

File:GLAnumbering.png

Acide γ-linolénique[27]

 

Sources alimentaires : l’huile de bourrache, de cassis et d’onagre principalement[28].

 

  1.   L’acide dihomo-γ-linolénique (DGLA, DHGLA, 20:3, tout-cis8, 11, 14 ou ω6, 9, 12) : le corps humain le produit à partir du GLA par élongation. Il est un constituant très important des phospholipides de la membrane cellulaire. C’est le précurseur des bonnes prostaglandines de la série 1 dont la PgE1 vasodilatatrice et anti-agrégante plaquettaire[29].

File:DGLAnumbering.png

 

 

 

 

 

Acide dihomo-γ-linolénique[30]

 

  1.   L’acide arachidonique (AA, 20:4, ω6, 9, 12, 15) : le principal acide gras oméga-6 et grand médiateur de l’inflammation dans notre organisme. Métabolisé notamment par une enzyme, la cyclo-oxygénase (ou COX présente dans de nombreuses cellules) il est le précurseur des eicosanoïdes à 20 atomes de carbone [leucotriènes LT, prostaglandines PG, thromboxanes (TX) et prostacyclines (PGI)]. Après son induction (par un facteur d’inflammation), l’enzyme cyclo-oxygénase COX-2 synthétise les prostaglandines PGE2 et les leucotriènes LT2 à partir de l’AA (cascade de l’acide arachidonique). Ces PGE2 et LT2 sont fortement pro-inflammatoires et favorisent le cancer.

File:Arachidonic acid.svg

 

Acide arachidonique[31]

 

Sources alimentaires : viandes (surtout dans la charcuterie, le lard, les abats) et œufs. L’huile d’arachide ne contient pas d’AA [32]. Mon conseil : à consommer modérément et pas tous les jours, excepté les œufs enrichis en ω3.

 

 

  • Groupe des acides gras poly-insaturés ω3 : les champions pour une bonne santé

 

1.   L’acide α-linolénique (ALA,18 :3, tout-cis-ω3-6-9) :  cet acide gras “essentiel” est hypocholestérolémiant, il diminue le risque de maladie cardiovasculaire fatale et d’hypertension, et diminue l’impulsivité générale et motrice. Sources alimentaires : huile de lin, huile de semences de cannabis, huile de pépins de courge, huile de colza (canola).[33] L’huile de noix contient de l’AL, mais aussi 13% d’ALA. Mon conseil : privilégiez l’huile de lin à raison d’une cuiller à café tous les matins (à conserver au frigidaire et à l’abri de la lumière) et l’huile de colza autant que vous le pouvez. Et assaisonnez vos salades à l’huile de noix, c’est délicieux.

 

2.   L’acide eicosapentaénoïque (EPA, 20:5, tout-cis-ω3-6-9-12-15) : activité anti-athéromateuse, anti-agrégante plaquettaire, vasodilatatrice, fibrinolytique, anti-inflammatoire, anti-cancéreuse, antidépressive ; il stimule la sécrétion de leptine par les cellules graisseuses (et possède donc une action amaigrissante). Sources alimentaires : maquereau, saumon, hareng, anchois, thon (aussi en conserve), sardines (aussi en conserve)[34]. Voici pourquoi les poissons gras sont de véritables remèdes anti-infarctus !

File:EPA.svg

Acide eicosapentaénoïque, EPA35

 

3.   L’acide décosahexaénoïque (DHA, 22 :6, tout-cis-ω3-6-9-12-15-18) : activité anti-athéromateuse, anti-agrégante plaquettaire, vasodilatatrice, hypotensive, fibrinolytique, anti-inflammatoire, anti-cancéreuse, anti-arythmique, anti-stress et neuroprotective. Sources : il est synthétisé à partir de l’acide α-linolénique (ALA) ; dans l’alimentation : le lait maternel, les huiles de poissons gras, l’huile de micro-algues, le krill (petites crevettes)[36]. A consommer volontiers comme l’EPA (en respectant les doses).Structure et nomenclature du DHA

Acide décosahexaénoique, DHA[37]

 

    recette Sardines grillées, vinaigrette tomates séchées, câpres & thym citron...

Sardines grillées

  

       Conclusion :

 

     Parmi les principales graisses alimentaires, dont on préconise actuellement qu’elles devraient s’élèver à 35 – 40 % de l’apport calorique total, il faut distinguer :

 

1.   Les graisses très malsaines : ce sont les acides gras “trans”, présents dans les margarines, les aliments friturés, les plats préparés, biscuits, gâteaux, etc…, contenant des l’huiles traitées par l’industrie et rendues solides pour donner du moelleux. Ils produisent d’importants dysfonctionnements à l’échelle cellulaire.

 

2.   Les graisses nécessaires en apport équilibré, mais malsaines en trop grande quantité :

 

a)   Les acides gras saturés (AGS) : présents surtout dans les aliments de provenance animale (viande, lait, beurre, fromages, crèmes), mais aussi dans les huiles de noix de coco et de palme. Il faut privilégier les graisses d’animaux élevés en plein air et nourris d’aliments biologiques.

