Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juin 2014 2 10 /06 /juin /2014 15:09

Vaincre le diabète T2 (14): L'insuline, cette inconnue

Les premiers symptômes du diabète

 

Avis au lecteur: la version WORD en PDF se trouve en bas de page.

 

     Dans les discussions et forums sur le diabète, la question de ne pas négliger les premiers symptômes surgit fréquemment. C’est une question fort importante en effet, car il est primordial de pouvoir déceler la maladie le plus tôt possible. Effectivement, le diagnostic précoce permet une intervention médicale appropriée qui, au plus elle est rapide, diminuera davantage les risques de complications et d’une évolution morbide.

 

     La plupart des traités de médecine disent que, tant dans le diabète de type 1 (insulinodépendant à cause de son manque quasiment absolu d’insuline) que dans celui de type 2 (non insulinodépendant car ici il y a à la fois une insuffisance et un manque relatif de l’insuline), les symptômes sont semblables[1], puisque l’hyperglycémie chronique, cause principale des symptômes, est pratiquement présente en permanence dans les deux types. Les symptômes mentionnés dans les traités sont donc invariablement les mêmes:

 

  • Un amaigrissement inexpliqué.
  • Les 3 polys (Latin pour dire beaucoup): polyurie (élimination excessive d'urine), polydipsie (soif anormale et besoin de boire beaucoup), polyphagie (faim exagérée et besoin de manger de grandes quantités).

 

     Cependant, s’il est possible de voir apparaître ces symptômes dans les deux types de diabète, leur mode d’apparition et leur gravité sont certainement très différents selon l’apparition de l’un ou de l’autre type. Analysons maintenant les symptômes appartenant à chaque type, et constatons les similitudes et les différences:

 

 

Symptômes du diabète de type 1

 

     Dans le type 1, les symptômes graves s’installent d’emblée, car l’insuline manque très rapidement. On observe[2]:

 

  • Un mode de début souvent brutal, à un âge jeune, souvent moins de 30 ans (diabète juvénile).
  • Une élimination fréquente (pollakiurie) et très abondante (polyurie) d'urine; il est fréquent de se lever la nuit pour aller uriner (nycturie) ou encore énurésie nocturne chez l’enfant (le pipi au lit).
  • Une augmentation de la soif et absorption de liquides en grande quantité (polydipsie).
  • Une augmentation de la faim avec une absence de sensation de satiété, traduisant un excès dans le comportement alimentaire (polyphagie, c.à.d. manger beaucoup).
  • Une vision trouble (voir plus loin dans le texte).
  • Une fatigue importante, de l’asthénie (un état de faiblesse générale).
  • Une perte de poids ; amaigrissement malgré la polyphagie, car l’insuffisance d’insuline diminue la lipogenèse et augmente la lipolyse.

A pair of loose-fitting jeans.

 

 

L’amaigrissement rapide et sans raison apparente peut être le premier symptôme dans le diabète de type 1 [3]

 

 

 

 

 

 

  • Examens de laboratoire : hyperglycémie importante, glycosurie, cétonurie, hyperlipidémie, protéinurie (voir ci-dessous pour plus de détails).
  • Parfois, l’on observe dès le début des signes de complications (voir ci-dessous).
  • Une tendance à l’acidocétose qui est habituelle sans traitement et peut aboutir à des troubles de la conscience et au coma. Le coma acido-cétosique est dans la majorité des cas une complication du diabète de type 1 connu ou non, mais il peut aussi survenir au cours d'un diabète de type 2 en état d'agression (infection, infarctus du myocarde, etc.)[4].

 

Symptômes du diabète de type 2

 

  • Il survient généralement chez un sujet plus âgé, passé 30-35 ans (diabète tardif), bien qu’il soit aujourd’hui possible de le voir apparaître chez des adolescents obèses, voire même chez des enfants.
  • À ses débuts, le diabète de type 2 est souvent asymptomatique ou insidieux, c’est-à-dire qu’il entraîne peu ou pas de symptômes. Il peut donc passer inaperçu durant plusieurs années. C'est bien là le problème, car un diabète qui évolue sans qu’on le sache reste sans traitement, ce qui peut accélérer la venue des complications qui, généralement, ne surviendront que bien plus tard ou même pas du tout sous traitement.

