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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 15:40

 

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J’ai le diabète: le choc psycho-émotionnel

 

 

« Tranquillement installé sur ton piédestal, tu tombes de haut, tu redeviens le plus commun des mortels. Guérisseur, tu t’es malgré tout laissé piéger par la maladie. Sois humble, mais ne te laisse pas envahir par ton diabète. Ne t’apitoye pas sur ton sort. Prends tes armes et bats-toi jusqu’à ce que victoire s’ensuive… »

 

À moins qu'il soit fou ou ignare, tout patient qui apprend qu'il a le diabète subit un choc psychologique et émotionnel d’envergure. La plupart des concernés savent déjà plus ou moins ce que ce diagnostic implique. Mais une fois dûment informés ― encore faut-il qu'on le leur annonce correctement (nous en reparlerons dans un autre article) ― la plupart de ces nouveaux diabétiques ont besoin d’un certain temps pour « digérer » le problème.

 

Tout dépend évidemment du caractère optimiste ou pessimiste du malade. L’optimiste réagira apparemment bien, tendra à minimiser la gravité, se disant qu'il existe de bons traitements contre le diabète (et c’est vrai), et qu’il mourra probablement d’autre chose, ce qui est d’ailleurs fort possible. C’est bien de rester serein, pourtant cette attitude pourrait être dangereuse en ce sens que l’optimiste invétéré risque aussi de se soigner moins bien en négligeant son traitement.

 

Le pessimiste quant à lui en fera un véritable drame: il y aura « l’avant » et « l’après » diabète, sa vie ne sera plus jamais la même et il sombrera dans le désespoir. Ceci est tout aussi mauvais, car en plus du diabète, il devra faire soigner sa dépression. Voilà encore un traitement dont le succès n’est pas assuré d’avance.

 

Mieux vaut être réaliste et se dire qu'en faisant de son mieux, en suivant minutieusement les directives, il aura de sérieuses chances de repousser à plus tard les complications, voire d’y échapper. Mais il devra se faire une raison d’admettre l’entrée dans sa vie de ce diabète qu'il devra garder sous surveillance pour le restant de ses jours.

 

Logo International Diabetes Federation 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quoi qu'il en soit, le nouveau patient diabétique doit assumer, accepter une fois pour toutes son diagnostic. Quand ce patient est de surcroît médecin, sa réaction peut être encore différente de celle du commun des mortels. Car il sait, il connaît d’emblée les vraies conséquences que pourra avoir le diabète sur sa vie future. Médecin depuis 1970, ayant bien-sûr suivi et traité de nombreux patients diabétiques dans ma pratique de généraliste, voici en quelques lignes ce qui m’est arrivé le 5 février 1997 :

« Je suis carrément tombé du haut de mon piédestal, car comme médecin, on se croit intouchable, la maladie, c’est pour les autres… ». Mais voilà, ce jour-là les résultats des analyses que j’avais demandées et qui tombaient sur mon bureau étaient irréfutables: glycémie à jeun 130 mg/dL [7,2 mmol/L]. Au-delà de 126 mg/dL [7,0 mmol/L], le diabète est probable. Présence de glycosurie 147 mg/dL (normalement < 30), ce qui signifie du sucre dans les urines et, normalement, il ne peut pas y en avoir. Incrédule, je téléphonai au labo pour avoir plus de précisions, car la valeur de l’hémoglobine glyquée (HgbA1c) était encore largement en deçà du seuil requis pour qu’il y ait diabète (le seuil à ne pas dépasser étant de 6,5 à 7% ou 48 à 53 mmol/mol). Très aimable, le médecin-chef du labo me suggéra de faire le test d’hyperglycémie provoquée par voie orale, ce que je fis immédiatement. Le résultat fut pour moi une catastrophe, l’anomalie était patente: une glycémie postprandiale jusqu’à 370 mg/dL [20,5 mmol/L] après 1 heure (valeur normale: de 80 à 160 mg/dL [4,4 à 8,9 mmol/L] pour le labo de l’époque), ce qui permettait d’entériner avec certitude un trouble de la glycorégulation. Le protocole accompagnant ce résultat était d’ailleurs implacable : courbe diabétique ! Des valeurs obtenues ne laissaient planer aucun doute.