 

b)   Les acides gras polyinsaturés oméga-6 (ω6) : présents dans l’huile de tournesol, de maïs, d’onagre, de carthame, de germes de blé, de soja. Pris en trop grande quantité, ils entraînent un état inflammatoire diffus et chronique dans l’organisme avec risque de maladies cardiovasculaires et de cancer. Ces huiles bon marché se retrouvent en (trop) grande quantité dans la nourriture industrielle, ce qui déséquilibre fortement le rapport ω6/ω3 en faveur des ω6, qui, à cause de cela, se trouve le plus souvent à 20 voire même à 30 pour 1 (alors que le rapport idéal est de 4, 3 ou même 2 pour 1). Il est donc conseillé de réduire au maximum les acides gras ω6 (puisque pour beaucoup de personnes la nourriture industrielle est inévitable) et d’augmenter le plus possible la consommation des ω3.

 

3.    Les très bonnes graisses, indispensables pour rester en bonne santé :

 

a)   Les acides gras monoinsaturés (AGM), surtout présents dans l’huile d’olive, mais évidemment aussi dans les olives entières, la tapenade, ainsi que les amandes, les noisettes, le colza (canola). Recherchez une huile d’olive « AOC » (Appelation d’Origine Contrôlée) ou « AOP » (Appelation d’Origine Protégée), sans mélange avec des huiles de moindre qualité ; extra-vierge (c.à d. non raffinée) et issue de première pression à froid (= non chauffée). A consommer crue ou très légèrement chauffée (pas de friture). Les huiles contenant beaucoup d’AGM constituent un bienfait considérable pour la prévention des maladies cardiovasculaires.

 

b)   Les acides gras polyinsaturés oméga-3 (ω3) : d’origine végétale (huile de lin, huile de colza, pourpier, mâche) ou animale (poissons gras, mollusques, crustacés). Nous recommandons vivement au consommateurs de poissons gras de préférer les petites sortes [sardine, anchois, maquereau, hareng] au grandes espèces [saumon, thon, flétan]. En effet, bien que les deux groupes soient autant pollués aux métaux lourds, PCB et dioxines qui s’accumulent dans leur graisses, les petits poissons en contiennent relativement moins car ils se trouvent au début de la chaîne alimentaire. Je conseille d’éviter les poissons en provenance de zones très polluées (Baltique, fjords Norvégiens, delta du Mékong) et d’élevages industriels, exception faite de ceux où les poissons sont élevés biologiquement et (donc par définition) sans pesticides ni antibiotiques.

 

Malgré cette toxicité potentielle des poissons gras, les ω3 forment le groupe d’acide gras qu’il faut privilégier le plus. Les bienfaits dépassent de loin les nuisances :

 

  • les ω3 préviennent les maladies cardiovasculaires et abaissent la mortalité totale ;
  • les ω3 améliorent certaines dépressions et autres troubles psychiatriques, en exerçant  un rôle très important sur le cerveau ;
  • Les ω3 agissent sur l’immunité et contribuent à ralentir les états inflammatoires et infectieux.

 

Enfin, il est nécessaire de garder un bon équilibre entre les différents types d’acides gras : ¼ de poly-insaturés, ½ de mono-insaturés, ¼ de saturés.

 

(A suivre)

 

            Luc Vangermeersch, 21/11/2013

 

 

 

Bibliographie

 

 

[1] de Lorgeril, M . «Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicaments», Tierry Souccar Éditions, 2007, p 157

[2] Moyer, Melinda Werner. « Carbs against cardio ». 1-5-2010, Scientific American.

[3] Iris S., Sccwarzfuchs D., Henkin Y., et al.: “Weight Loss with a Low-Carbohydrate, Mediterranean, or Low-Fat Diet”. 2008, 359 : 229-241.

[4] Beulens J.W., de Bruijne L.M., Stolk R.P. et al. “High dietary glycemic load and glycemic index increase risk of cardiovasculare disease among middle-aged women: a population-based follow-up study”. J. Am. Coll. Cardiol., 2007, 50: 14-21.

[5] Siri-Tarino P.W., Sun Q., Hu F.B., and Krauss R.M. : "Meta-analysis of prospective cohort studies evaluating the the association of saturated far with cardio-vascular disease." Am. J. Clin. Nutr., 2010, 91 : 535-546.

[6] Lovejoy J.C., Smith S.R., & al. “Effects of diets enriched in saturated (palmitic), monounsaturated (oleic), or trans (elaidic) fatty acids on insulin sensitivity and substrate oxidation in healthy adults”. Diabetes Care 2002 August

[7] de Lorgeril, M. «Cholestérol, mensonge et propagande» 2013, et «Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicaments» 2007, Tierry Souccar Éditions

[8] de Lorgeril, M. «Cholestérol, mensonge et propagande», Tierry Souccar Éditions, 2013, p 340

[9] D. Wuyts,  « Propriétés diététiques et médicinales de nos aliments et épices », tome 2, ED. SATAS, 2011, ISBN 978-2-87293-121-7, p 742

[10] Smith R.D., Kelly C.N., Fielding B.A., et al., “Longterm monounsaturated fatty acid diets reduce platelet aggregation in healthy young subjects”, Br. J. Nutr., 2003

[11] Garg A. High-monounsaturated-fat diets for patients with diabetes mellitus: a meta-analysis. Am J Clin Nutr. 1998 Mar;67(3 Suppl):577S-582S . Texte intégral : www.ajcn.org