 

Certaines personnes peuvent toutefois présenter des symptômes causés par l’hyperglycémie, tels que [5] :

 

  • Un  besoin fréquent d’uriner, surtout la nuit, mais moins marqué que dans le type 1. Les reins produisent plus d’urine pour tenter d’éliminer le surplus de glucose dans le sang.
  • L’augmentation de la soif avec polydipsie n’est pas nécessairement présente ou est peu marquée; une sensation de bouche sèche n’est pas rare.
  • Augmentation de la faim et polyphagie modérée ou forte avec besoin de sucré surtout ; l’hyperinsulinémie réactionnelle suite à l’ingestion de mauvais glucides (à indice et charge glycémique hauts) provoque une hypoglycémie relative qui force l’organisme à redemander du sucre. C’est un cercle vicieux qui s’installe : la prise de sucre appelle le sucre. Il est bien plus addictif pour le cerveau qu’on ne l’admet généralement.

 

 

 

 

Illustration des types d’obésité androïde (pomme) ou gynoïde (poire)[6]. Dans le diabète de type 2, c’est l’obésité viscérale ou androïde qui prédomine (la bedaine).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Le sujet garde son poids ou a tendance à grossir (diabète gras) ; souvent, le patient est en surpoids ou obèse (il s’agit d’obésité viscérale, de type « pomme »), car au début, l’insuline est libérée de façon importante et reste bien active sur la stimulation de la lipogenèse tout en freinant la lipolyse. Il ne commence à maigrir qu’en cas de dérèglement grave (fortes hyperglycémies accompagnées de glycosurie, c’est-à-dire la perte de glucose par les urines liée à une glycémie trop importante).
  • Une somnolence excessive qui se remarque surtout après les repas.
  • Chez les personnes plus âgées (>60 ans) qui ne boivent pas assez, et même parfois en cas de diabète T2 méconnu, la déshydratation due à la perte d’eau et d’électrolytes accentuée en cas de glycosurie, peut entraîner des symptômes neurologiques tels que torpeur, troubles visuels, convulsions, et aboutir à une forme de coma diabétique hyperglycémique non cétosique (coma hyperosmolaire).

 

  • Examens de laboratoire:

     

    • Hyperglycémie chronique, glycémie à jeun à plus de 126 mg/dL (> 7 mmol/L) ; hyperglycémie postprandiale (après les repas) dépassant largement la glycémie à jeun.
    • Hémoglobine glyquée (ou glycosylée, HbA1c) > 6,5 % de l’hémoglobine totale (ou > 48 mmol/mol, > 140 mg/dL, > 7,8 mmol/L).
    • Hyperlipidémie associée (augmentation des triglycérides et abaissement du [bon] cholestérol HDL dans le sang). Déjà présente dans le prédiabète ou syndrome métabolique qui précède le vrai diabète de type 2, elle représente un facteur de risque cardiovasculaire majeur dans le diabète de type 1 ou 2. Aggravé par l’obésité et le mauvais contrôle glycémique, cet excès de mauvaises graisses s’améliore nettement par un mode alimentaire approprié.
    • Glycosurie à partir d’une glycémie dépassant le seuil rénal, c’est-à-dire > 150 - 180 mg/dL ou > 8,5 – 10 mmol/L de taux de glucose dans le sang; normalement, la glycosurie doit être nulle.
    • Protéinurie (présence de certaines protéines dans l’urine) : souvent une microalbuminurie comme signe précoce d’une détérioration de la fonction rénale par lésion micro-angiopathique (lésion des petits vaisseaux sanguins).
    • Le « coma » hyperosmolaire (le sujet peut en fait être conscient) se définit par une osmolarité plasmatique > 350 mOsm/L (valeur physiologique située entre 280 et 300 mOsm/L dans le plasma sanguin), une glycémie ≥ 600 mg/dL (≥ 44 mmol/L), théoriquement sans cétose ni acidose, mais une cétose modérée (traces à une croix) est possible. Il s’agit d’une complication grave du diabète surtout de type 2, mortelle dans la moitié des cas, d’autant plus qu’elle atteint surtout les sujets âgés[7].