 

L'étang à WeldenUne bonne promenade dans
la nature permet souvent de
recouvrer un meilleur moral
lors des moments difficiles..  →   

       

                                                                                                       

     En apprenant cela, mon moral tomba à zéro, ce fut ressenti comme un coup de massue me tombant sur la tête, un monde s’effondrait, car je savais que ma vie ne serait plus jamais comme avant. Je savais… Depuis ma dernière année de médecine, en tant que stagiaire interne des hôpitaux, et après comme médecin traitant, j’ai eu l’occasion de côtoyer de nombreux cas, malades du diabète de type 2. Car c’est bien de cela qu’il s’agissait. Je connaissais donc très bien les caractéristiques et la pathologie liées à cette maladie, son évolution lente mais progressive, amenant irrémédiablement à des complications des plus sérieuses, s’aggravant toujours plus au fur et à mesure que le temps passe, et raccourcissant l’espérance de vie de plusieurs années en moyenne. C’est ce que disait la science à cette époque. Fallait-il accepter cela ?

 

            Au début, je ne l’acceptais pas. Je n’admis pas d’être atteint à mon tour, comme n’importe quel autre patient. Comment m’étais-je laissé piéger ? Pourtant, je savais ! Le médecin en moi refusa d’accepter ce diagnostic! Je mis des mois, peut-être plus d’un an avant de me résigner à l’admettre. Pourtant, il fallut bien que je le fis, mais cela m’a couté beaucoup d’efforts.

  

            Et puis, je me posai des tas de questions : qu’avais-je donc fait de mal, était-ce moi le coupable de ce nouvel état ? Depuis combien de temps la maladie évoluait-elle ? L’avais-je héritée de mes parents ? Avais-je commis des erreurs dans ma façon de vivre, ma façon de me nourrir ? Bref, quelle était chez moi la cause réelle de ce que, du jour au lendemain, je me retrouvai diabétique ? Et puis, que faire ? Quelle attitude adopter ? Se laisser aller ou, au contraire, se battre activement pour essayer d’éradiquer cette dangereuse maladie ?

 

            Très vite, j’eus fait mon choix : j’allais trouver les réponses à toutes ces questions, j’allais tenter de définir les causes de ma maladie, d’en parfaire le diagnostic, d’arrêter de me culpabiliser, d’en faire une obsession, et ensuite de mettre en œuvre tout ce que j’avais encore dans le ventre pour me traiter le mieux possible… Et nous verrons que l’avenir me portera chance. Je me propose de discuter de tout cela par la suite.

 

            Luc Vangermeersch, mercredi 15 mai 2013

 

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commentaires

L
je suis à la recherche du Pourquoi un "Diabète émotif" du à un autre choc trés violent et suite à un comas en 2007 pas de séquelle le diabète s'annonce petit en 2008, soigné en 2010 il ne fait que s’aggraver...Les psy ne trouvent pas le moyen de m'aider et à la moindre émotions, positive ou négative soir je grimpe soit je descends en flèche... Je cherche des réponses, des solutions... SOS Aidez moi... je suis à trés peu de tout arrêter les traitement et insulines. Merci*
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L
Pour vous aider, j'aurais besoin de plus de données cliniques, telles que l'âge du diagnostic du diabète, type 1 ou type 2, votre poids et taille, vos habitudes alimentaires, votre traitement complet, les doses d'insuline, votre dernière glycémie et l'HbA1c...<br /> N'arrêtez surtout pas votre traitement, ce serait la pire des choses à faire !<br /> Veuillez dire quelques mots aussi sur votre état psychologique. Ne perdez pas courage, vous n'êtes probablement que mal réglée...<br /> <br /> Luc Vangermeersch.