[12] Ros E. Dietary cis-monounsaturated fatty acids and metabolic control in type 2 diabetes. Am J Clin Nutr. 2003 Sep;78(3 Suppl):617S-625S. Review. Texte intégral : www.ajcn.org

[13] http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=acides_gras_omega-9_ps

[14] http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=olives_nu

[15] http://blogue.passeportsante.net/helenebaribeau/2009/12/quel_gras_choisir_pour_la_cuisson.html

[16] Ibidem 7

[17] http://en.wikipedia.org/wiki/Linoleic_acid

[18] http://commons.wikimedia.org/wiki/File:ALAnumbering.svg

[19] http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_gras_insatur%C3%A9#Cas_des_poly-insatur.C3.A9s

[20] http://fr.wikipedia.org/wiki/Carboxyle

[21] Ibidem 9, pp 752-755

[22] Ibidem 9, pp 746-748

[23] http://en.wikipedia.org/wiki/Conjugated_fatty_acid

[24] http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_rum%C3%A9nique

[25] http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=acide_linoleique_conjugue_ps

[26]  Ibidem 8, pp 748-750

[27] http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_gamma-linol%C3%A9nique

[28] Ibidem 9, pp 750-751

[29] Ibidem 9, p 751

[30] http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_dihomo-gamma-linol%C3%A9nique

[31] http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_arachidonique

[32] Ibidem 9, p 752

[33] Ibidem 9, pp 755

[34] Ibidem 9, pp 757-758

[35] http://en.wikipedia.org/wiki/Eicosapentaenoic_acid

[36] Ibidem 9, pp 760-761

[37] http://en.wikipedia.org/wiki/Docosahexaenoic_acid

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 11:50

 

Les bons, les mauvais, et les très mauvais sucres

 

« L’essentiel est de choisir les bons glucides »[1]

 

 

       Il faut du sucre comme il faut de l’oxygène à l’organisme pour vivre. Le sucre est un des carburants indispensables pour fournir l’énergie aux cellules de tous les organes et tissus, notamment et surtout le cerveau et les muscles (dont le muscle cardiaque). Trois grands groupes de macronutriments sont nécessaires au métabolisme: les protéines, les lipides et les sucres. Nous évoquerons ces derniers par leur dénomination scientifique : les glucides.

 

       Pendant très longtemps, les nutritionnistes nous ont recommandé de répartir les macronutriments comme suit:

 

   ° Protéines (fournies par : viandes, poissons, crustacés, mollusques ; protéines issues de légumes secs [légumineuses], d’oeufs, etc): 15-20%

   ° Lipides (ou matières grasses fournies par : viandes et poissons gras, huiles végétales, margarines, produits laitiers, noix, etc): 25-30%

   ° Glucides (fournis par : sucres raffinés, féculents [pomme de terre], céréales [pain], léguminoses, desserts divers, produits manufacturés aux sucres ajoutés): 50-60 %

 

Trop de boissons sucrées nuisent gravement à la santé

     

 

Trop de boissons sucrées nuisent gravement à la santé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Les recommandations officielles privilégient encore toujours la part des glucides puisque, dans la plupart des pays, ceux-ci doivent couvrir 50 à 60 % des besoins en énergie. Ceci conduit en pratique à consommer un excès de boissons sucrées, de céréales et de féculents, ce qui mène à des charges glycémiques beaucoup trop importantes pour une bonne santé. En effet, des études récentes[2], [3] montrent que les aliments à index- et charge glycémiques élevés, sont associés à un risque plus élevé de surpoids, de diabète type 2, de maladies cardiovasculaires et même de cancer[4].

 

       D’autre part, 11 études de cohorte américaines et européennes sur 344 696 patients, montrent que la politique encore toujours de règle de remplacement des matières grasses saturées par des glucides (manger moins de matières grasses et plus de pain), ne diminue pas le risque cardio-vasculaire, bien au contraire[5], [6]. Ceci corrobore la fameuse étude de Lyon en 1994 (Lyon Diet Heart Study[7]) de Michel de Lorgeril, qui présente le mode de vie alimentaire de type méditerranéen traditionnel comme une mesure principale pour diminuer les risques d’infarctus, d’accidents vasculaires cérébraux, de diabète et de cancer[8].

 

       Poutant, la diète méditerranéenne classique préconise le pain et les pâtes, des féculents donc, comme source essentielle de l’apport journalier en calories. Mais pas n’importe quels pains ou pâtes ! Uniquement des pains et pâtes complets, riches en micronutriments indispensables (vitamines, minéraux, enzymes, polyphénols, fibres). Et pas question d’en absorber des quantités pantagruéliques : les Méditerranéens — les anciens en tout cas — sont simples et frugaux. D’ailleurs, Michel de Lorgeril lui-même nous l’accorde bien volontiers : une diète  méditerranéenne modernisée devra comporter — par rapport à la diète méditerranéenne traditionnelle — moins de céréales, c’est-à-dire moins de pain et moins de pâtes, parce que nous sommes devenus en majorité des sédentaires et que l’apport calorique journalier d’aujourd’hui ne l’exige plus (à moins d’être des sportifs de haut niveau ou des travailleurs de travaux lourds et pénibles à longueur de journée).