 

Les signes et symptômes de complications dus à l’hyperglycémie chronique communs aux 2 types de diabète :

 

     S’ils peuvent être relativement précoces dans le diabète de type 1 (surtout s’il est mal équilibré), ils ne surviennent que plus tardivement dans le type 2, parfois même après plus de 10 années d’évolution:

 

  • Des infections plus fréquentes, une guérison plus lente des plaies, un ralentissement de la cicatrisation des coupures ou des lésions. Il s’agit d’infections bactériennes ou à champignon (mycoses, p.ex. la candidose): des infections urinaires (cystite, pyélonéphrite), de la peau (p.ex. furonculose), du vagin (mycose vaginale), du gland et du prépuce (balanite = inflammation du gland). Avec ou sans prurit (démangeaison) ou une sensation de brûlure, ces signes attirent souvent l’attention. Sachez qu’un prurit anal isolé peut être le tout premier symptôme d’un diabète.
  • Les infections dentaires (parodontose ou inflammation des gencives, pulpite ou inflammation de la pulpe du canal dentaire, abcès dentaire, etc.) sont très fréquentes dans les deux types de diabète et dénotent la présence de glycémies trop hautes.
  • Des signes d’inflammation, des douleurs et raideurs articulaires (p.ex. de l’arthrite, de l’arthrose).
  • Des signes de macro-angiopathie avec atteinte des gros vaisseaux, tels que :
    • des troubles cardiaques (angine de poitrine, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, cardiomyopathie) ; une visite régulière chez le cardiologue s’impose.
    • des troubles vasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral ou AVC, angiopathie des membres inférieurs nécessitant parfois l’amputation du membre atteint).
  • Des signes de micro-angiopathie (altération de la paroi des petits vaisseaux), p.ex. :
    • dans la rétinopathie diabétique (pouvant amener des troubles visuels allant de la vision floue jusqu’à la cécité) ; tout malade diabétique doit être examiné par un ophtalmologiste au moins une fois par an.
    • dans l’atteinte  rénale menant à une insuffisance rénale ; un des premiers signes est la microalbuminurie.
    • dans l’atteinte nerveuse, tant motrice que sensitive, menant à la neuropathie diabétique (p.ex. une perte de sensibilité aux pieds et éventuellement aux mains, une gêne à la marche, de la polynévrite ou douleur aux nerfs, de l’impuissance à cause d’un dysfonctionnement érectile, de la gastroparésie diabétique, etc.).
  • D’autres troubles visuels, tels que de la cataracte (opacification du cristallin avec vision floue), très souvent associée au diabète[8] (2 à 4 fois plus fréquente que chez le sujet non diabétique). Mais aussi de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), du glaucome[9], des troubles de la dilatation pupillaire (l’anisocorie, ou différence de taille entre les 2 pupilles); ces derniers sont soit bénins (p.ex. liés à l’atteinte du système nerveux autonome) soit graves (en cas d’atteinte neurologique p.ex. dans l’accident vasculaire cérébral ou AVC).
  • Les troubles cognitifs (troubles de la mémoire à court terme, démence) sont favorisés par le diabète.
  • Le pied diabétique survient suite à la neuropathie et/ou l’angiopathie diabétique. En cas de neuropathie, une diminution de la sensibilité prédomine (pied indolore). En cas d’angiopathie (pied ischémique), on observe surtout un pouls absent, un pied froid et douloureux, mais une sensibilité conservée. Souvent, on assiste à un mélange des deux sortes de symptômes. L’insensibilité permet des lésions traumatiques minimes du pied qui ne sont pas perçues par le patient et qui sont susceptibles de s’infecter et d’évoluer vers l’ulcération. Le manque d’irrigation provoque de la sécheresse cutanée, des fissures cutanées,  des ongles dystrophiques, de l’hyperkératose. Il peut s’ensuivre une infection sévère avec lymphangite étendue et zones nécrotiques. Cela peut mettre en danger le membre atteint (nécessité d’amputation) et même la vie du patient s’il y a un état septique. Les troubles trophiques des pieds sont fréquents et relèvent de soins spécifiques (par exemple en diabétologie, au centre de prise en charge du pied diabétique).
  • La gastroparésie diabétique (paresse de l’estomac) est une complication chronique du diabète. Il s’agit d’une atteinte de la régulation neuro-végétative de l’estomac liée à l’exposition à une hyperglycémie chronique prolongée (en moyenne 10 ans)[10]. Cette affection peut être source de dangereuses hypoglycémies surtout chez les diabétiques insulinodépendants.

 

     La prévention des complications du diabète nécessite un bon contrôle de l'équilibre glycémique et de la pression artérielle, une hygiène de vie adaptée (augmentation de l’activité physique), et surtout un changement radical du mode alimentaire (pauvre en mauvais glucides, suffisamment riche en bonnes graisses et en protéines de toute origine : lire les articles précédents). En tenant compte de ces directives, certains symptômes et complications peuvent disparaître.