 

       Il est très important de faire des choix dans le type et la quantité de glucides que nous ingérons si nous voulons vivre et rester en bonne santé plus longtemps. Cela est vrai en ce qui concerne la prévention des maladies cardiovasculaires, mais beaucoup plus encore quand il s’agit de surpoids et de diabète ! Afin de nous permettre d’effectuer le choix correct, nous disposons désormais de deux instruments incontournables : l’indice et la charge glycémiques.

       Cela nous permettra de classifier les glucides en 3 grandes catégories : les bons, les mauvais, et les très mauvais sucres.

 

       Nous avons consacré un numéro entier des ces pages à l’indice glycémique (IG, voir le N° 9). Celui-ci nous donne une idée sur la montée de glucose dans le sang au cours de deux heures (par rapport à une référence), suite à un repas contenant une quantité définie de glucides. Il nous éclaire donc sur la qualité des glucides, rapides ou lents. Complémentairement à cela, on peut aussi calculer la charge glycémique qui prend en compte la qualité et la quantité des glucides dans les aliments. Ainsi, cette dernière permet d’avoir une idée plus précise sur la quantité de glucides qu’on peut avaler sans que cela soit trop dommageable pour la glycémie.

 

       La charge glycémique (CG) se calcule comme suit :

 

           IG x  teneur en glucides pour 100 g d’un aliment (affiché sur l’étiquette)

CG   =   –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––-––-

100

 

       La charge glycémique d’une portion est considérée comme basse de 1 à 9 (bon sucre), modérée de 10 à 19 (moins bon à mauvais sucre), et élevée lorsqu’elle est égale ou supérieure à 20 (très mauvais sucre).

 

       On peut ainsi calculer soi-même la charge glycémique pour un aliment acheté en magasin, du moment que le taux de glucides ou hydrates de carbone par 100 g soit indiqué sur l’étiquette.

 

    Exemples :

 

1.   Un bon sucre, celui contenu dans la pêche : pour 100 g de pêche, il y a 9 g de glucides dont l’indice glycémique est de 30. La charge glycémique se trouve donc à 30x9/100 = 2,7 (ce qui est nettement < 10, donc très bon).

 

 

 

 

 2.   Un sucre moyennement bon à mauvais : la purée de pomme de terre : pour 100 g, la purée de pomme de terre renferme 14 g de glucides ; son IG est de 90. Donc, la CG se trouve à 90x14/100 = 12,6 (moyen donc).

 

 

 

 

 

 

3.   Un très mauvais sucre : le biscuit « petit beurre » contient 75 g de glucides pour 100 g. IG = 55 ; donc la CG est de 55x75/100 = 41 (nettement > 20).

 

 

 

 

   

  L’intérêt de la charge glycémique

 

       Elle permet de faire moins d’erreurs d’appréciation. Par exemple, la carotte cuite a un IG de 85, et est, pour cette raison, déconseillée chez les diabétiques. Mais il n’y a que 6 g de glucides en tout pour 100 g de carottes cuites. Ceci nous donne une CG = 85x6/100 = 5,1 ce qui est faible et ne fait pas trop monter la glycémie. Il y a donc des aliments à IG élevé qui n’ont, par contre, pas une CG si haute que ça ! En dessous de 10 de CG, les diabétiques ne doivent pas se restreindre.

 

       Un autre avantage de la CG réside dans le fait qu’on peut calculer facilement la portion de glucides qu’on peut manger sans provoquer l’afollement des glycémies. Si vous avez une fringale subite pour des dattes, n’en mangez pas 100 g, mais moins. En effet, 100 g de dattes contient 73 g de glucides ; IG = 70 ; donc CG = 73x70/100 = 51, ce qui n’est pas bon. Mais si vous n’en mangez que 10 g, vous n’obtiendrez qu’une CG de 73x7/100 = 5. Et vous aurez mangé quelques dattes sans provoquer de problème…

 

       Mon conseil : lorsque la charge glycémique est haute, diminuez la quantité de l’aliment, sans vous l’interdire.

 

 

     Liste des aliments[9]

 

       Voici à titre de référence, une liste des aliments classés en ordre décroissant de charge glycémique (CG) et mentionnant :

 

  1. La quantité de glucides (en grammes) pour 100 g de l’aliment concerné, ou selon la quantité indiquée
  2. L’indice glycémique (IG) indiquant la capacité rapide ou lente d’un aliment à faire monter la glycémie (de 100 à 0)
  3. La charge glycémique (CG) ou la capacité d’une portion définie d’un aliment à faire monter la glycémie (de 100 à 0).

 

Liste des aliments

Aliments à CG élevée

(mauvais glucides)

Grammes de glucides par 100 g de l’aliment,

ou selon quantité indiquée

Indice glycémique, IG

Charge glycémique,  CG

Glucose

100

100

100

Riz soufflé

85

95

81

Tapioca

94

80

75

Corn-flakes (flocons de maïs) Kellogg’s

85

85

72

Sucre de table (saccharose)

100

70

70

Galettes au riz soufflé

80

85

68

Sirop d’agave (IG et CG variables selon le type de fabrication industrielle)

76

55-90

50-68

Sirop de glucose

64

100

64

Maïzena

88

70

62

Biscottes

80

70

56

Céréales sucrées

80

70

56

Pop corn sans sucre

63

85

54

Pomme de terre frite (100 g = 20 frites)

56

95

53

Dattes

73

70

51

Farine blanche T45 (pain blanc)

58

85

49

Crackers

60

80

48

Raisins secs  (100 g)

75

64

48

Confiture standard

70

65

46

Miel (100 ml)

80

58

46

Farine T55 (baguette)

63

70

44

Barre chocolatée

60

70

42

Biscuit sec petit beurre 

75

55

41

Muesli (100 g)

61

65

40

Chips

49

80

39

Croissants au beurre  (100 g)

55

70

38

Farine T65 (pain de campagne)

53

70

37

Biscuit sablé

68

55

37

Gaufres

49

76

37

Pain à hamburger (1 pain = 43 g)

51

70

36

Muffin anglais (1 seul = 55 g)

62

58

36

Snickers (1 barre)

64

55

35

Farine T85 (farine bise ou semi-complète, pain au levain)

50

65

33

Farine de blé noir (sarrasin)

65

50

33

Nutella®

55

55

30

Chocolat noir doux 45-59 % cacao

62

49

30

Croissant (1 seul de 60 g)

42

70

29

Brioche

40

70

28

Avoine, flocons non cuits (100 g)

67

40

27

Farine T150 (pain complet)

47

50

24

Crêpes nature (sans sucre)

48

50

24

Pomme de terre cuite au four

25

95

24

Riz précuit

24

90

22

Mars (1 barre)

37

57

21

Gâteau de riz

24

85

20

Pain de seigle complet

49

40

20

Fructose

100

20

20

Aliments à CG moyenne

(glucides mauvais ou de qualité moyenne)

Grammes de glucides par 100 g de l’aliment,

ou selon quantité indiquée

Indice glycémique, IG

Charge glycémique, CG

Cola, boissons gazeuses,sodas (type Coca-Cola®) pour 250 ml

27

70

19

Boudin blanc

42

45

19

Pain au son

40

45

18

Pain noir allemand Pumpernickel)

45

40

18

Farine T200 (pain intégral)

45

40

18

Macaroni au fromage

28

64

18

Riz blanc bouilli

26

64

17

Riz précuit incollable

24

70

17

Crème glacée classique (sucrée)

27

60

16

Nouilles, ravioles

23

70

16

Semoule raffinée

25

65

16

Maïs moderne

22

70

15

Sorbet

30

50

15

Purée de pommes de terre

17

90

15

Pomme de terre bouillie pelée

20

70

14

Riz long blanc

23

60

14

Crêpe au sarrasin

25

50

13

Pâtes blanches cuisson normale

23

55

13

Pizza (100 g)

22

60

13

Banane

20

65

13

Abricots secs

37

35

13

Limonade

20

66

13

Tomate séchée

38

35

13

Couscous

23,5

50

12

Riz Basmati

23

50

12

Riz brun complet

23

50

12

Graines de lin brun bio, 100 g

34

35

12

Chocolat noir 70-85 % cacao

46

25

11,5

Boulgour entier cuit

25

45

11

Spaghettis al dente

25

45

11

Marmelade de fruits sans sucre

37

30

11

Patate douce

20

50

10

Spaghettis complets bouillis

37

27

10

Crème glacée (2 boules)

16

61

10

Ananas (2 tranches)

17

59

10

Sucre roux/complet/intégral

14

72

10

Abricots (boîte, au sirop) 100 g

16

60

10

Jus d’orange frais (25 cl = 1verre)

20

50

10

Aliments à CG faible

(bons glucides)

Grammes de glucides par 100 g de l’aliment,

ou selon quantité indiquée

Indice glycémique, IG

Charge glycémique, CG

Miel (5 ml = 1 cuiller à café)

16

58

9

Jus de pamplemousse (25 cl )

17

48

9

Jus de carotte (25 cl)

21

43

9

Pâtes complètes (T150)

19

45

9

Pomme de terre en chemise (avec peau, bouillie)

14

65

9

Mangue (1 moitié)

16

51

8

Raisins, 20 grains de fruits frais (100 g)

18

45

8

Bière blonde (pils) Jupiler, 250 ml

7

110

8

Jus de pomme naturel

17

40

7

Pâtes intégrales (T200)

17

40

7

Maïs indien ancestral

21

35

7

Chocolat noir à 70% de cacao

32

22

7

Pois chiches cuits

22

30

7

Haricots rouges (boîte)

17

40

7

Figue, 2 fruit frais (100 g)

19

35

7

Jus d’orange industriel (100 g)

11

65

7

Avoine, porridge, bouillie de flocons

12

60

7

Quinoa cuit

18

35

6

Pois secs cuits

18

35

6

Kiwi

12

50

6

Fèves cuites

7

80

6

Carottes cuites

6

85

5

Potiron, citrouille

7

75

5

Pastèque

7

75

5

Vermicelle chinois (haricots mungo)

15

35

5

Lentilles brunes

17

30

5

Haricots blancs

17

30

5

Pois cassés

22

22

5

Prunes fruits frais (100 g)

13

35

5

Pain de seigle complet (30 g)

12

45

5

Jus d’orange pressé, sans sucre

10

45

4,5

Lait écrémé (250 ml)