 

 

     Ce qu’il faut retenir :

 

  • Le diagnostic précoce du diabète est primordial afin d’éviter ou de reporter ses complications, voire même de les inverser.
  • Les premiers symptômes peuvent être très divers et disparates. Ils diffèrent individuellement.
  • Les symptômes du diabète de type 1 et de type 2 diffèrent quant à leur gravité et leur mode d’apparition.
  • Les symptômes communs du type 1 et du type 2 sont les 3 polys : polyurie, polydipsie, polyphagie, mais leurs modalités sont différentes.
  • Une pléiade de petits signes peuvent faire suspecter un diabète. Au patient et/ou au médecin de faire faire les examens de dépistage appropriés dès le moindre doute.
  • Le diabète de type 2 est une cause majeure d’hypertension artérielle, d’atteinte cardiaque, d’insuffisance rénale, de cécité et de troubles de l’érection.

 

 

Tableau récapitulatif des caractéristiques du diabète type 1 et type 2 [11]:

 

 

Type 1 ou diabète insulinodépendant (DIDD)

Type 2 ou diabète non insulinodépendant (DNIDD)

Prévalence (en % de tous les diabétiques T1 et T2)

10%

90%

Âge du début

Souvent moins de 30 ans

Souvent plus de 30 ans

Poids initial

Sujet non obèse

Sujet souvent obèse

Mode de début

Souvent brutal

Insidieux

Polyurie et soif

Marquées

Peu marquées

Polyphagie et changement de poids

Polyphagie + amaigrissement

Polyphagie légère ou forte avec prise de poids (excepté dans un stade avancé)

Acidocétose (sans traitement)

Habituelle

Absente

Complications vasculaires

Surtout microangiopathie (lésions des petits vaisseaux)

Surtout macroangiopathie (lésions des gros vaisseaux, athérosclérose)

Sécrétion d’insuline endogène

Très diminuée ou absente

Présente ou peu diminuée au début (absence de phase 1)

Insulinodépendance

Oui

Non, excepté au stade avancé

Taux plasmatique d’insuline

Très bas ou nul

Souvent assez haut au début, mais change d’aspect après

Insulinorécepteurs

Rarement affectés

Souvent affectés (insulinorésistance)

Risque pour un enfant

  • de père diabétique
  • de mère diabétique

 

6%

1 à 2 %

 

 

20 à 50%

20 à 50 %

 

(A suivre)

 

Luc Vangermeersch, 7 juin 2014

 

 

 

Bibliographie :

 

(La consultation des sites web référés pour cet article, eut lieu en mai 2014)

 

 

 

[1] Fattorusso V, Ritter O : « Vademecum clinique, du diagnostic au traitement », Éd. Masson 2001, p. 1178.

[2] http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=diabete-type1-pm-symptomes-du-diabete-de-type-1

[3] http://www.medicinenet.com/type_1_diabetes_pictures_slideshow/article.htm

[4] http://www.jle.com/e-docs/00/00/C4/73/article.phtml

[5] http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=diabete-type2-pm-symptomes-du-diabete-de-type-2

[6] http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fimages.mypharma.be%2FUserFiles%2FUploads%2FDossiers%2Fappelpeer.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.pharmacieloise.be%2Ffr%2Fdefault%2F1006433%2FSant%25C3%25A9%2520A-Z%2FDossiers%2FSurpoids%2520et%2520ob%25C3%25A9sit%25C3%25A9.aspx&h=322&w=411&tbnid=KYbdnA-2DXL33M%3A&zoom=1&docid=TQqsThL9d8aFfM&ei=UCpyU8jkL4Hb0QXVlIHABA&tbm=isch&client=firefox-a&iact=rc&uact=3&dur=547&page=1&start=0&ndsp=8&ved=0CGEQrQMwAg

[7] http://www.chups.jussieu.fr/polys/endocrino/poly/POLY.Chp.24.2.html

[8] http://www.docvadis.fr/thierry-amzallag/page/les_pathologies/op_ration_de_la_cataracte/cataracte_et_diabete.html

[9] http://www.aidonslesnotres.fr/les-symptomes-et-les-pathologies/article?urlTitle=le-diabete-du-sujet-age&gclid=CNm7_ar8qL4CFYjjwgodygQAsA

[10] http://www.soc-nephrologie.org/PDF/epart/industries/gambro/2012/10-fontaine.pdf

[11] Fattorusso V, Ritter O : « Vademecum clinique, du diagnostic au traitement », Éd. Masson 2001, p. 1179.

Les premiers symptômes du diabète en PDF (version Word)

Vaincre le diabète T2 : Les premiers symptômes du diabète
Partager cet article
Repost0

commentaires