13

32

4

Melon

6

65

4

Petits pois frais

10

40

4

Haricots rouges

11

40

4

Poire

12

35

4

Pomme

12

30

4

Lentilles vertes

17

22

4

Cerises (100 g)

14

25

3,5

Pêches, fruits frais 100 g

10

35

3,5

Jus de tomate (25 cl)

8

35

3

Orange, fruit frais

9

35

3

Abricots frais, crus

10

30

3

Myrtilles (100 g)

11

25

3

Mûres (100 g)

12

25

3

Amandes (100 g)

17

15

3

Soja cuit

15

20

3

Ail

28

10

3

Navet cuit

3

85

3

Carottes crues

7

35

2

Yaourt entier

5

35

2

Yaourt maigre

5

35

2

Lait demi-écrémé

5

30

2

Prune

10

22

2

Pamplemousse 100 g

9

25

2

Cacahouète

9

20

2

Framboises, fruits frais (100 g)

8

25

2

Fraises (100 g)

8

25

2

Navet cru

5

30

1,5

Tomate

5

30

1,5

Oignons

5

15

1,5

Graines de lin brun bio 15 g, 1càs

5

35

1,5

Noix

5

15

1

Haricots verts

3

30

1

Salade (laitue, frisée, mache…)

5

15

1

Avocat (1 seul)

9

10

1

Autres légumes verts, choux, champignons

5

10

1

Lait de soja nature (sans sucre ajouté)

0,9

30

0,3

Vinaigre

5

5

0,3

Yaourt au soja nature fermenté

0,7

20

0,1

Crustacés (homard, crabe, langouste)

0

5

0

Vin, rouge, blanc, champagne

0

0

0

Viandes, poissons, œufs, fromages, beurre

0

0

0

 

     La charge glycémique journalière

 

       En additionant toutes les charges glycémiques des aliments consommés en 24 h, on obtient la charge glycémique journalière. Celle-ci ne devrait pas dépasser 120 (charge glycémique journalière très élevée). La moyenne tourne autour de 80. En cas de surcharge pondérale, de diabète, d’atteinte cardio-vasculaire (infarctus myocardique, hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral ou AVC), où il est vivement conseillé de suivre un mode de vie alimentaire approprié (manger sainement), il vaut mieux que la charge glycémique moyenne soit d’environ 50.

 

 

     Conclusion

 

 1.      Évitez le plus possible la catégorie des « très mauvais sucres » ou n’en prendre que de petites quantités (ce qui réduit l’impact nocif sur la glycémie). Faites attention surtout au sucre blanc pur (raffiné), aux céréales (pain blanc, baguette, biscottes, muesli, croissants, corn-flakes, chips, brioches et autres viennoiseries), à la plupart des féculents (pommes de terre, frites), à certains riz (surtout le riz collant), aux boissons sucrées (sodas énergisants, sirops, nectars et jus de fruit de toutes sortes), en n’oubliant pas la multitude de repas préparés et tranformés par l’industrie par l’ajout des sucres purs ou des sirops de glucose/fructose. Ces derniers sont délétères (malbouffe) et tombent aussi dans cette catégorie.

 

 2.      Limitez dans la mesure du possible les « mauvais sucres » dont la charge glycémique se situe plutôt entre 20 et 15. Autorisez-vous en quantité raisonnable les «sucres de qualité moyenne » à charge glycémique allant de 15 à 10. N’oublions pas que en consommant moins de 100 g de ces aliments, les charges glycémiques baissent en proportion.

 

 3.      Privilégiez les aliments classés parmi les « bons sucres », surtout si vous êtes diabétique, mais aussi si vous désirez tout simplement maintenir une bonne santé tout en rallongeant votre espérance de vie en vous protégeant des maladies dites ‘de civilisation’ qui font de véritables ravages dans le monde moderne d’aujourd’hui.

 

  4     L’essentiel est de choisir les bons glucides, ceux qui sont riches en micro-nutriments (vitamines, oligo-éléments, minéraux, enzymes, polyphénols, fibres), bas en calories, et dont les index et charges glycémiques sont modérés ou bas.

 

 5.     Il n’y a aucune obligation pour la majorité de la population (sédentaire) à consommer 50 à 60 % des calories sous forme de glucides. Si vous ne pratiquez aucun sport et que votre activité est essentiellement sédentaire, ces glucides peuvent ne représenter que 40% des apport énergétiques totaux. Mais il peuvent atteindre 60 % si vous êtes un travailleur de force ou un sportif de compétition.

 

 

(À suivre).

 

            Luc Vangermeersch, 20 septembre 2013.

 

 

Bibliographie :

 

[1] Thierry Souccar. « La vérité sur les féculents », paru dans la e-revue « Santé Nature Innovation » le 05/06/2013

[2] Brand-Miller J, McMillan-Price J, Steinbeck K, Caterson I. « Dietary glycemic index : health implications ». J Am Coll Nutr. 2009 Aug ; 28 Suppl : 446S-449S. Review.

[3] Romieu I, Ferrari P, Rinaldi S, et al. « Dietary glycemic index and glycemic load and breast cancer risk in the European Prospective Investigation

Into Cancer and Nutrition (EPIC) ». Am. J Clin Nutr. 2012 Aug ; 96(2) :345-55.

[4] Thierry Souccar. « La vérité sur les féculents », paru dans la e-revue « "Sante Nature Innovation" <santenutrition@sante-nature-innovation.fr> » le 05/06/2013

[5] Jakobsen MU, O'Reilly EJ, Heitmann BL, et al. “Major types of dietary fat and risk of coronary heart disease: a pooled analysis of 11 cohort studies”. Am J Clin Nutr 2009;89:1425–32.

[6] Jakobsen MU, Dethlefsen C, Joensen AM, et al. Intake of carbohydrates compared with intake of saturated fatty acids and risk of myocardial infarction: importance of the glycemic index. Am J Clin Nutr 2010;91:1764–8.

[7] de Lorgeril M, Renaud S, Mamelle N, et al. Mediterranean alpha-linolenic acid-rich diet in secondary prevention of coronary heart disease. Lancet 1994;343:1454–9.

[8] de Lorgeril M. « Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral », Thierry Souccar Editions, 2011. ISBN : 978-2-916878-88-1.

  

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 11:57

 

L’index glycémique

 

“S’il faut un jour afficher l’index glycémique des produits alimentaires, alors on condamne plus de la moitié des aliments glucidiques vendus dans nos pays”.

(Un patron de l’industrie agro-alimentaire[1])

 

       Les patients diabétiques mais surtout leurs thérapeutes, ont toujours essayé de savoir à quelle vitesse les différents sucres ou glucides, et notamment leur principal produit de désintégration, le glucose, sont assimilés par l’organisme. Cette notion est extrêmement importante, car si l’on atteint des glycémies trop élevées par rapport à la moyenne très rapidement après un repas, la réponse insulinique en sera d’autant plus forte. Et cela, les diabétiques type 2 ― mais ça vaut pour tout le monde ― savent bien qu’il faut l’éviter.

Beta-D-Glucopyranose.svgGlucose                                                    Fructose α-D-Fructofuranose et β-D-Fructofuranose

 

 

 

 

       Les sucres ou glucides sont composés de monosaccharides (comme le glucose[2] et le fructose[3]), de disaccharides (le saccharose[4], c’est-à-dire le sucre blanc ou sucre de table), ou encore de polysaccharides (l’amidon[5] des féculents). Chimiquement, les monosaccharides sont des sucres simples composés d’une seule molécule. Ils sont assimilés on ne peut plus rapidement par l’intestin pour passer dans le sang.

Sucrose CASCC.png                                   Amidon Structure de l'amylopectine

 

 

Saccharose

 

       En effet, tout glucide ingéré (simple ou complexe) doit obligatoirement être transformé en sucre simple par les enzymes digestifs pour être résorbé par l’intestin grêle et pour pouvoir passer dans la voie sanguine. Ainsi, la muqueuse intestinale ne peut résorber les glucides que sous leur forme la plus simple : le glucose et le fructose.

 

       Le saccharose (ou sucre de table), déjà un peu plus complexe, se compose d’une molécule de glucose couplée à une molécule de fructose. Il a donc besoin de l’intervention digestive pour être scindé en deux molécules simples, une de glucose et l’autre de fructose, avant d’être assimilé. Cette opération est déjà plus lente, mais encore rapide. L’amidon quant à lui, est considéré comme le plus complexe chimiquement, puisqu’il est formé d’une chaîne très longue de molécules de glucose attachées les unes aux autres. Il subira un “découpage” encore plus laborieux en molécules de glucose avant d’être résorbé. L’amidon, logiquement, devrait être résorbé très lentement, mais… cela n’a jamais été vérifié scientifiquement.

 

       C’est en considérant cette classification chimique des glucides, qu’au siècle dernier, et encore maintenant malheureusement, on utilisait les notions de “sucres lents” qu’on pensait être assimilés progressivement, et de “sucres rapides”, absorbés à toute vitesse par l’intestin, et qu’il fallait consommer avec modération. Cette notion, apparemment intéressante à l’époque (nous l’avons tous suivie), s’est avérée fausse par après, car de nombreux glucides autrefois considérés comme “lents” (pain et céréales, pommes de terre, pâtes, riz), sont en fait particulièrement rapides.

 

David J.A. Jenkins         

 

 

 

 

 

                       Thomas M.S. Wolever

 

       En  1981, David J.A. Jenkins[6] et Thomas M.S. Wolever[7], chercheurs à la faculté de nutrition et de métabolisme de l’université de Toronto (Canada), ont voulu dresser la liste des aliments que les diabétiques peuvent manger sans danger, c. à d. ceux qui n’élèvent pas trop la glycémie. Ils ont été les premiers à se demander ce qui se passe réellement dans le corps quand on mange des glucides complexes aussi différents que du pain, des pommes  de terre, du riz, ou des légumes secs. Ils donnèrent à des volontaires du pain blanc avant de relever leur glycémie trente minutes après, grâce à une analyse de sang. Les résultats furent tout à fait surprenants. Le pain blanc provoquait une montée phénoménale du sucre sanguin, aussi élevée qu’avec du glucose pur ! Cette découverte remit en question les connaissances en nutrition de l’époque : le pain,  riche en amidon, n’était en réalité pas du tout un sucre lent ! C’est en essayant de trouver un moyen pour comparer rigoureusement la vitesse de résorption de tous les glucides entre eux, que Jenkins et Wolever mirent au point l’index glycémique.

 

C’est quoi exactement l’index glycémique ? (Source: Indice glycémique Wikipédia[8] )

         L'indice ou l’index glycémique est un critère de classement des aliments contenant des glucides, basé sur leurs effets sur la glycémie durant les deux heures suivant leur ingestion. Il permet de comparer le pouvoir glycémiant de chaque aliment, mesuré directement lors de la digestion. L'indice glycémique d'un aliment est donné par rapport à un aliment de référence, auquel on attribue l'indice 100 (généralement le glucose pur en Europe ou le pain blanc aux États-Unis).

 

Calcul de l'indice glycémique d'un aliment (source : Wikipédia[9])

S : la surface sous la courbe, ou surface du triangle

 

       On donne à plusieurs volontaires une masse calibrée d'un certain aliment, de telle sorte que la quantité totale de glucides ingérés soit fixe (50g de glucides par exemple). Ceci permet de comparer plusieurs aliments qui ne possèdent pas la même proportion de glucides dans leur composition. On établit ensuite la courbe du taux de glucose dans le sang au cours des deux heures qui suivent l'ingestion.

Afin de calculer l'indice glycémique d'un aliment, on rapporte la surface sous la courbe correspondant à l'aliment étudié, avec celle de l'aliment de référence :

 

Saliment

IG  =  --------------------  x  100

Sréférence

 

  • IG : indice glycémique de l'aliment considéré;
  •  Saliment : surface sous la courbe glycémie/temps de l'aliment considéré;
  •  Sréférence : surface sous la courbe glycémie/temps de la référence.

      

       Par le terme surface sous la courbe on désigne souvent la surface du triangle formé par l'axe de la valeur normale de la glycémie (1 g/L ou 100 mg/dL ou 5,5 mmol/L) et par la courbe. C'est pourquoi on appelle cette technique de calcul méthode du triangle.

Ainsi, l'« aliment de référence » (le glucose ou le pain blanc) a toujours un indice glycémique de 100.

Pour passer d'une mesure prenant pour référence le pain blanc dans le système ayant pour référence le glucose, il faut multiplier celle-ci par 0,7.

 

Valeurs d'indices glycémiques et interprétation (source : Wikipédia[10])

 

       Voici quelques exemples d'indices glycémiques d'aliments courants. La classification des indices glycémiques en « faible », « élevé » et « moyen » n'est pas la même selon les auteurs, de même que l'indice glycémique d'un aliment n'a pas une valeur strictement définie. Cependant, les valeurs indiquées donnent une bonne indication du pouvoir glycémiant de chaque aliment.

 

Exemple de classification

Intervalle de valeurs d'IG

(D'après Michel Montignac)

Aliments

Indice glycémique faible

inférieur ou égal à 35

La plupart des fruits frais et légumes verts, légumes secs, céréales en grains, chocolat noir riche en cacao, lait et produits laitiers (a*) (b*), viandes, oléagineux (noix, olives…)

Indice glycémique moyen

Entre 35 et 50

Produits à base de céréales complètes, bananes, abricots secs, figues sèches, pommes-de-terre à l'eau ou à la vapeur

Indice glycémique élevé

Plus de 50

Pain blanc, viennoiseries, riz blanc, pommes-de-terre, confiseries, dattes, barres chocolatées, carottes cuites(b*), pastèque(b*),

(a*) charge glycémique faible (augmentation qualitative et quantitative de la glycémie de 0 à 2 h après le repas) ; (b*) indice insulinémique élevé (augmente l'insuline dans le sang: donc les produits laitiers p.ex. provoquent une forte insulinémie)

 

 

       Plus l'indice glycémique d'un aliment est élevé, plus le taux de glucose s'élève fortement dans le sang après sa digestion. Le système de l'indice glycémique permet donc, par exemple, aux personnes diabétiques de surveiller leur alimentation, et de prévoir celle-ci en fonction de leurs besoins. Il serait temps, en 2013, de reléguer les notions obsolètes de glucides “lents” et “rapides” définitivement aux oubliettes comme méthode d’évaluation de l’augmentation de la glycémie après un repas à base de glucides. Beaucoup d’erreurs proviennent encore de la fausse utilisation de ces notions, qui, par ailleurs, sont notamment la cause que nos populations se nourrissent toujours de quantités trop importantes de mauvais sucres.

       Nous reviendrons sur les bons et mauvais glucides, ainsi que sur les notions de charge glycémique et d’indice insulinémique lors d’un prochain numéro.

(À suivre).

 

            Luc Vangermeersch, 27 août 2013.

 

Bibliographie :


[1] Thierry Souccar: La vérité sur les féculents,  , article paru le 5 juin 2013.

 

[6] Department of Nutritional Sciences, University of Toronto : “David J.A. Jenkins”: http://www.utoronto.ca/nutrisci/faculty/Jenkins/

 

[7] Department of Nutritional Sciences, University of Toronto, “Thomas M.S. Wolever”: http://www.utoronto.ca/nutrisci/faculty/Wolever/

 

[8] Indice glycémique Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_glyc%C3%A9mique

 

[9]  Ibidem

 

[10] Ibidem

 

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